Ce que nous venons de décrire ne vient pas spécifiquement de nous. D’ailleurs Bernard Lazare (bien avant le fantasque Rav Ron Chaya) dans son indispensable livre L’Antisémitisme, son histoire et ses causes décrivait déjà ce phénomène de haine régulière et cherchait à l’expliquer (il était lui-même de confession juive) :
Il m’a semblé qu’une opinion aussi universelle que l’antisémitisme, ayant fleuri dans tous les lieux et dans tous les temps, avant l’ère chrétienne et après, à Alexandrie, à Rome et à Antioche, en Arabie et en Perse, dans l’Europe du Moyen Âge et dans l’Europe moderne, en un mot, dans toutes les parties du monde où il y a eu et où il y a des Juifs, il m’a semblé qu’une telle opinion ne pouvait être le résultat d’une fantaisie et d’un caprice perpétuel, et qu’il devait y avoir à son éclosion et à sa permanence des raisons profondes et sérieuses.
Las, les juifs d’aujourd’hui semblent ne pas apprendre de l’histoire : le monde entier découvre sur son petit écran numérique la brutalité de l’armée israélienne, ce qui commence à rendre nerveux même les plus islamophobes (on voit qu’une grande partie de « l’extrême droite » française avait choisi spontanément le camp israélien par pure et bête haine de l’Arabe). On voit même désormais des défenseurs spontanés d’Israël s’interroger, se disant que, quand même !, 1 200 Israéliens morts le 7 octobre (dont une bonne partie par l’armée israélienne, on le sait aujourd’hui) valent-ils 20 ou 30 000 Palestiniens déchiquetés par les bombes (et ce n’est pas fini) ?
Le monde entier (ou presque) condamne Israël. L’ONU a voté ce 12 décembre, à une écrasante majorité de l’Assemblée générale des Nations Unies, un « cessez-le-feu humanitaire » dans la bande de Gaza. Résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre, et 23 abstentions, un record ! Mais les États-Unis opposèrent leur veto, comme ils le font systématiquement.
La FIDH (Fédération Internationale des Droits Humains, fondée en 1922) s’est fendue d’une déclaration officielle (en écriture inclusive dont nous avons expurgé le texte) :
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) reconnaît qu’Israël mène un génocide contre le peuple palestinien. Les États et les individus qui fournissent une assistance à Israël en sont complices. Un cessez-le-feu immédiat est impératif pour sauver des vies civiles et mettre fin aux crimes qui ont lieu depuis le début de l’offensive. La Cour pénale internationale est appelée à délivrer immédiatement des mandats d’arrêt à l’encontre des responsables israéliens des crimes internationaux commis contre les Palestiniens.
L’UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees, agence des Nations Unis créée en 1949) a déclaré que Gaza était devenu « l’enfer sur terre » :
Philippe Lazzarini, le directeur de l’agence d’aide aux réfugiés palestiniens de l’ONU (UNRWA), a qualifié la bande de Gaza d’”enfer sur terre” après une visite dans l’enclave bombardée par l’armée israélienne. Il a décrit la situation comme très préoccupante, avec des gens vivant dans la rue, manquant de tout et implorant d’être mis en sûreté.
Et c’est dans ce contexte explosif qu’on fête cette année Hanoucca (fête juive célébrant la victoire d’une famille juive, les Maccabées, contre leur hellénisation – tout un programme d’actualité) un peu partout en France et même à l’Elysée. On aurait plutôt conseillé de faire profil bas ces temps-ci, ménageant les sensibilités à vif dans notre pays qui compte beaucoup (trop, peut-être, pour que la société soit apaisée sur ce sujet – et sur d’autres) de musulmans.
En Pologne, où l’on s’embarrasse moins de formalités (contrée probablement pas encore trop touchée par les nombreuses et liberticides lois contre la « Haine » que nous connaissons ici), un député a préféré éteindre lui-même le chandelier qui avait été allumé, parlant même « d’acte de culte sataniste » (ce qui nous a rappelé d’ailleurs les propos de Vladimir Poutine sur nos sociétés sataniques). Ouf, il ne s’agissait que d’un huluberlu d’extrême droite qui fut aussitôt désapprouvé, poursuivi et sera très bientôt condamné :
Beaucoup verront cet événement comme symbolique, voire métaphorique, d’un ras-le-bol général qui commence aujourd’hui par l’extinction de bougies. L’histoire ne se répète jamais deux fois dit-on. Dans au moins un cas, elle n’a cessé de se répéter.
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