22 août 2023

Selon les services britanniques, les arbres empêchent l’armée ukrainienne d’avancer


Cette semaine, notre chronique rend compte des difficultés croissantes dans lesquelles on se retrouve, à Washington, Londres, Bruxelles et Kiev, du fait de l’échec de la contre-offensive ukrainienne. Des fantaisies du renseignement militaire britannique aux débuts d’aveux sur l’étendue des pertes ukrainiennes en passant par la préparation d’une nouvelle contre-offensive, pour 2024, entrons dans les méandres du déni de réalité occidental.


Une découverte renversante du renseignement militaire britannique

Je voudrais tout d’abord tirer mon chapeau au renseignement militaire britannique :

Business Week commente: “Les lignes de défense de la Russie en Ukraine ont été encore renforcées grâce à la repousse des mauvaises herbes et des plantes qui aident à cacher les troupes des forces de Kiev dans le cadre de la guerre entre Moscou et le pays d’Europe de l’Est, ont déclaré jeudi les services de renseignement britanniques.

“Les terres principalement arables de la zone de combat ont été laissées en jachère pendant 18 mois, et le retour des mauvaises herbes et des arbustes s’est accéléré dans les conditions chaudes et humides de l’été”, a déclaré le ministère britannique de la défense dans sa dernière mise à jour quotidienne des services de renseignement.

Il ajoute que “la couverture supplémentaire aide à camoufler les positions défensives russes et rend les champs de mines plus difficiles à déminer”.(…)

Bien que les sous-bois puissent servir de couverture à de “petits assauts furtifs de l’infanterie”, le groupe de renseignement britannique a déclaré que “l’effet net a été de rendre plus difficile la progression de l’une ou l’autre des parties”.

Non seulement, le renseignement militaire britannique témoigne d’une inquiétante chute de niveau des analyses occidentales. Mais il semble ne plus avoir de force de rappel chez les “décideurs” ! Un magazine économique répandu comme “Business Week” n’a même pas le réflexe d’éclater de rire.

J’insiste lourdement sur cet exemple, qui date de quelques jours, car il devrait nous guérir, si nous en avions encore besoin, des raisonnements consistant à expliquer qu’il y a une stratégie occidentale mûrement réfléchie etc…. Même si cela ne nous fait pas plaisir à entendre, nous assistons, depuis l’été 2021 à un enchaînement d’erreurs de diagnostic et de conception stratégique. Refus de négocier avec Vladimir Poutine, soutien aveugle au gouvernement ukrainien, sous-estimation du potentiel militaire russe, erreur complète sur l’impact qu’auraient les sanctions économique contre la Russie, mépris du reste du monde dont on ne comprend pas pourquoi il ne se joint pas aux sanctions.

Plus on observe ces incapacités nord-américaines et “UEuropéennes”, plus l’on a tendance à penser qu’elles ont déterminé le choix stratégique russe de mener une guerre lente et sans engager tous les moyens dont on dispose. A quoi bon surestimer l’adversaire quand il apparaît doté d’un Quotient Intellectuel Stratégique aussi bas ? Et ceci d’autant plus que cet adversaire est doté de moyens de destruction massive absolument terrifiants. Autant ne pas le pousser à se mobiliser plus qu’il ne faut, au cas où il n’aurait pas l’intelligence de s’arrêter….
En plein échec de la “contre-offensive ukrainienne”, Washington, Londres et Bruxelles en prévoient une autre au printemps 2024

La stupidité stratégique s’accompagne, chez les dirigeants occidentaux, d’une grande cruauté : elle se marque par une indifférence totale au sort des soldats ukrainiens lancés dans une contre-offensive sans espoir. Cela fait plusieurs semaines que je vous raconte la même histoire, cyclique :

+ l’Ukraine tente de nouveaux coups de boutoirs en trois ou quatre endroits de l’immense ligne de front (plus de mille kilomètres). Nous parlons des tentatives de débarquer sur la rive gauche du Dniepr, en face de Kherson ; d’attaques répétées dans la région de Zaporojie, pour effectuer une percée “vers Mélitopol” ; de tentatives de reprendre du terrain au sud de Donetsk et dans la région de Bakhmout.

