28 décembre 2023

Dindes du 24 décembre


André persévère et démonte les boomers-dindes de Noël : 

Ces « dindes du 24 décembre » m’ont aussi applaudi lors du premier confinement, lorsque je rentrais de l’hôpital, oh, je ne me faisais pas d’illusion, ils avaient peur que je crève et que je ne puisse pas les soigner. D’ailleurs, lors du second, je les ai croisés en journée, une fois que j’avais pris mon après-midi, pépères sur leur vélo vautrés sur toute la largeur de la route, rentrant le soir avant le couvre-feu fait sur mesure pour eux, de 18 heures, quand je rentrais au mieux à 19H, contrôlé sur la route par des policiers – ben oui, que pouvais-je bien faire sur la route de l’hôpital à cette heure indue, dites-moi ? – et que tout était fermé pour faire des courses (y compris les week-ends, comble du sadisme), tandis que nos dindes du 24 regardaient avec une pointe de frisson goulu le croque-mort Salomon égrener les morts au journal télé – putain, faites que mon voisin crève toujours pas, même si on a plus rien à foutre de l’applaudir !
Dindes du 24, dis-je, engraissées depuis 70 ans par tous les avantages, l’énergie pas chère, le progrès social… incapables de se dire que demain c’est Noël, et que le boucher aiguise déjà son couteau.
Troupeau de dindes du 24 qu’un ami a surpris, un jour, en train de cueillir ses kiwis dans sa plantation, avec des poches plastiques, à cheval sur des vélos à 3.000 euros. Lorsqu’il leur a expliqué que c’était du vol, une plantation professionnelle, ils ne se sont même pas excusés. Ils avaient repéré les kiwis en faisant du cyclotourisme et la fois d’après, ils étaient revenus avec des poches. Aussi simple que ça, leur vie ! Ben oui, en France, la médecine est gratuite et tout le toutim, et eux, certainement habitués à se servir depuis trop longtemps, sans plus aucune notion de la valeur et de la propriété, ils avaient trouvé normal de remplir leurs poches plastiques.
Français « parfaitement enthousiastes » – ne lisez pas Céline – mes remarques acides sont bien pâles à côté de sa description de ce type de français – la majorité, je pense hélas. Mais français foutus, oui, je viens d’en faire l’amer constat...

Alors contrairement à ce que vous pouvez penser, je me bats, il existe des réseaux de solidarité bien actifs, même dans mon secteur pavillonnaire. Mais humainement, je sais à présent qu’en cas de crise majeure dans mon quartier, je serai submergé, entraîné au fond par ces dindes du 24 qui ne comprendront rien à ce qui se passe, pas besoin de vous refaire un dessin. Des dindes qui accepteront les CDBC, le crédit social, comme l’écrasante majorité des millénials et des éco conscients-anxieux-wokistes-neuneux de mon âge, pour garder leurs chaînes et leur abonnements télés.
Ça me mine, je ne dis pas ça avec mépris, au contraire. Je ne crois pas non plus que la 22LR soit une solution viable sur le long terme, comme vous semblez le penser. Mais je respecte votre choix, après tout dans ces cas-là on se démerde comme on peut. Je suis sorti du cul de la vache, j’ai cultivé enfant et ado des terres dans le type de coins que vous semblez trouver préférable d’habiter et je retournerai sans doute dans la ferme familiale, après m’être échappé d’une parenthèse de trente ans de ma condition par l’ascenseur social – condition misérable, encore une fois sans aucune forme de mépris, car la vie de petit paysan est très rude, j’en sais quelque chose, et je les aime, et je les admire. Mais je demeure idéaliste, j’aime bien mes dindons du 24, même si je les châtie copieusement, car je veux croire encore qu’on peut éveiller quelques consciences, Nicolas s’y emploie chaque jour, avec plus ou moins de succès – hélas.
J’en profite pour vous souhaiter, monsieur, de bonnes fêtes de fin d’année, ainsi qu’à tous ceux qui liront ce commentaire et je remercie encore chaleureusement Nicolas pour son pessimisme et la découverte de tant de pépites littéraires et cinématographiques qui me – nous – font tant de bien.
 

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