Plus de 4 ans après les soupçons d’espionnage dont le géant chinois a fait l’objet et l’adoption de la loi du 1er août 2019 en France, le gouvernement rétropédale sur les antennes 5G. Le média L’Informé relate que les opérateurs français, Bouygues Télécom et SFR qui devaient initialement démonter toutes les antennes de Huawei d’ici à 2028, disposent d’un délai supplémentaire de 3 ans pour le faire. Le maintien de ces équipements sur le territoire national pose question et représente un risque considérable pour la France et les Français.
La loi « anti-Huawei »
Depuis 2019, plusieurs pays occidentaux avec les États-Unis en tête, se méfient du constructeur électronique chinois. La même année, la justice américaine avait retenu 23 chefs d’inculpation contre Huawei, notamment le fait d’avoir volé à ses concurrents européens et américains un grand nombre de secrets industriels. D’autres pays occidentaux se sont également armés contre le deuxième constructeur de smartphones mondial.
De son côté, la France avait décidé de se protéger avec l’adoption de la loi du 1er août 2019, baptisée loi « anti-Huawei » par la presse, visant « à préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale de la France dans le cadre de l’exploitation des réseaux radioélectriques mobiles ».
Le texte avait fortement déplu à Bouygues Telecom et SFR. Les deux opérateurs sont de grands partenaires de la firme technologique notamment en matière de 5G et la loi les empêchait d’utiliser le matériel Huawei pour leur réseau. Ils avaient été sommés par le gouvernement de démanteler à leurs frais d’ici à 2028 les antennes 5G de l’équipementier chinois sur tout le territoire de l’hexagone. L’entreprise Bouygues Telecom avait déclaré qu’elle devait démonter 3.000 antennes en France. À la fin de l’année 2020, les deux opérateurs français ont donc décidé de saisir le Conseil constitutionnel avec des questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) pour pouvoir continuer d’utiliser ce matériel du géant chinois et exiger de l’État des indemnisations pour supporter les coûts importants du démantèlement des antennes.
Mais la loi a finalement été validée par le Conseil constitutionnel en février 2021. Dans un communiqué de presse, l’institution avait indiqué qu’« en adoptant les dispositions contestées, le législateur a entendu, dans le but de préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale, prémunir les réseaux radioélectriques mobiles des risques d’espionnage, de piratage et de sabotage qui peuvent résulter des nouvelles fonctionnalités offertes par la cinquième génération de communication mobile ».
Les Sages étaient également revenus sur les frais nécessaires au changement des équipements, estimant que « de telles charges résulteraient des seuls choix de matériels et de fournisseurs initialement effectués par les opérateurs, lesquels ne sont pas imputables à l’État ». Les opérateurs devaient donc procéder d’ici 2028 au retrait des antennes du géant chinois partout en France.
Le report du démantèlement des antennes
Mais l’histoire ne s’arrête finalement pas là. Le média L’Informé nous apprend cet automne que le gouvernement a accordé 3 ans supplémentaires à SFR et Bouygues Telecom pour procéder au retrait des antennes du constructeur. L’année 2031 devenant donc la nouvelle « deadline ».
Nos confrères racontent que dans quelques villes, les autorisations d’utilisation de ces équipements ont été renouvelées jusqu’en 2031, et qu’il se peut que le gouvernement français ait mis en place un délai supplémentaire à la suite de la visite d’Emmanuel Macron en Chine en avril 2023 pour ne pas « braquer Pékin ».
De quoi satisfaire les opérateurs français qui peuvent encore profiter quelques années du matériel du fabricant chinois.
Notre souveraineté et nos libertés sont menacées
Cette prolongation, accordée par le gouvernement, est très certainement une bonne nouvelle pour SFR, Bouygues et Huawei mais une très mauvaise pour la France et les Français. Par cette décision, le gouvernement met à mal la souveraineté de notre pays et nous rend dans le secteur des technologies de plus en plus dépendant de Pékin. Triste rétropédalage quand on sait que l’hexagone s’était montré lucide il y a presque 5 ans avec la loi du 1er août 2019.
Divers experts écrivent que ce délai supplémentaire est un répit accordé aux opérateurs français, mais il s’agit surtout d’une aubaine pour la Chine communiste qui, à travers Huawei, dispose de marges de manœuvre importantes en France, en particulier pour contrôler son réseau de communication.
Dans un article publié en juillet 2019, Epoch Times alertait déjà sur le danger que représente la présence de l’entreprise technologique dans le monde, mais aussi en France: « Au centre de l’offensive chinoise sur le 5G se trouve Huawei, le leader mondial des télécommunications chinois », rappelant que la 5G de Huawei a eu « un rôle central dans la répression des libertés en Chine » avec la mise en œuvre de programmes destinés à surveiller la population.
Au-delà de la perte de notre souveraineté, ce sont nos libertés qui sont directement menacées. Plus Huawei sera présent sur notre territoire, plus il y a un risque d’exportation du modèle chinois via les technologies et in fine une privation progressive de nos libertés par une utilisation systématisée de la technologie dans nos vies.
Nos dirigeants ne peuvent laisser la France devenir le vassal technologique de l’Empire du Milieu et le laisser prendre possession de notre réseau. Chacun sait qu’au XXIe siècle, celui qui contrôle les réseaux, domine alors le monde. Comme aux États-Unis, il devrait y avoir en France, un consensus politique autour de la question de la Chine. Les politiciens américains, républicains et démocrates confondus ont compris que Pékin représente une réelle menace pour l’Occident. Les leaders français n’ont pas encore totalement intégré cette idée.
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