13 mai 2024

Ukraine. La “zone sanitaire” à la frontière nord avec la Russie



Dans le Daily Report d’aujourd’hui, le ministère russe de la Défense a confirmé les informations ukrainiennes selon lesquelles il avait lancé une attaque depuis la Russie dans la région de Kharkiv, dans le nord-est de l’Ukraine.

Grâce aux opérations offensives, les unités du groupe de forces Sever ont libéré Borisovka, Ogurtsovo, Pletenevka, Pylnaya et Strelechya (région de Kharkov).

Les troupes russes ont vaincu les effectifs et le matériel des 23e et 43e brigades mécanisées, des 120e et 125e brigades des FAU et de la 15e force de protection de la frontière près de Volchansk, Vesyoloye, Glubokoye, Neskuchnoye et Krasnoye (région de Kharkov).

Les pertes ennemies s’élèvent à 170 soldats, trois véhicules blindés de combat et quatre véhicules à moteur.

Si les chiffres du rapport quotidien sont corrects, les pertes ukrainiennes d’hier atteignent 1620 morts et/ou blessés graves, 21 véhicules de combat à chenilles et chars, 30 camions, 47 (!) pièces d’artillerie de différents types, 4 systèmes de défense aérienne coûteux et 6 dépôts de munitions de campagne. 35 soldats ukrainiens ont été faits prisonniers.

Ces pertes représentent environ le double des chiffres habituels.

L’ouverture d’un nouveau front vers la région de Kharkiv pourrait avoir un ou plusieurs des trois objectifs suivants.

  1. Encadrer et éventuellement prendre la ville de Kharkiv, la deuxième plus grande ville d’Ukraine.
  2. Créer une zone tampon le long de la frontière pour empêcher les attaques ukrainiennes sur le territoire russe.
  3. Détourner les réserves ukrainiennes et les empêcher de rejoindre les combats qui s’intensifient dans la région du Donbass.

Point 1 : Kharkiv compte plus d’un million d’habitants. Pour l’encercler et éventuellement la prendre, il faudrait une force de plus de 100.000 soldats. Aucune observation ni aucun rapport ne fait état de forces russes de cette taille à proximité de la région.

Point 2 : Beaucoup de choses plaident en faveur de cette intention. Le 18 mars, à la suite de plusieurs attaques de l’Ukraine en direction de Belgorod, le président Poutine a annoncé qu’une zone tampon serait éventuellement nécessaire :

« Nous serons obligés à un moment donné, lorsque nous le jugerons nécessaire, de créer une certaine “zone sanitaire” sur les territoires contrôlés par le (gouvernement ukrainien) », a déclaré Poutine dimanche dernier.

Cette “zone de sécurité“, a ajouté Poutine, “serait assez difficile à pénétrer à l’aide des moyens de frappe fabriqués à l’étranger dont dispose l’ennemi“.

Point 3 : Détourner les forces ennemies de l’axe principal est toujours un avantage lorsque des combats intenses se déroulent. En cela, l’opération vers Kharkiv a déjà été couronnée de succès. Les Ukrainiens ont donné l’ordre à leurs réservistes d’entrer dans la région de Kharkiv. Dans son discours d’hier soir, le président ukrainien Zelenski a déclaré : “Nous ajoutons des troupes aux fronts de Kharkiv. Tant le long de notre frontière nationale que sur l’ensemble de la ligne de front, nous détruirons invariablement les envahisseurs afin de contrecarrer toute intention offensive de la part des Russes.”

L’offensive de Kharkiv semble donc destinée à créer une zone tampon, d’une profondeur d’environ 10 kilomètres, sur le territoire ukrainien le long de la frontière septentrionale avec la Russie. Le fait qu’elle détourne les forces ukrainiennes d’autres zones et qu’elle les positionne sur un terrain essentiellement dégagé en vue de leur destruction éventuelle n’est qu’un effet secondaire bienvenu.

Je crois comprendre que toute nouvelle libération de grandes villes en Ukraine devra attendre que la majorité des forces ukrainiennes soit totalement détruite ou vaincue et incapable de résister à de nouveaux assauts.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone

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