+ L’histoire se répète semaine après semaine : des avancées qui vont de quelques centaines de mètres à quelques kilomètres. Puis des contre-attaques russes qui soit reprennent le terrain perdu soit le rendent intenable pour l’adversaire.

+ Dans chacun de ces coups de boutoirs, les véhicules blindés occidentaux de tout gabarit sont détruits par dizaines. Et le nombre de morts et de blessés ukrainienne se compte par centaines chaque semaine.

+ Partout, on a des récits d’officiers ukrainiens qui laissent leurs hommes avancer et se terrent à l’arrière ; mais aussi de débuts de mutineries, éventuellement suivis de répressions féroces des milices paramilitaires ou des rares unités totalement acquises au régime. Quand ils ont de la chance, les soldats ukrainiens se rendent aux Russes, sûrs d’être bien traités.

+ Semaine après semaine, on apprend que, de frustration, le commandement ukrainien a ordonné des tirs d’artillerie sur des zones civiles – principalement Donetsk. Et qu’avec l’aide des outils occidentaux de mesure, des drones ont été envoyés sur la Crimée, sur Briansk, Belgorod. De temps à autre, des tentatives d’envoyer des drones sur Moscou ont lieu.

+ Par comparaison, chaque nuit, grâce à ses missiles de précision, l’armée russe détruit systématiquement des entrepôts de matériel occidental, des stocks de munition, des casernements de mercenaires.

+Enfin, l’armée russe continue à reconquérir, dans la région de Koupiansk, le terrain perdu en septembre 2022.

A titre d’échantillon, voici un compte-rendu de situation proposé par Southfront.org le 14 août :

“En réponse à une nouvelle tentative ukrainienne de frapper le pont de Crimée, des missiles russes frappent les ports ukrainiens. De son côté, l’armée ukrainienne continue de tenter de percer les défenses russes sur les fronts, avec un succès variable.

Le 12 août, l’armée ukrainienne a de nouveau ciblé la péninsule de Crimée avec des drones. Au total, 20 aéronefs sans pilote ont été détruits par les moyens de guerre électronique et de défense aérienne russes.

Le régime de Kiev a également tenté de lancer une nouvelle attaque de missiles sur le pont de Crimée. Deux missiles ukrainiens S-200 modifiés ont été interceptés par les défenses aériennes russes et n’ont causé aucun dommage.

La réponse russe a été rapide. Dans la nuit du 13 au 14 août, des missiles et des drones russes ont frappé les infrastructures portuaires et les sites de stockage de carburant dans la région d’Odessa. Les habitants ont filmé l’échec des défenses aériennes ukrainiennes, dont les missiles tombent quelques secondes après leur décollage.

D’autres cibles ont été frappées dans la zone industrielle de Zaporojie.

A l’échelle du pays, les sirènes d’alerte aérienne ont retenti à Kiev, ainsi que dans les régions de Kharkov, Tchernigov, Dniepropetrovsk, Poltava et Soumy.

La région de Zaporojie reste l’un des champs de bataille les plus chauds où l’armée ukrainienne tente d’obtenir au moins quelques succès tactiques sur les lignes de front. Tout au long de l’été, l’armée ukrainienne a poursuivi ses attaques sanglantes contre les positions russes. Après avoir subi de lourdes pertes en matériel et en hommes, les unités ukrainiennes n’ont toujours pas atteint la ligne principale de défense russe dans la direction du sud.

Au sud de Velikaya Novoselka, les troupes ukrainiennes continuent de prendre d’assaut Urojainoïe. Les principales forces russes ont été retirées du village, mais les contre-attaques russes se poursuivent. De violents combats se déroulent dans la partie sud du village, tandis que les forces ukrainiennes contrôlent les rues du nord. Le matin du 14 août, les artilleurs russes ont détruit un ponton construit par l’armée ukrainienne pour traverser la rivière Mokrue Yaly entre Urojainoïe et Staromayorskoïe.

Il est très probable que les ruines du village resteront dans la zone grise dans un avenir proche, comme les autres localités capturées par l’armée ukrainienne, car les forces ukrainiennes ne parviennent pas à prendre pied dans cette zone en raison des tirs nourris des Russes et des contre-attaques incessantes.

