Image de l'attaque du "Galaxy Leader" par un commando houthi, 19 novembre 2023. Ansarullah Media Centre
De nouvelles attaques ont eu lieu samedi 23 décembre 2023 en mer Rouge et au large de l’Inde, touchant quatre bateaux, dont un navire chimiquier. Le destroyer américain USS Laboon, qui patrouille dans la zone, a annoncé avoir abattu quatre drones. Ces événements font suite à une série d'attaques menées ces dernières semaines par les rebelles houthis du Yémen, soutenus par l'Iran, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza. Washington a annoncé le 18 décembre dernier la création d’une coalition pour défendre le trafic maritime en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, à laquelle se sont ralliés une vingtaine de pays dont le Royaume-Uni ou encore le Canada. D’autres pays européens comme la France y prennent part mais refusent d’être sous commandement américain.
Deux semaines après le début de la guerre à Gaza, le mouvement houthi, groupe armé rebelle chiite qui contrôle aujourd'hui une grande partie du territoire du Yémen, a ouvert un nouveau front dans le conflit en menant des attaques contre Israël. Du 19 octobre à la mi-novembre, les rebelles ont multiplié les tirs de missiles et des attaques de drones armés, interceptés par les destroyers américains, par l’armée israélienne ou l’Arabie saoudite. Le 31 octobre, les Houthis ont officiellement déclaré la guerre à Israël.
Une coalition sous “commandement national”
Ils ont visé, le 15 novembre, l’USS Thomas Hudner qui a abattu un de leurs drones, et ciblent désormais essentiellement les navires marchands “liés à Israël” qui traversent la mer Rouge, “autoroute maritime” reliant la Méditerranée à l’océan Indien et où transitent 40 % du commerce mondial. Le 19 novembre dernier, le Galaxy Leader, propriété d’un homme d’affaires israélien avec 25 personnes à bord, est abordé à l’aide d’un hélicoptère puis détourné par les rebelles. Le gouvernement israélien a condamné cette attaque tout en assurant que le Galaxy Leader, le navire saisi, n’était pas un cargo israélien mais un navire britannique opéré par la société japonaise Nippon Yusen Kaisha (NYK).
Malgré l’appel des ministres des Affaires étrangères du G7 à "cesser les attaques contre les civils et les menaces contre les voies maritimes internationales", les Houthis annoncent que “tous les navires appartenant à l'ennemi israélien ou qui font affaire avec lui deviendront des cibles légitimes”, si la bande de Gaza est toujours bombardée par l'armée israélienne et ne reçoit pas davantage d'aide humanitaire. Le 10 décembre, c’est la frégate française Languedoc qui abat deux drones provenant des zones yéménites contrôlées par les Houthis. Deux jours plus tard, la même frégate abat un autre drone qui ciblait un pétrolier norvégien, Strinda. Le 16 décembre, c’est au tour du destroyer britannique, HMS Diamond, de neutraliser un drone.
Le lundi 18 décembre, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé lors de son déplacement au Moyen-Orient la mise en place d'une coalition afin de sécuriser le transport maritime en mer Rouge. Cependant, certains pays, comme l'Espagne, ont décidé de ne pas y prendre part tandis que d’autres pays européens, comme la France et l’Italie, y participent mais soulignent le “commandement national” de leurs frégates.
Un samedi sous haute tension
Malgré la formation de cette coalition, la tension ne cesse de monter. Samedi 23 décembre, un chimiquier a été touché par un drone d’attaque tiré par l’Iran en mer d’Arabie, au large de l’Inde. Selon le Pentagone, l’attaque a provoqué un incendie à bord mais n’a pas fait de blessés. Le Chem-Pluto naviguait sous pavillon du Liberia. Le bâtiment appartient à une entreprise japonaise et est opéré par une compagnie néerlandaise, poursuit la même source. Le Wall Street Journal a affirmé que cette compagnie est “liée au magnat israélien du transport maritime, Idan Ofer”. La marine indienne a annoncé avoir dépêché un avion et un navire de guerre pour assister le Chem-Pluto.
L’attaque, dont la responsabilité n’est pas encore établie, a été attribuée par le Pentagone à l’Iran. “Nous rejetons ces affirmations totalement infondées” et “visant à dissimuler le plein soutien du gouvernement américain aux crimes du régime sioniste à Gaza”, a réagi Téhéran.
Ce même samedi 23 décembre, trois bateaux naviguant en mer Rouge ont été visés par des drones lancés par les rebelles houthis au Yémen. Un pétrolier gabonais sous pavillon indien, le Sai-Baba, a été touché en mer Rouge par un drone, selon le commandement central américain (Centcom). L’équipage du navire, qui a lancé un appel de détresse, n’a pas enregistré de blessé. Un autre pétrolier, le Blaamanen, naviguant sous un pavillon norvégien, a de son côté été la cible, sans être touché, d’un drone houthi. Le Centcom, qui a annoncé la neutralisation samedi de quatre drones par le destroyer Laboon, dit avoir dénombré 15 attaques contre des navires commerciaux par les rebelles yéménites en mer Rouge depuis le 17 octobre.
L’administration Biden pointe la responsabilité de Téhéran dans cette situation. “Nous n'avons aucune raison de croire que l'Iran essaie de dissuader les Houthis de poursuivre leurs actions irresponsables”, a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Adrienne Watson. “Le soutien iranien aux Houthis est solide et se traduit en livraisons d'équipements militaires sophistiqués, en aide en matière de renseignement, en aide financière et en formation”, a-t-elle ajouté.
Une situation géopolitique qui oblige les grandes compagnies maritimes à suspendre les voyages de certains navires ou de revoir leurs routes maritimes, les contraignant à passer par la pointe sud de l’Afrique malgré les conséquences que cela peut entraîner en matière de coûts et de durées.
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