09 novembre 2023

Réseau électrique : l’hiver français s’annonce sans risques de délestages

Le réseau de transport d’électricité français RTE a rendu mercredi (8 novembre) ses premières perspectives sur la situation électrique pour l’hiver à venir. Les voyants sont au vert grâce à une production électrique en hausse, mais la baisse de consommation doit se maintenir.

À la même période l’année dernière, les perspectives pour l’hiver 2022-2023 étaient plus inquiétantes. En raison d’une crise gazière sans précédent et l’indisponibilité massive du parc nucléaire français, la France et l’UE se sont retrouvées dans une situation énergétique compliquée.

Mais grâce à une météo clémente et des efforts sur la consommation électrique des industriels, des entreprises et des ménages, la France n’a pas eu à procéder à des délestages sur son réseau.

Pour l’hiver à venir, RTE se veut rassurant : « le risque de déséquilibre entre l’offre et la demande en électricité est faible » grâce à « une meilleure disponibilité des moyens de production, des niveaux élevés pour les stocks hydraulique et gazier et des échanges fluides au niveau européen ».

Le nucléaire retrouve des couleurs

En berne l’année dernière, le parc nucléaire retrouve des couleurs : 40 GW de puissance sont d’ores et déjà disponibles, soit 10 GW de plus qu’à la même période l’année dernière, a expliqué Thomas Veyrenc, chef du pôle Finance de RTE, lors de la conférence de presse.

D’ici janvier 2024, 50 GW devraient être disponibles, soit 6 GW de plus qu’en janvier 2023. Mais attention : « ce n’est pas non plus une situation nominale », puisque la disponibilité reste « faible » par rapport « aux niveaux d’avant crise » qui pouvait atteindre 60 GW, a-t-il tempéré.

Le développement de l’éolien, qui assure une partie de la sécurité d’approvisionnement en hiver, atteint des niveau similaires à celui de 2022, alors que 1,5 GW de nouvelles installations en mer sont attendus d’ici la fin de l’hiver.

« Concrètement, nous allons plus consommer d’éolien que de gaz en 2023, ce qui n’était pas le cas de 2022 », a noté M. Veyrenc. D’ailleurs, les approvisionnements en gaz « ne constituent pas un facteur de risque majeur », a-t-il poursuivi, avec des stocks quasiment pleins à 100% en France comme dans le reste de l’UE.

En matière de stockage, le parc hydraulique accuse également un niveau de remplissage au-dessus des moyennes historiques.

Côté échanges, la France, importatrice nette d’électricité en 2022, est redevenue l’exportatrice historique qu’elle était.

RTE note toutefois que les travaux sur l’interconnexion Savoie-Piémont entre l’Italie et la France sont toujours en travaux et que ceux de maintenance sur l’interconnexion Baixas – Santa Llogaia avec l’Espagne vont bientôt commencer. 

Motiver la baisse de consommation

Bien que la situation sur l’offre s’améliore, « le risque de délestage ne peut pas être complètement exclu », a expliqué Jean-Paul Roubin, adjoint à la direction générale du pôle Client-Conceptions et Opérations des systèmes chez RTE.

Trois incertitudes principales retiennent son attention : les conditions météorologiques (vague de froid, vents faibles, etc.), le maintien des niveaux bas de consommations et la disponibilité effective du parc nucléaire.

Dès lors, la baisse de la demande doit se maintenir, ce que, pour le moment, les français réalisent avec une réduction de la consommation de -8 à -9 % par rapport à la même période l’année précédente.

Au sortir de cet été, ils font même mieux qu’au sortir de l’été 2022.

Il faut dire que les prix élevés aident. Dans ce contexte, le président du directoire de RTE, Xavier Piechaczyk, a confié qu’il était difficile de dissocier les « gestes citoyens » de réduction de la consommation de ceux motivés par les prix.

Car certes, les prix sur le marché européen de l’électricité à court terme baissent, mais bien que la « prime de risque se soit résorbée […], les prix à terme sont toujours élevés », a assuré M. Veyrenc.

En d’autres termes, « les prix de marché pour la France sont cohérents avec les fondamentaux du système et cohérents avec ceux des autres pays européens. Dit clairement : La France ne surpaye pas son électricité sur les marchés », s’est-il félicité.

Néanmoins « Nous ne sommes pas sorties de la crise », a-t-il précisé.

Au niveau européen, RTE n’a su dire si la baisse de consommation se maintiendra.

Les prix de l'électricité pour l'hiver prochain restent élevés en France

La situation intenable des prix de l’électricité observée l’année dernière devrait se tarir au niveau européen. Néanmoins, les incertitudes concernant les capacités du parc nucléaire font peser un risque de maintien élevé des prix de l’électricité en France à l’hiver prochain, prévient RTE. 

Moyens de sauvegarde

Afin de maintenir la vigilance des consommateurs, RTE annonce avoir amélioré son système Ecowatt de météo de l’électricité par lequel les Français sont informés à l’heure près de la situation sur le réseau électrique et du meilleur moment pour consommer.

Par ce dispositif, RTE souhaite favoriser la flexibilité du marché de l’électricité en activant des moyens de gestion de la demande.

M. Roubin insiste également sur le besoin de « modernisation des moyens de sauvegarde », comme par exemple le développement de dispositifs de limitation provisoire de la puissance maximale disponible pour certains usagers particuliers, comme c’est déjà le cas pour certains consommateurs industriels avec le système de l’interruptibilité.

Face aux craintes exprimées par certains décideurs politiques, ces dispositifs seront utilisés en « dernier recours », a rassuré M. Roubin, rappelant qu’il existe de nombreux moyens pour baisser la consommation en amont : contrats de prix différenciés type heures creuses – heures pleines par exemple, ou possibilité, bien qu’incertaine, d’accéder à des marges de productions étrangères.

Dans cette démarche, M. Veyrenc a tenu à saluer le travail des législateurs européens relatifs à la réforme du marché européen de l’électricité qui soutient le développement de moyens de flexibilité de la demande, mais aussi de l’offre.

Sur ce dernier point, les moyens mis en place pour le moment consistent à maintenir en place des centrales fossiles de secours. En 2022, les deux dernières centrales à charbon actives en France ont assuré 0,6 % de la demande d’électricité du pays. C’est peu, mais indispensable lors des moments critiques de demande, a assumé M. Veyrenc.

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