Dans la région d’Orekhiv, malgré les attaques ukrainiennes en cours, le village de Rabotino reste sous le contrôle total des Russes.

La situation reste tendue dans la région de Kherson, où les forces ukrainiennes tiennent deux petites têtes de pont près du pont Antonovsky et à 2 km à l’ouest du laheri cosaque. Les militaires ukrainiens tentent de prendre le contrôle de la route et d’unifier les têtes de pont. Les combats se poursuivent dans la région de Cossack Laheri et de Dachas. De petits groupes ukrainiens sont constamment transférés sur la rivière par bateaux, envoyant des renforts et transportant les blessés et les morts sur la rive occidentale ukrainienne. En réponse, l’artillerie et l’aviation russes les frappent“

Cependant, une semaine plus tard, la ligne de front n’a quasiment pas bougé. Cela se dit depuis des semaines à Washington et commence à s’écrire dans les médias. On voit apparaître de plus en plus de projection pour 2024 : c’est la date où devraient arriver les premiers F16 mis à disposition, avec l’autorisation de Washington, par les Pays-Bas et le Danemark. C’est aussi la date envisagée…pour une nouvelle offensive !
The Economist et le New York Times laissent filtrer l’étendue des pertes ukrainiennes

L’étendu des pertes ukrainiennes est de plus en plus difficile à dissimuler. Un signe flagrant en est l’article publié il y a quelques jours par The Economist, journal de l’establishment occidental (au même titre que le Financial Times ou le New York Times)

“La guerre a fait tant de victimes qu’à Lviv, dans l’ouest de l’Ukraine, les dernières victimes remplacent les morts des guerres passées. Le 4 août, la famille de Vitaly Chekovsky a assisté avec tristesse à son enterrement avec deux camarades, dans le carré militaire du cimetière historique de Lychakiv. La terre sablonneuse où ils l’ont enterré était molle et meuble. Il y a quelques semaines encore, sa tombe était le lieu de repos de quelqu’un d’autre.

Le nombre de morts de la guerre est un secret en Ukraine, mais il est possible de se faire une idée de l’ampleur du phénomène en visitant les cimetières militaires en pleine expansion qui se trouvent dans toutes les villes. Au cimetière de Lychakiv, explique Oleksandr Dmytriv, son directeur, M. Chekovksy était le 507e à être enterré depuis le début de l’invasion, le 24 février 2022. Les morts ont d’abord été enterrés dans une autre partie du cimetière, mais l’espace a rapidement manqué, et le cimetière s’est alors tourné vers une pente herbeuse où un mémorial de guerre avait été construit dans les années 1970, alors que l’Ukraine faisait encore partie de l’Union soviétique. Au fur et à mesure que les rangées de tombes défilaient sur la colline, les fossoyeurs ont découvert des squelettes de manière inattendue.


L’Armée rouge a libéré Lviv des nazis en 1944, puis a poursuivi sa route vers l’ouest, mais les combats n’étaient pas terminés. Les partisans nationalistes ukrainiens ont affronté les troupes du nkvd, le prédécesseur du kgb, pendant des années. M. Dmytriv pense que la majorité des personnes enterrées dans les tombes récemment découvertes étaient des hommes du nkvd, et 560 d’entre elles ont été exhumées depuis le mois d’avril pour faire place aux nouveaux morts. Les personnes exhumées seront finalement enterrées ailleurs, et le mémorial soviétique, où du sable recouvre désormais les noms des soldats tombés au combat, sera également déplacé. M. Dmytriv explique que la grande majorité des squelettes exhumés ont eu le crâne ouvert. Avant d’être enterrés, les corps avaient été donnés à disséquer aux étudiants de l’école de médecine de Lviv.

Espérons que M. Chekovsky reposera en paix pour toujours, mais si l’on se fie au passé du cimetière de Lychakiv, rien n’est moins sûr. En 1915, les Russes, qui occupaient brièvement Lviv pendant la Première Guerre mondiale, ont ouvert un cimetière pour les troupes austro-hongroises, juste après l’endroit où les hommes du nkvd ont été enterrés. Plus de 4 700 d’entre eux y ont été enterrés. Dans l’entre-deux-guerres, les Polonais, qui contrôlaient désormais la ville, ont commencé à les exhumer. En 1946, les Soviétiques, qui avaient ensuite repris Lviv aux Polonais, ont commencé à raser l’ancien cimetière austro-hongrois et, depuis lors, des civils y sont enterrés.

