30 janvier 2024

De la misère actuelle des paysans Français

A la lumière d’un livre qui m’a marqué dans mon enfance, « le bois du templier pendu » de Henri Béraud.  

Voici une recension de ce livre que j’emprunte à Antoine de Lacoste (voir le très bon site: Les Livres d’Antoine, sur le net).

L’histoire commence en 1309. Dans le village de Sabolas, en Dauphiné, un cavalier apparaît. Les paysans reconnaissent sur son épaule la croix rouge des chevaliers du Temple, ce qui déclenche l’hostilité générale. Ces moines guerriers sont en effet pourchassés à travers tout le Royaume sur ordre de Philippe le Bel. On leur prête les pires pratiques et, poussés par un moine et par le seigneur du lieu, quelques hommes s’emparent du fier chevalier et le pendent.

Cet épisode tragique va hanter le village pendant des siècles, tout au long de son histoire qu’Henri Béraud nous conte brillamment jusqu’à la Révolution française : Invasion anglaise, peste noire, famine, lèpre, massacres huguenots, rien n’est épargné aux malheureux paysans qui tentent aussi d’arracher quelques lopins de terre à l’abbaye toute puissante.  

Mais ils se relèvent toujours et travaillent la terre sans relâche, génération après génération.  Un village est une poignée de blé jetée au sillon. C’est l’éternel enfantement de la terre, sous le regard des astres, dans l’harmonie impénétrable des saisons ».

Travailler la Terre…

Tout est dit.

Pour vivre il faut bien sûr travailler mais surtout travailler la terre et cette phrase est mythique. J’ai connu nombre de paysans dans ma vie et jamais je n’en ai rencontré un qui n’était pas émerveillé de la capacité de la Terre à lui rendre au centuple le travail qu’il y avait mis. S’il avait semé un grain, la terre lui en rendait mille, et à chaque fois cela lui paraissait miraculeux. Et donc, chaque paysan avait un attachement à la fois physique et religieux à SA terre.

Et le livre d’Henri Béraud est sans doute le premier que j’ai lu dans lequel l’auteur s’attache à montrer la vie d’un petit village au travers des siècles. D’habitude, il ne se passe rien si ce n’est le changement des saisons mais, de temps en temps, l’Histoire avec un grand H touche le petit village et tout change, avant que chacun des survivants ne retourne « travailler la terre » pour produire la nourriture dont le pays a besoin.

Et de fait, je n’ai jamais connu un seul paysan qui n’ait été incroyablement fier d’être celui qui permettait aux autres de ne pas mourir de faim.

Et ceux qu’il faisait vivre faisaient partie de son « pays ». mot qui, curieusement, voulait dire à la fois son village et sa nation. La France était une addition de villages. La France, en fait, était une nation de paysans qui savaient très bien que l’endroit où était enseveli leur père s’appelait la Patrie.

Tous ces paysans avaient une existence très rude, mais leur vie était protégée par quatre choses.

  1. La structure familiale, qui leur conservait un rôle dans l’exploitation.
  2. Ils étaient libres du choix de ce qu’ils allaient cultiver ou produire, et donc ne mettaient pas tous leurs œufs dans le même panier.
  3. Leur production se vendait localement et la concurrence du monde lointain était faible.
  4. Souvent, ils possédaient leurs terres qui avaient une grande valeur et donc ils pouvaient les vendre ou les louer pour assurer leurs vieux jours au cas où ils n’auraient pas eu de descendance directe. Pour ceux qui étaient simplement ouvriers agricoles, la vie était hélas infiniment plus dure et ce sont eux qui au XIX -ème furent les premiers à partir pour devenir ouvriers.

Eh bien, ces piliers qui permettaient aux paysans de vivre se sont tous écroulés depuis cinquante ans.

D’abord, la campagne s’est dépeuplée comme jamais dans notre histoire, les bras étant remplacés par des machines.

