Novembre en France, cela veut dire un hiver qui approche doucement, et, avec lui, les températures plus basses, parfois la neige et… les pénuries de médicament.
Comment, vous n’aviez pas noté cette nouvelle tradition des périodes de fin d’année ? Pourtant, au cours du précédent hiver, certains produits comme l’amoxicilline ou le paracétamol avaient connu des soucis d’approvisionnement plus ou moins longs, et les mines de certains pharmaciens s’étaient notoirement allongées à mesure que leurs tiroirs se vidaient.
À l’époque, le gouvernement avait fait assaut d’inventivité pour expliquer les problèmes d’approvisionnement, trouvant dans le conflit russo-ukrainien une excellente raison à ces nouvelles pénuries.
Depuis, les choses avaient peu ou prou repris leur cours normal, jusqu’à ces dernières semaines où les craintes de nouvelles pénuries réapparaissent. C’est ainsi que, la semaine dernière, l’inutile minustre de la santé Aurélien Rousseau promettait de rassembler les acteurs de la filière pharmaceutique pour lutter contre les pénuries qui pointent le bout de leur nez malingre.
On s’attend donc sans surprise à un énième exercice de communication vasouillard auquel la brochette de clowns macronistes nous ont maintenant habitué depuis plusieurs années, pour camoufler les raisons profondes de ces pénuries. La tentative d’utiliser les recettes de l’hiver précédent promet quelques moments de gène intense, l’année écoulée ayant nettement réduit la crédibilité du baratin gouvernemental.
Et plus exactement, ces pénuries ne sont pas nées l’année dernière. En pratique, elles sont même en augmentation assez marquée ces dernières années et ont été observées dès la fin des années 90, coïncidant avec plusieurs phénomènes : l’arrivée de la Chine comme consommatrice majeure de médicaments, le déplacement des productions locales … vers la Chine justement (qui se sert donc en premier) et l’Inde, pour compenser les coûts de fabrication de plus en plus impossibles à supporter en France même (coût de la main d’œuvre, impôts locaux et nationaux, taxations à tous les étages,… est-ce étonnant ?)
Enfin, la capture règlementaire (qui permet à des entreprises d’acheter, directement ou indirectement, les législateurs et les lois qu’ils produisent) a naturellement favorisé la concentration des grandes entreprises pharmaceutiques et la monopolisation progressive par médicament, ce qui a achevé de rendre l’ensemble des chaînes d’approvisionnement particulièrement fragiles : lorsqu’un médicament n’est plus produit que par une unique entreprise et que cette dernière a des problèmes de production ou, encore pire, des problèmes de rentabilité et choisit donc d’arrêter la production, c’est immédiatement un médicament qui disparaît…
À ces phénomènes connus s’ajoutent bien évidemment les perversités habituelles des systèmes collectivistes qui transforment toujours des besoins en privilèges et des productions en pénuries : en imposant une collectivisation complète de la santé, l’État interdit au marché de s’exprimer et d’imposer des prix raisonnables aux deux bouts du spectre des produits demandés ; par les mécanismes de remboursements et de prix négociés entre l’État et les industriels, on se retrouve avec d’un côté des génériques dont la rentabilité, trop faible, n’incite absolument pas les industriels à entretenir leur production et ce alors que la demande est forte, et de l’autre, des produits très pointus et destinés à des marchés de niches (où le nombre de patients est très faible) que ces mêmes industriels pourront facturer à des tarifs délirants, bien au-delà des coûts de production.
En pratique, comme à chaque fois qu’il s’agit d’argent gratuit des autres, les organismes publics qui remboursent se retrouvent à devoir gratter tant qu’ils peuvent la moindre réduction de prix du côté des produits les plus utilisés et se voient imposer des tarifs exorbitants pour les médicaments les plus complexes et les plus rares sur lesquels aucune concurrence, aucune substitution n’existe vraiment…
Évidemment, les prix étant à ce point manipulés, l’information qu’ils communiqueraient normalement disparaît et avec elle, notamment, la capacité pour les industriels d’anticiper finement les hausses de la demande. Petit-à-petit, cette capacité s’étiolant, des pénuries apparaissent.
Le fiasco ne serait pas total si, à ces pénuries, ces concentrations dangereuses et ces captures réglementaires ne s’ajoutaient pas aussi une bonne grosse dose de gabegie d’argent public.
Tous ces acteurs (privés comme publics) s’entendant comme larrons en foire pour récupérer tout l’argent qui pourra l’être, l’ensemble du système aboutit à payer plusieurs fois le prix des médicaments, qu’ils soient finalement produits ou non dans les bonnes quantités : depuis la recherche, souvent menée soit dans des partenariats public-privé soit dans le cadre purement public, qui est donc finalement payée en tout ou partie par le contribuable, jusqu’à la production qui bénéficie toujours d’aides et de subventions publiques, en passant par le marché même du médicament (décrit précédemment) et qui subit lui aussi sa dose de détournement de fonds publics plus ou moins décontractés, tout concourt à ce que le contribuable et, surtout, l’assujetti social n’en aient pas pour leur argent.
En passant en revue ces quelques éléments de réflexion, on comprend que ces pénuries sont avant tout le résultat d’un système lourdement bureaucratique, fondamentalement étatisé et produit inévitable d’un capitalisme de connivence et de dérives socialistes habituelles dans un pays où tout le monde s’efforce de vivre au crochet de tout le monde.
La santé étant bien trop précieuse pour être laissé à la seule responsabilité de ceux qui la payent, elle a été consciencieusement mise en boîtes, en flacons et en gélules toutes protégées par d’épaisses règlementations, pléthores d’organismes administratifs et une propagande permanente pour faire croire que sans ces verrues, nous ne pourrions que mourir dans d’atroces souffrances (et qui voudrait essayer de s’en passer, puisque nous avons un système Que Le Monde Entier Nous Envie™ ?) …
Les prochaines semaines seront l’occasion pour le clown ministériel en charge de ce dossier de nous faire une nouvelle fois la démonstration de sa parfaite et coûteuse inutilité. Trouvant sans l’ombre d’un doute l’une ou l’autre explication conjoncturelle pour des problèmes structurels qui n’iront qu’empirant, on peut parier sur l’utilisation compulsive de cet Enfumil 500 dont le gouvernement ne subira, soyez-en sûr, aucune pénurie.
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