On ajoutera un élément de plus dans l’estime que nous avons pour Tulsi Gabbard qui est d’avoir les mêmes références fondamentales, pour l’essentiel pour elle (et pour nous en bonne partie) qu’est le destin de l’Amérique. Dans son discours tonitruant à la CPAC (‘Conservatice Political Action Conference’, regroupant chaque année les conservateurs activistes, des populistes et libertariens jusqu’aux inconditionnels pro-Trump, – autour duquel actuellement tous se regroupent), – dans ce discours, donc, Gabbard a cité (vidéo,11’40”) une référence qui nous est chère, effectivement fondamentale, qui est celle du Lincoln de 1838. (Merci à l’ami qui nous a signalé la chose.) C’est le 15 avril 2008 que nous citâmes pour la première fois le jeune Abraham Lincoln :
« ...Effectivement, seul le désespoir de l’américaniste répond à ces constats qui prennent acte d’un malaise qui vient du fond de l’histoire américaine, d’un malaise qui était sans doute une partie de la substance de l’Amérique dès son origine. Assez curieusement, ou bien d’une façon absolument révélatrice au contraire, cette idée rejoint celle d’un discours célèbre de Lincoln, rappelé récemment par Greil Marcus dans son livre ‘L’Amérique et ses prophètes’. C’est le premier grand discours du jeune (29 ans) Abraham Lincoln en tant qu’homme public, alors qu’il vient d’être élu Représentant de l’Illinois, discours du début de 1838 à Springfield: “A quel moment, donc, faut-il s’attendre à voir surgir le danger [pour l’Amérique]? Je réponds que, s’il doit nous atteindre un jour, il devra surgir de nous-mêmes. [...] Si la destruction devait un jour nous atteindre, nous devrions en être nous-mêmes les premiers et les ultimes artisans. En tant que nation d’hommes libres, nous devons éternellement survivre, ou mourir en nous suicidant.” »
Ce que fait Gabbard avec cette citation, c’est de donner la mesure du drame crisique qui déchire aujourd’hui l’Amérique. Ce n’est pas la démocratie qui est en cause, mais bien le fait existentiel de l’Amérique, bien plus aujourd’hui que durant la Guerre de Sécession (‘Civil War’ pour eux) ; et comme l’on sait bien, la terrifiante crise de la frontière Sud, immigration illégale et drogue, dont nous parlions beaucoup hier, n’est pas la seule crise née de l’incroyable haine qui déchire l’Empire.
Cette affirmation est sans nul doute partagée par Donald Trump, avec lequel Gabbard vient d’avoir un entretien important lors d’une visite à la résidence de Trump en Floride, où les deux ont discuté des questions de sécurité nationale. Ainsi se trouve évidemment confirmée la rumeur qui fait de Gabbard, – déjà officiellement présente dans la liste des éventuels candidats vice-président, – la très possible candidate comme colistière (vice-présidente) du candidat Trump. C’est Joni Bryant, maître d’œuvre du programme the ‘917 Society’, groupe d’influence conservateur défendant le respect de la Constitution, qui a organisé cette rencontre.
« Le 20 février, le président Trump, candidat à l'investiture républicaine, a révélé lors d'une réunion publique organisée par Fox News à Greenville, en Caroline du Sud, que Mme Gabbard, une ancienne démocrate, figurait sur sa ‘short list’ de colistiers potentiels.
» Bien avant cette révélation, Mme Bryan avait été en contact avec Mme Gabbard pour qu'elle intervienne en tant qu'oratrice lors du gala annuel du groupe (‘917 society’).
» En ligne, certaines personnes ont suggéré qu'en apparaissant à Mar-a-Lago, Gabbard s'alignait plus directement sur le mouvement ‘Make America Great Again’ (MAGA) du président Trump.
» Ce n'est pas forcément le cas, a déclaré Mme Bryan, qui a ajouté : “Nous voulons que chaque Américain soit fier de la Constitution. Ce n'est pas une question de MAGA. C'est une question américaine fondamentale”.
A la réunion CPAC, Gabbard est apparue comme une des oratrices les plus acclamées, alors que sa participation n’avait été décidée que peu auparavant, et contre les normes habituelles caractérisant les orateurs de cette réunion. Démocrate jusqu’en octobre 2022, et plutôt à gauche puisqu’elle soutenait Sanders en 2016, elle a certes évolué mais assez modérément. Radicalement adversaire de la politiqueSystème et de son bellicisme (bien que, – ou parce qu’étant lieutenant-colonel dans la Garde Nationale d’Hawaï), néo-isolationniste et populiste, elle marque le nouveau mouvement de rassemblement des populistes de droite et des populistes de gauche aux USA.
Elle a eu un gros succès de foule à la CPAC, nettement supérieur a l’accueil qu’a reçu la conservatrice britannique Liz Truss (court et étrange ministre des affaires étrangères, puis premier ministre des quatre semaines), invitée d’honneur de cette réunion.
Où il est question d’un acte révolutionnaire
La présence de Gabbard au premier plan de l’actualité électorale est un événement que nous ne devons pas hésiter à qualifier de révolutionnaire s’il se concrétise en une candidature à la vice-présidence. Il l’est lorsqu’on sait d’où elle vient ; au début star incontestée du parti globaliste, – exactement et rien de moins car les temps changent très vite et si vite, – destinée à devenir une nouvelle Hillary un peu plus à gauche, elle a choisi un chemin de traverse complètement différent et y a laissé quelques plumes avec une impitoyable mise à l’index assortie d’une incroyable panoplie de diffamations.