Ensuite, des organisations étatiques ont pris en main la décision de ce qu’ils doivent produire ou ne pas produire. Et ces productions, ils doivent les vendre à des organisations qui sont des monopsones (un seul acheteur, de multiples vendeurs) et ces monopsones le mettent directement en concurrence avec les producteurs de pays qui ne souffrent pas des mêmes contraintes. L’écroulement des coûts du transport les met de fait en compétition directe avec les producteurs du monde entier pour les produits indifférenciés. Et on les a forcé à ne faire que des produits indifférenciés et du coup, ils ne sont pas compétitifs et doivent recevoir des subventions, et ils en ont honte.

Le paysan Français n’est plus un homme libre.

Et enfin, en France, une administration s’est mise en place, les SAFER, dont le but est d’empêcher le prix des terres de monter, au prétexte d’aider les jeunes agriculteurs à s’installer. Et cette administration qui a pour but unique de spolier les propriétaires a parfaitement réussi dans sa mission en s’alliant avec le Crédit Agricole.

Que le lecteur en juge.

L’hectare agricole vaut en France, en moyenne, 6 000 à 7 000 € contre 10 000 en Pologne, 12 000 en Espagne et en Grèce, 17 000 en Slovénie, 18 000 au Danemark, 21 000 en Allemagne, 23 000 en Irlande, 25 000 au Royaume-Uni, 30 000 en Suisse et…. 63 000 aux Pays-Bas…

Et du coup, à la retraite, ils crèvent de faim.

Et là,  cerise sur le gâteau, c’est bien entendu la politique agricole commune qui multiplie d’un côté les interdictions écologiques du style mettre un bouchon aux vaches qui émettent trop de C02 et de l’autre créer des subventions aux producteurs de bouchons pour que seuls soient autorisés les  bouchons made in Germany qui sont produits par les amis de madame Van der Leyen, quand bien même la pollution pour produire les bouchons est supérieure à celle due au pets des vaches.

Conclusion

Les guerres civiles, la peste, les invasions étrangères, les famines,  les massacres n’avaient pas réussi à détruire l’agriculture française. La soviétisation de l’agriculture qui a commencé il y a soixante ans avec monsieur Pisani suivie ensuite par Chirac et tous les ministres de l’agriculture qui lui ont succédé a, en revanche, parfaitement atteint ses objectifs.

Notre agriculture est en train de mourir.

Que faire ?

Quand quelque chose ne va pas bien en France, la réaction des Français est toujours de dire : il faut que l’Etat s’en occupe.

Et à chaque fois l’Etat s’en occupe.

Et à chaque fois, c’est un désastre.

Depuis 1981, l’Etat s’est occupé avec beaucoup de constance :

Des retraites. Des hôpitaux. De la Sécurité Sociale. De l’immigration. De la Politique Industrielle

De la Sécurité Publique. De la Justice. De l’éducation. Des Transports Publiques. De la Police

De l’armée (qui a deux jours de munitions en stock…)

Et tous ces secteurs sont dans une situation désastreuse.

La France, aujourd’hui, aurait un déficit extérieur en produits agricoles avec des paysans qui crèvent de faim et se suicident.

Et comme d’habitude, l’échec est immense.

La France est déficitaire dans le domaine agricole.  Le monde entier se marre….

Nous devrions demander à l’Inspection de Finances de mettre l’un des leurs à la tête de l’État pour enfin régler tous ces problèmes.

OOPS.

Monsieur Macron est Inspecteur des Finances. Et L’inspection des Finances gère la France depuis soixante ans.

Je ne peux donc pas expliquer pourquoi nous allons de désastre en désastre.

A moins que le fait qu’il soit Inspecteur des Finances ne soit la racine de tous nos problèmes ?

Peut-être nos problèmes ont-ils TOUS la même origine ?

Le peuple Français aurait-il besoin de moins d’Etat et de plus de liberté ?

La solution est simple : Milei, viens en France ! Nous sommes prêts à donner Macron aux Argentins en échange, voire à envoyer aussi Trichet, Juppé, Fabius, Hollande, Sapin, Jospin…et bien d’autres encore s’ils voulaient les prendre et nous donner leur nouveau Président.

Hélas, ce n’est pas possible. Monsieur Milei comprend quelque chose à l’économie et a une valeur de marché trop élevé pour la France d’aujourd’hui.

Quant aux nôtres, personne n’en veut.

Charles Gave

Source

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.