08 juin 2024

Quels sont les problèmes causés par l’AdBlue® sur votre véhicule ?

Inodore, incolore, biodégradable, non toxique, non explosif et ininflammable : la liste des propriétés qui définissent l’AdBlue® est longue. Mais la réputation de ce produit est entachée par des problèmes techniques récurrents... RTA vous les présente, ainsi que les solutions pour les résoudre, afin de rouler en toute sérénité !

Qu’est-ce que l’AdBlue® ?

Vous êtes propriétaire d’un véhicule diesel du groupe PSA de moins de 10 ans ou Renault de moins de 6 ans ? L’AdBlue® vous est forcément familier. Cette solution aqueuse porte le nom officiel de AUS 32. AdBlue® est son nom commercial. Il s’agit d’un produit indispensable pour respecter les normes fixées par l’Union européenne (Euro 6).

Composé à 67,5 % d’eau déminéralisée et 32,5 % d’urée (un composant synthétique à base d’ammoniac), l’AdBlue® sert à transformer 80 à 90 % des oxydes d'azote (appelés NOx) présents dans le système d’échappement en vapeur d'eau et d’azote inoffensifs.

Sur le papier, cette solution aqueuse a tout pour plaire : elle dépollue et ne représente aucun danger pour le conducteur et ses passagers. Mais pose pourtant un certain nombre de problèmes…

Comment fonctionne l’AdBlue® ?

Pour expliquer le fonctionnement de l’AdBlue® étape par étape, il faut d’abord revenir sur la technologie SCR présente sur les véhicules diesel depuis une dizaine d’années. 

Bon à savoir : Si votre véhicule est doté d’un filtre à particule à technologie SCR (selective catalytic reduction, ou réduction sélective catalytique en français), il est aussi équipé d’un réservoir AdBlue®.  Seuls les véhicules équipés d'un piège à NOx (ou NOx trap, en anglais) n'utilisent pas d'Adblue (exemple : Renault jusqu'en 2018).

La pollution, un problème récurrent sur les véhicules diesel

Après la combustion du carburant, un moteur diesel libère des gaz d’échappement remplis d’oxyde d’azote, issus de la réaction chimique entre l’oxygène et l’azote. Ce polluant, particulièrement toxique, participe fortement à la pollution de l’atmosphère. Un véritable enjeu de santé publique auquel les constructeurs apportent une réponse avec le dispositif SCR.

La technologie SCR comme système de dépollution

En convertissant l’oxyde d’azote en eau via un catalyseur, la SCR offre une solution à ce problème environnemental. Aujourd’hui, c’est l’une des technologies les plus utilisées pour répondre aux normes antipollution (Euro 6), qui forcent les industriels à respecter des règles de plus en plus strictes. Elle requiert l’ajout d’un réservoir pour diffuser de l’AdBlue® dans le système. Voici comment cela fonctionne.

Le réservoir, point de départ du processus

Naturellement corrosif, l’AdBlue® se stocke dans un réservoir spécifique de 10 à 20 litres, en plastique ou en acier inoxydable, identifiable par son bouchon bleu sur la trappe. Il se trouve soit :

  • à côté du réservoir de carburant ;
  • sous le capot moteur ;
  • dans le coffre.

L’injection, la phase de transformation

Lors de la décélération, le mélange d’urée et d’eau (CO(NH2)2 + H2O) est injecté sous forme de brouillard (pour s’échauffer plus facilement) depuis son réservoir vers la ligne d’échappement, en amont du pot catalytique. Il atteindra alors une température d’environ 190°C, ce qui aura pour effet de :

  1. décomposer l’urée en ammoniac (NH₃) et en acide isocyanique (HNCO) ;
  2. vaporiser l’eau déminéralisée qui, au contact de l’acide isocyanique, va former du dioxyde de carbone (CO2) et de l’ammoniac.

En d’autres termes, l’AdBlue® passe de l’état liquide à gazeux pour nettoyer les vapeurs d’échappement de votre véhicule.

La catalyse, l’étape de nettoyage

L’ultime étape se déroule dans le pot catalytique, doté de la technologie SCR.

Une nouvelle réaction chimique se produit entre l’ammoniac et les différents oxydes d’azote (NOx) issus de la combustion. C’est ce qui s’appelle la réduction catalytique sélective (SCR).