Dès le mois de mars 2016 et son départ (démission) de la vice-présidence de la direction du parti démocrate (DNC) à cause de la corruption régnante, elle devient aussitôt une pestiférée, bien entendu à la solde des Russes selon les renseignements de la Vipère Lubrique & Impériale du parti, la sorcuère-Hillary. Son cas s’aggrave à la suite d’une visite qu’elle fait en Syrie où elle rencontre notamment le président Assad et en revient avec une description de la terrible situation du pays du fait de la guerre civile alimentée par les djihadistes sponsorisés par les USA autant que par les Français du maître de cérémonie Fabius.
Sa campagne de 2020 pour la désignation de la candidature démocrate pour la présidence est complètement sabotée, malgré qu’elle ait pulvérisé Kamala Harris lors du premier débat entre candidats. Elle abandonne et se rallie malencontreusement à la candidature de Biden, – elle ne nie pas avoir été jusqu’alors en termes amicaux avec lui, –mais son sort n’en est pas moins fixé et elle quitte la scène politique sans chercher à renouveler son mandat de député à la Chambre des Représentants.
Depuis, les temps ont diablement changé. Elle s’est reconverti dans une sorte de célébrité médiatique, largement aidée par Tucker Carlson et en évoluant de plus en plus vers un populisme antiSystème concrétisé par son départ du parti démocrate. Malgré des attaques nombreuses, essentiellement des démocrates, mais aussi de certains milieux d’extrême droite, elle parvient à s’affirmer à nouveau politiquement par ce biais médiatique et devient une voix antiguerre de première dimension.
Ses dernières prises de position n’ont soulevé quelque contradiction que pour la question de la crise de Gaza (au contraire de l’Ukraine où son opposition à la guerre est claire et nette). Nous restons très largement sur notre position énoncée le 10 janvier 2024 :
« C’est-à-dire que nous ne savons pas où nous en serons, disons dans 3-4 mois, lorsque la campagne électorale US aura fortement avancé, fixant les attitudes des uns et des autres selon l’évolution des évènements. Il est bien possible que la responsabilité énorme des neocon finisse par prendre le dessus sur tout autre considération, alors que leur comportement détermine, non plus un seul conflit local, mais l’ensemble des relations internationales et, directement, la sécurité nationale des États-Unis. Si, comme nous le faisons, nous jugeons cette attitude des soutiens aveugles à Israël comme particulièrement irresponsables, nous la jugeons également fragile en raison de la fluidité extraordinaire des évènements et des contradictions très vite insoutenables ; pour ce qui concerne le camp RFK et éventuellement Gabbard, une telle position pourrait très vite le céder au reste fondamental de leur politique dite “anti-impérialiste” qui forme l’essentiel de leur programme politique. On verra comment ils s’en sortiront et s’ils s’en sortiront.
» Note de PhG-Bis : « Le seul argument qui me semble irriter PhG est celui des habituels complotistes qui voient dans tout cela, – en plus du complot extrémiste à peine caché de Tulsi Gabbard dont les origines remontent aux Illuminatis tendance exotique-sous-continent indien d’avant la Révolution, – une fantastique et si habile manœuvre d’Israël pour emprisonner de leur côté et à leur côté toutes les tendances US, les neocon et leurs adversaires antiimpérialistes, et les mettre tous en faveur d’Israël. Mazette, quelle habileté et quelle grande capacité de professionnalisme ! PhG aurait tendance, en ce moment, à émettre quelques doutes sur toutes ces vertus opératives israéliennes... »
Gabbard étant désormais affirmée dans le camp de Donald Trump, surtout avec cette possibilité de devenir candidate vice-présidente, ce problème de la position vis-à-vis de la crise de Gaza se dilue dans la position de Trump condamnant à deux reprises les attaques israéliennes contre les Palestiniennes. Là aussi, le temps restant pour l’élection de novembre prochain verra bien des modifications dans la situation générale. Il faut noter que cette question de la crise de Gaza est un problème général pour le camp trumpiste avec une fraction non négligeable des trumpistes-populistes très favorable à Israël.
Nous restons sur le jugement que les gravissimes problèmes intérieurs US, assortis d’une hostilité de principe à des conflits extérieurs, vont tout emporter de certaines contradictions qui demeurent sur certaines crises spécifiques dont la crise de Gaza et les rapports avec Israël. Nous ne croyons pas que l’influence d’Israël puisse s’exercer, en puissance et en intensité, sur des problèmes mettant en cause la survie des États-Unis. Le temps où Netanyahou assurait pouvoir tout maîtriser de la politique US, y compris celui de la survie des USA, au profit d’Israël est passé ; – de même, peut-être certainement, que son propre problème de survie en Israël même.
Du coup, l’événement Gabbard acquiert toute sa puissance et, s’il conduit à une vice-présidence, – nous n’y sommes pas encore, – il constituerait un acte véritablement révolutionnaire de Trump... C’est justement pour cette raison que “nous n’y sommes pas encore”... Mais en arriver où nous en sommes désormais aujourd’hui est déjà en soi une véritable performance, en même temps qu’un signe et une confirmation que le Trump de 2024 est moins catastrophique dans le choix de ses collaborateurs que le Trump de 2016.
Note de PhG-Bis : « Pour l’essentiel de l’hypothèse traitée ici, ne vous y trompez pas une seule seconde, nous dit PhG en exclusivité confirmée par le Pentagone et Victoria Nuland : une Tulsi Gabbard candidate vice-présidente avec un Trump en mode-turbo par rapport à 2016 (voir sa victoire d'hier sur la ‘poor’ Nikki Haley dans son propre État de Caroline du Sud), ce serait une déclaration de guerre totale lancée à la figure des RINO républicains, du parti démocrate et des wokenistes, du Progressive Business et des globalistes, du Complexe Militaro-Industriel et de l’OTAN, du Système et, – en un mot décrit en une expression, – du “déchaînement de la Matière” ! »
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