06 juin 2024

Le désordre et la nuit


Un texte plein d’énigmes et de questions sans réponses, rapidement exprimées, concernant une décision d’une terrible importance dont personne ne sait exactement ce qu’elle implique. Sauf les Russes, peut-être ? Avec un texte d’Andrea Marcigliano.

C’est court et bref mais fort bien troussé pour vous faire sentir le désordre extraordinaire de la situation et la nuit profonde où se trouvent plongés nos pensées, à nous, à nous tous, soi-disant citoyens du monde américaniste-occidentaliste dont la mission est d’éclairer le monde de notre sagesse et de notre vertu. Mesure-t-on l’abîme où sont tombées nos activités et nos pensées avec ce conflit qui est presqu’entièrement (dirait-on 95%, calculette en main ?) de notre faute ?... Qui est plus qu’entièrement l’enfant de notre arrogance et de notre narcissisme moderniste, le fils de nos mensonges sans fin et de notre goût du spectacle au-dessus de tout, écrasant de son mépris les prétentions de la réalité à exister ? Jamais une guerre aussi cruelle n’aura été aussi utile pour enfin nous forcer à regarder notre mine sordide et chafouine, défaite d’hypocrisie, immonde à force de déni de la vérité du monde, – notre mine dans le miroir ricanant du destin du monde.

Le désordre est celui qui entoure la décision d’autoriser ou non les Ukrainiens à utiliser les armes à longue portée que divers pays occidentaux ont livrées à l’Ukraine. Au départ, il s’agit d’une soi-disant décision américaniste qui a été donnée et, à l’arrivée, il semble que personne ne sache vraiment quelle est cette décision, ni et surtout pas les américanistes eux-mêmes. Les Européens sont-ils prêts à suivre les USA ? Peut-être, peut-être pas, lorsqu’on saura exactement quelle est cette décision, puisqu’il apparaît qu’à Washington également, on ne sait pas exactement, avec ceux qui veulent intensément un accord pour des tirs le plus loin possible en Russie, qui mettent la Russie à genoux, et ceux qui ne veulent pas en en entendre parler dans de telles conditions si “libérales” parce qu’ils se souviennent vaguement que la Russie a des armes terribles.

A ce désordre extraordinaire par rapport à l’importance de la décision et de ses conséquences, répond comme un écho silencieux et glacé la nuit profonde dans laquelle sont plongés nos esprits. Qui peut dire, et pourquoi, et comment il faut envisager cela ? Qui peut dire qu’il a envisagé les réactions des Russes et leurs conséquences ?  Qui peut dire à quoi tout cela sert-il et dans quels buts ces choses sont envisagées ? Qui peut nous indiquer où mène cette route que personne ne connaît et qui semble n’aller nulle part sinon en enfer ? Qu’importe se disent-ils tout bas puisqu’elle est “sans retour”... Le silence de la  nuit pour toute réponse, la nuit de nos esprits emprisonnés dans une nuit sans fin.

(Un texte de Andrea Marcigliano, originalement à ‘electromagazine.it’, en traduction française à ‘eurpo-synergie.hautefirt.com’.)

dde.org

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Une route sans retour

On aurait dit l'intempérance verbale du seul Stoltenberg. Cela confirme presque le dicton « nomen est omen ». Une montagne de... eh bien, disons de bêtises, d'idioties, d'insanités....

Puis Borrell s'est ajouté. Le personnage le plus inutile et le plus insignifiant de la scène européenne. Le bureaucrate qui prétend être le ministre des affaires étrangères de l'Union. Voilà qui est déjà drôle...

Mais voilà que Scholz et Macron entrent en scène, à leur tour. Et ça commence à devenir très sérieux. Car, bien sûr, ils ont été précédés par l'intempérance d'autres membres de l'OTAN. Les habituels Baltes - qui, compte tenu de leurs atouts, devraient compter comme les deux de carreau quand l'atout est au trèfle... La Finlande, avec le zèle intempestif des néophytes. Et la Pologne, dont tout le monde dit qu'elle est une remarquable puissance militaire. Mais c'est aussi ce qu'on disait en 1939. En effet, le gouvernement de Varsovie était convaincu qu'il arriverait à Berlin avec ses troupes en une petite semaine. Tout le monde sait ce qu'il en est advenu... les Polonais devraient s'en souvenir aussi.

Mais si l'Allemagne et la France entrent en scène, le jeu devient lourd. Et très risqué. Scholtz est peut-être in chancelier fantôme, le plus ennuyeux de l'histoire allemande. Et Macron est une imitation de Napoléon faite par Louis de Funès... le Totò transalpin. Mais si Paris et Berlin soutiennent eux aussi la position consistant à permettre aux Ukrainiens d'utiliser des missiles à longue portée fournis par les alliés occidentaux contre la Russie, pour frapper même Moscou et Saint-Pétersbourg... eh bien, les choses deviennent vraiment scabreuses.

La position britannique, bien sûr, est la même depuis un certain temps déjà. Et les seuls qui semblent s'y opposer - à part la Hongrie, la Slovaquie et probablement d'autres pays des Balkans trop exposés à l'inévitable réaction russe - sont les Italiens et les Espagnols. Mais il s'agit d'une opposition faible. Qui semble attendre les décisions de Washington.

Oui, parce que Washington freine. Ou plutôt, c'est le Pentagone qui freine. Les militaires réalisent mieux que d'autres les risques inhérents à une telle escalade de la guerre. Notamment parce que ce serait alors à leur tour de se battre.

La décision, en revanche, est politique. Et au sein de l'administration Biden, jusqu'ici prudemment opposée, les partisans de cette escalade l'emportent.

Car les élections approchent. Et ils estiment que le président sortant ne pourra pas arriver à quoi que ce soit avec, en arrière-plan, l'échec en Ukraine sur les épaules.

Un calcul à courte vue. Car un tel déploiement d'armes occidentales ne serait guère en mesure d'inverser le destin désormais clairement tracé du conflit.

Au contraire, il provoquerait une réaction du Kremlin. Et Poutine a déjà fait savoir que, dans une telle éventualité, non seulement l'Ukraine disparaîtrait de la carte, mais aussi de nombreux autres pays européens qui devraient payer un très lourd tribut.

Un prix que nous ne sommes ni prêts ni disposés à payer réellement. Car les jeux de guerre de Stoltenberg, Borrell et consorts sont une chose. C'en est une autre que d'être frappé par la fureur, probablement même nucléaire, de l'ours russe.

Andrea Marcigliano

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