Résultat : les oxydes d’azote (NOx), très polluants, se décomposent en vapeur d’eau (H2O) et en azote (N2), deux molécules totalement inoffensives pour l’environnement et surtout sans oxydes (les éléments les plus polluants).

AdBlue® : à chaque problème sa solution

Depuis 2019, tout véhicule diesel commercialisé doit être équipé d’un réservoir AdBlue®. Si le résultat de cette réaction chimique a un impact écologique positif sur les gaz d’échappement du véhicule, elle provoque toutefois un certain nombre de problèmes. Tour d’horizon.

La cristallisation, problème majeur de l’AdBlue®

Problème : L’AdBlue® se montre très sensible à la température ambiante. Un froid vif avec un mercure sous les 11°C ou une vague de chaleur au-delà des 30°C peut dégrader le produit et entraîner la formation de cristaux. De la même manière, pour décomposer l’urée et vaporiser l’eau déminéralisée qu’il contient, l’AdBlue® doit atteindre une température de 190°C. Or, si les gaz d’échappement ne lui permettent pas de dépasser ce seuil, un phénomène de cristallisation risque aussi de survenir.

Ces cristaux peuvent, à terme, endommager le réservoir, le système SCR et le tuyau d'entrée du filtre à particules. En effet, la cristallisation entraîne une déformation du réservoir, crée des bouchons, bloque la sonde de niveau, etc. En résumé, c’est tout le véhicule qui en pâtit !

Solution : Les constructeurs ont pris conscience du problème et ajoutent des systèmes de conditionnement plus performants pour respecter les seuils de température. Si votre véhicule n’en dispose pas, la meilleure solution reste l’utilisation de produits additifs (curatifs ou préventifs) anti-cristallisant dans le réservoir AdBlue®.

Une déformation du réservoir

Problème : Conséquence directe de la cristallisation de l’AdBlue®, le réservoir (conçu dans un matériau spécial anticorrosif) se déforme. Petit à petit, le réservoir et le bouchon se désaxent, rendant le remplissage compliqué et, à terme, impossible. Pire encore, une fuite se produit.

Solution : Sans réservoir fonctionnel, impossible d’utiliser de l’AdBlue®. Seule solution viable : changer le réservoir (et la pompe si elle est indissociable du réservoir). Le coût de l’opération débute à 1 000 € et peut monter jusqu’à 1 500 €. Si vous avez un moteur 1.6 et 2.0 Blue HDI, il peut se trouver sous garantie. Sinon, rapprochez-vous de votre concessionnaire pour connaître le montant exact de la réparation.

Des témoins qui s’alarment

Problème : Si le dispositif rencontre un problème sur votre véhicule, un voyant dédié s’allumera sur le tableau de bord. Celui-ci peut ressembler soit à :

  • une petite pompe à essence bleue avec « AdBlue®» intégré au logo ;
  • un voyant « UREA » ;
  • une pompe à essence noire puis rouge.

Il s’agit d’un témoin de vigilance. Il faut donc identifier et solutionner la cause pour que le voyant s’éteigne.

Solution : La plupart du temps, un simple remplissage du réservoir AdBlue® suffit. Si le problème persiste, une mise à jour du calculateur peut être nécessaire.

Le capteur qui se bloque

Problème : Le capteur est indispensable pour connaître le niveau d’AdBlue® dans le réservoir. Ce capteur peut se retrouver bloqué ou sali par la cristallisation, entraînant une perte des performances moteur mais aussi une augmentation des polluants.

Solution : Dans le meilleur des cas, seul le capteur doit être nettoyé, voire remplacé. Sinon, c’est tout le système AdBlue® qui doit être changé, avant que les problèmes n’atteignent le catalyseur SCR.

Des problèmes de pression

Problème : La cristallisation peut, à terme, entraîner de graves problèmes de pression au niveau des différents éléments traversés par l’AdBlue®. C’est le cas notamment du capteur mais aussi de la pompe. 

Solution : Dans cette situation, la meilleure solution reste souvent de changer complètement de réservoir…

En résumé, l’AdBlue® est une solution aqueuse qui dépollue l’oxyde d’azote produit par la combustion des véhicules diesel dotés de filtres à particules à technologie SCR. Le problème majeur de ce produit bleu vendu en station-service ? La cristallisation. Pour l’éviter, l’utilisation de produits additifs anti cristallisant dans le réservoir AdBlue® est souvent conseillée. Mais si les dégâts sont trop importants, il faudra parfois changer complètement le réservoir et son système.

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