02 septembre 2023

Canal de Panama - Manque d'eau douce : un paramètre important a été sous-estimé


Le canal de Panama, qui permet la traversée de marchandises entre Atlantique et Pacifique, est confronté à un manque de ressources en eau douce, qui menace de marginaliser la voie qui achemine près de 6% du commerce maritime mondial.

Le phénomène El Niño, actif cette année, a augmenté cette pénurie d’eau douce. Il entraîne une diminution des précipitations sur l'ensemble du Pacifique panaméen.
Les événements El Niño apparaissent d'une manière irrégulière, tous les 2 à 7 ans. Ces épisodes débutent en général en milieu d'année et durent de 6 à 18 mois. Ils atteignent leur intensité maximale vers Noël.

Le grand désavantage du canal de Panama, en tant que voie maritime, est que ses écluses fonctionnent uniquement avec de l'eau douce, alors que le canal de Suez, qui relie la Méditerranée à l'Océan indien via la Mer rouge, utilise de l'eau de mer, rappelle l'administrateur du canal, Ricaurte Vasquez.
 

Nous devons trouver des solutions pour pouvoir continuer à être une route pertinente pour le commerce international. Si nous ne nous adaptons pas, nous allons mourir, a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse, craignant que les armateurs puissent opter pour d'autres itinéraires via le détroit de Magellan, en Patagonie, ou éventuellement l'Arctique pendant les mois d'été.

Ce risque existe, prévient M. Vasquez, mais si nous trouvons une solution relativement rapidement, pas nécessairement des travaux immédiats mais que le marché sache qu'il y a une solution, cela devrait atténuer les inquiétudes à long terme, a-t-il ajouté.

Selon les autorités, le canal investit déjà plus de 400 millions de dollars par an dans différents projets d'entretien, notamment pour limiter les fuites d'eau douce.

Le remplacement par de l'eau de mer dans les écluses est exclu, cela impliquerait des travaux d'excavations pharaonesques.

Suez était beaucoup plus plat et c'était du sable. Dans notre cas, c'est de la roche et il y a une chaîne de montagnes qui n'est pas très haute, mais il en y a une, et c'est là le défi, a expliqué l'administrateur du canal.

Tirant d'eau limité

Pour l'heure le tirant d'eau des bateaux a été limité à 43 pieds (13,11 mètres), soit deux de moins que ce qui était jusqu'alors autorisé sur cette voie d'eau inaugurée par les États-Unis en 1914, et propriété de Panama depuis le 31 décembre 1999.

D'une moyenne de 40 navires empruntant chaque jour le canal en 2022, seulement 32 passeront désormais, afin d'économiser l'eau dans les écluses, qui soulèvent les navires à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer pour traverser l'isthme, avant de les faire redescendre de l'autre côté, en déversant des millions de litres d’eau douce dans l'océan.

Cette réduction du tirant d'eau, qui entraînera une baisse des recettes de 200 millions de dollars en 2024, impose à certains navires marchands de décharger des centaines de conteneurs dans le port de Balboa, côté Pacifique, et les recharger à Colon, côté Caraïbes, après un transport par voie ferrée.

M. Vasquez a souligné que l'Ever Max, battant pavillon de Singapour, a été contraint de décharger des conteneurs cette semaine, mais cela n'a pas empêché d'établir le record du navire ayant transporté le plus de marchandises dans le canal, soit 17.000 conteneurs pour un coût de péage de 1,5 million de dollars.

Consommation d'eau douce exponentielle 
 
 
L’eau contenue dans le bassin hydrographique, formé par les lacs Gatún et Alajuela, est indispensable pour déplacer les navires dans les écluses, afin qu’ils puissent traverser la chaîne de montagnes continentale de l’isthme. Pour chaque passage de bateau, il est nécessaire de déverser environ 200 millions de litres d’eau douce dans l'océan.

Non seulement ce bassin n’arrive plus à fournir suffisamment d’eau douce pour les écluses, mais il doit continuer à pouvoir approvisionner en eau potable la moitié des 4,2 millions d’habitants du pays, dont la consommation en eau douce augmente sans cesse.
«Nous devons trouver des solutions pour pouvoir continuer à être une voie de première importance du commerce international. Si nous ne nous adaptons pas, nous allons mourir», a récemment déclaré l’administrateur du canal, Ricaurte Vasquez.

Selon l’ex-administrateur du canal, Jorge Quijano, interrogé par l’AFP, «pour l’instant la situation est gérable, mais nous devons montrer à l’industrie que nous prenons des mesures définitives pour résoudre le problème» car «il y a une consommation d'eau exponentielle», à la fois des populations et du canal, «pour lequel deux réservoirs (lacs) ont déjà été construits».

Un paramètre important a été sous-estimé
 

En 2016, quand le canal a été agrandi, un paramètre important a été sous-estimé : les ressources en eau douce. 200 millions de litres d’eau douce sont consommés dans le fonctionnement du canal, pour chaque navire. Même avec 3 mètres de précipitations au m2, le canal manque chroniquement d'eau. Le changement de format des navires, des Panamax aux Post-panamax, a favorisé la pénurie d’eau douce. Disposant de plus de place, les nouveaux navires sont aussi plus gros, et nécessitent encore plus d'eau pour le fonctionnement des écluses.
 
 
 
Au cours de l'exercice 2022, plus de 14.000 navires transportant 518 millions de tonnes de marchandises ont emprunté la voie navigable, rapportant au Trésor panaméen quelque 2,5 milliards de dollars.

Depuis 1914, plus d'un million de navires ont traversé le canal de Panama, principalement en provenance des États-Unis, de la Chine et du Japon. 

Compilation de divers articles

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