10 septembre 2024

Comment des États tentent de contrôler la météo

Depuis des décennies, des pays tentent de manipuler les événements météorologiques, avec des techniques dont la plus répandue est l'ensemencement des nuages, mais qui peuvent avoir des impacts inattendus et négatifs.

La géo-ingénierie consiste en des modifications artificielles du climat, des manipulations à grande échelle des systèmes naturels terrestres, dont les techniques restent pour la plupart au stade de projet, bien qu'elles soient de plus en plus envisagées comme stratégies contre le réchauffement climatique. À "petite échelle", le contrôle des conditions météorologiques est déjà mis en œuvre depuis plusieurs années, sans que les États qui s'y essaient obtiennent toujours les résultats escomptés.

La technique répandue de l'ensemencement

Comme le relève l'Organisation météorologique mondiale, la méthode la plus couramment utilisée est celle de l’ensemencement des nuages. "Elle vise à altérer la quantité ou le type de pluie produite par les nuages. Pour ce faire, on envoie dans les nuages, à partir d’avions ou du sol, des substances telles que de l’iodure d’argent, de la glace sèche ou même du sel", explique l'organisation.

De nombreux pays utilisent cette technique de l'ensemencement. Après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, la Russie a utilisé des obus d'artillerie remplis d'iodure d'argent pour créer des nuages ​​​​de pluie qui "élimineraient" les particules radioactives dérivant vers les villes densément peuplées. À l'aide d'avions ou depuis le sol, les russes ensemencent les nuages depuis l'époque soviétique, avant les célébrations ou les vacances, comme le raconte la BBC.

En France, l'ensemencement par iodure d'argent est pratiqué dans plusieurs régions pour réduire les dégâts par la grêle. "Le principe est d'inonder une zone de milliards de particules pour limiter la formation des grêlons, qui sont alors moins nombreux et beaucoup plus petits", expliquait au Midi Libre un vigneron du sud de la Bourgogne où était menée une de ces opérations en 2014. La Thaïlande est quant à elle munie de ses "faiseurs de pluie" royaux qui répandent chaque année un cocktail de chlorure de sodium et de neige carbonique pour provoquer des précipitations face aux sécheresses, explique l'AFP.

Des pluies artificielles sur les Émirats provoquent inondations

Les Émirats arabes unis ont eux décidé d'investir dans une autre méthode pour provoquer artificiellement des précipitations, en collaboration avec l'université britannique de Reading. En juillet, des drones ont libéré des décharges électriques dans les nuages. Faisant le lien avec ces opérations, le Centre national de météorologie des Émirats arabes unis a partagé des images d'averses à Dubaï et dans d'autres régions, sur les réseaux sociaux.

Le Centre national de météorologie a également posté des vidéos en 3D qui modélisent les tempêtes provoquées.

Mais jouer les apprentis sorciers avec la météo n'est pas sans risque, d'autant que les infrastructures et les habitants des Émirats ne sont pas préparés à de telles quantités de pluies, dont la technologie ne peut d'ailleurs pas prévoir l'intensité. Le centre météorologique a dû déclencher une alerte pour des fortes pluies sur l'est. Il a d'ailleurs publié la vidéo d'une inondation qui a submergé une route de l'émirat Ras el Khaïmah.

La Chine veut faire la pluie et le beau temps

Depuis les années 1960, la Chine mène elle aussi des recherches et des expérimentations pour manipuler les conditions météorologiques. Ce fut, semble-t-il, un succès en 2008, puisque le département de modification du climat au sein du Bureau météorologique de la ville de Pékin s'était vanté d'avoir dispersé, à l'aide de lance-roquettes et d'avions, des particules d'iodure d'argent et d'azote liquide dans le ciel afin qu'il pleuve avant la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques et les épreuves sportives en extérieur. Comme ils l'espéraient, c'est sous un beau ciel bleu que s'est déroulée la compétition.

Mais l'année suivante, l'expérience à mal tourné, lorsqu'il s'est mis à neiger sur Pékin et les provinces avoisinantes, après l'envoie de fusées contenant de l'iodure d'argent dans les nuages. Des chutes de neige précoces qui ont surpris les habitants, provoquant des accidents de la circulation et clouant au sol de nombreux avions. Cet incident n'a pas empêché la Chine de poursuivre ses expérimentations, afin de s'octroyer du beau temps pour des événements officiels, tels que le sommet du G20 à Hangzhou en 2016, ou tenter de contrer les sécheresses ou les chutes de grêle. 

Selon l’agence de presse officielle Xinhua, le pays a investi entre 2012 et 2017 plus de 1,34 milliard de dollars pour divers programmes de modification du temps, qui ont permis la chute de 233,5 milliards de mètres cubes de pluie supplémentaires. En décembre 2020, la Chine a annoncé son intention d'étendre son programme expérimental de modification de la météo pour couvrir 5,5 millions de kilomètres carrés, d'ici à 2025. 

Pendant la Guerre du Vietnam, un usage militaire par les États-Unis

Cette volonté d'étendre son contrôle sur le climat, la puissance chinoise la partage avec d'autres pays, comme les États-Unis. Washington mène plusieurs projets de “pluies artificielles” sur son territoire, dont le plus avancé a été utilisé dans le Wyoming pour provoquer des chutes de neige. 

Par le passé, le pays a aussi été épinglé pour son usage militaire de telles techniques. Dans le cadre de l'opération "Popeye", au Vietnam, entre 1967 et 1972, des avions américains ont ensemencé les nuages au-dessus des positions ennemies avec des particules d'iodure d'argent, afin d'intensifier la mousson pour rendre les routes impraticables, et ainsi, ralentir la progression des troupes et du ravitaillement.

Le recours par les États-Unis à la modification des conditions météorologiques à des fins hostiles durant la guerre du Vietnam a mené à l’adoption, en 1976, de la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (Convention ENMOD), ratifiée par 77 États. 

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