29 mai 2024

La Californie, cinquième État nord-américain à autoriser le "compost humain" après la mort

En septembre, le gouverneur démocrate de Californie a signé une loi autorisant le "compost humain" après la mort. Après la décomposition, le corps devient de la terre cultivable. Washington, l’Oregon, le Colorado et le Vermont, avaient déjà validé cette alternative à la crémation ou à l’enterrement.

Le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom a signé en septembre dernier une loi autorisant le "compost humain" après la mort. Loi qui n’entrera en vigueur que dans cinq ans. Dans le sillage de quatre États déjà précurseurs : Washington, l’Oregon, le Colorado et le Vermont. Cette méthode, que certains agriculteurs utilisent pour leur bétail, présente plusieurs avantages. Elle serait notamment moins néfaste pour l’environnement.

La "réduction organique naturelle"

Cristina Garcia représente le sud-est de Los Angeles, à l’Assemblée de Californie, le parlement local. C’est elle qui a porté la loi AB 351, légalisant le compost humain. Ce que le texte appelle la "réduction organique naturelle". Elle explique : "En Californie et aux Etats-Unis, nous n’aimons pas beaucoup parler de mortalité et de mort mais je m’occupe de mes parents et de mon oncle donc ce sont des conversations que je suis obligée d’avoir. Et la crémation ou l’embaumement et un corps dans un cercueil, ce ne sont pas des options qui me plaisaient".

Le processus consiste à installer le défunt dans un conteneur d’environ 2,50 m de long et un mètre de large. Il est rempli de produits organiques. Des copeaux de bois, de la paille ou encore de la luzerne. La nature fait ensuite son travail, précise Lynne Carpenter-Boggs, spécialiste de la science des sols à l’université de Washington State : "Sur le principe, il s’agit de créer un environnement pour une activité microbienne et une décomposition très rapide. Cette activité génère de la chaleur dans le conteneur. Et avec cette chaleur, on peut changer la communauté microbienne et éliminer les pathogènes".

Cérémonie de "réduction organique naturelle" dans la maison funéraire Recompose à Seattle, dans l'état de Washington, le 6 octobre 2022.

Gain d'espace et pour l'environnement

Après environ 60 jours, le corps devient de la terre. La famille peut l’utiliser pour faire pousser un arbre ou des plantes.

La méthode permet d’économiser de l’espace par rapport à un cimetière. Un avantage en ville. Elle coûte aussi moins cher. 5.000 dollars contre 8.000 pour un enterrement traditionnel.

Mais le principal enjeu est ailleurs. Aux États-Unis, les crémations émettent 360.000 tonnes métriques de CO2 par an. Cristina Garcia : "Cela contribue au réchauffement climatique mais c’est aussi mauvais pour la qualité de l’air. D’ailleurs, la Californie limite le nombre quotidien de crémations. Et quand on enterre quelqu’un, des produits chimiques finissent dans le sol à cause de l’embaumement et des matériaux du cercueil".

Une méthode déjà vantée via Tik Tok !

La loi n’entrera en vigueur qu’en 2027. Mais Micah Truman est déjà au travail : "La Californie, c’est le Graal ! Si la Californie était un pays, ce serait la cinquième économie du monde". Cet ancien financier reconverti dans l’industrie funéraire a lancé Return Home il y a un an et demi dans l’État de Washington, le premier à avoir légalisé ce que lui appelle la "Terramation". "Le compost humain, c’est un terme horrible et la formule réduction organique naturelle, personne ne s’en rappelle", estime-t-il. Avant la Californie, Return Home a déjà aidé une centaine de familles. Truman communique sur cette nouvelle façon de s’occuper des morts via... Tik Tok. 500 000 abonnés suivent son compte.

Micah Truman à Auburn le 14 mars 2022.

Les proches peuvent décider de garder les 115 kilos de terre produite ou d’en laisser une partie à Return Home. Mais ils prennent tout en général. Micah Truman ne s’attendait pas à certaines réactions : "Des familles ont commencé à venir dans nos locaux et elles ont commencé à nous demander si elles pouvaient s’asseoir aux côtés du défunt pendant qu’on le plaçait dans le conteneur pour lui dire au revoir…Et puis, elles ont demandé si elles pouvaient laisser des fleurs, un morceau de gâteau, un peu de whisky ou du vin…Et la réponse est : bien sûr… En fait, les gens avaient le temps de dire au revoir. Et même une fois qu’on avait entreposé le conteneur, les familles venaient tous les jours. Je ne l’aurais jamais cru mais c’est ce qu’elles faisaient."

Le "corps humain réduit à un produit jetable"

Tout le monde ne valide pas pour autant le procédé.

Dans un communiqué, la conférence catholique de Californie a dénoncé une méthode qui "réduit le corps humain à un produit jetable".

Cristina Garcia, elle-même catholique, relativise. Il ne s’agit que d’une option supplémentaire face à la mort.

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