De l’autre côté du cimetière de Lychakiv reposent les Polonais qui sont morts en combattant les Ukrainiens pour le contrôle de Lviv en 1919-1920, puis l’Armée rouge. À l’époque soviétique, ces tombes ont été partiellement détruites et le cimetière est tombé en ruine. Lorsque les Polonais ont financé sa restauration dans les années 1990, les autorités ukrainiennes ont décidé de construire un autre mémorial, cette fois-ci à la mémoire de ceux qui sont morts en combattant les Polonais. L’archange Michel qui surmonte la colonne du mémorial regarde désormais les tombes des Ukrainiens qui ont combattu les Russes après 2014, ainsi que ceux qui sont morts en combattant les Soviétiques pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

L’histoire avance et, soupire Inna Zolotar, guide touristique à Lviv, “c’est aussi une arme”. Quant à Lychakiv, elle estime qu’il “reflète notre mémoire compliquée”, y compris les choses “dont nous ne savons pas parler”.

Passons sur le fait que ce qui fut une des références du journalisme de langue anglaise découvre, au bout de dix-huit mois de guerre, la complexité de l’histoire de la Galicie orientale. Le plus intéressant pour notre sujet, c’est de remarquer que l’hebdomadaire londonien ne donne aucun chiffre.

Le New York Times, lui fait un article qui se veut sensationnel parlant d’une révélation du Pentagone à propos de de 500 000 tués et blessés, en tout dans le conflit.


Les pertes militaires russes, selon les responsables, approchent les 300 000. Ce chiffre comprend jusqu’à 120 000 morts et 170 000 à 180 000 blessés. Les chiffres russes éclipsent les chiffres ukrainiens, que les responsables estiment à près de 70 000 morts et 100 000 à 120 000 blessés. The New York Times, 18 août 2023

Le journal américain est cependant obligé de rappeler que des chiffres plus élevés ont été donnés par le Pentagone il y a quelques mois :


La dernière estimation publique des pertes de l’administration Biden remonte à novembre, lorsque le général Mark A. Milley, président de l’état-major interarmées, a déclaré que plus de 100 000 soldats de chaque camp avaient été tués ou blessés depuis le début de la guerre en février 2022. À l’époque, les responsables ont déclaré en privé que les chiffres étaient plus proches de 120 000 tués et blessés.
Mais ce chiffre a grimpé en flèche au cours de l’hiver et du printemps, lorsque les deux pays ont transformé la ville de Bakhmut, à l’est du pays, en champ de bataille. Des centaines de soldats ont été tués ou blessés chaque jour pendant de nombreuses semaines, selon les responsables américains. Les Russes ont subi de lourdes pertes, mais les Ukrainiens aussi, qui ont tenté de tenir chaque pouce de terrain avant de perdre la ville en mai.
Les premières semaines de la contre-offensive de Kiev cet été ont été particulièrement difficiles pour l’Ukraine. The New York Times ibid.

On se rappelle qu’à la fin 2022, Ursula von der Leyen avait gaffé, avouant 100 000 morts ukrainiens – le passage avait ensuite été retiré de la vidéo de l’allocution où elle avait mentionné ce chiffre. L’estimation la plus sérieuse qui ait été donnée venait des services israéliens fin janvier, chiffres retranscrits dans un journal turc : 19 000 tués et 45 000 blessés du côté russe. 157 000 tués et 234 000 blessés du côté ukrainien.

Depuis lors, il y a eu la bataille de Bakhmout. On estime que les Russes y ont perdu 10 000 tués. Si l’on garde le ratio de 1/6 entre tués russes et ukrainiens, dû largement au différentiel de munitions, on aurait un chiffre de 60 000 tués Ukrainiens dans la défense de la ville. En ce qui concerne la contre-offensive, on estime les pertes ukrainiennes à environ 900 tués et blessés par semaine. Disons, pour rester dans les ratios indiqués par le Mossad, environ 350 tués ukrainiens par semaine. Soit, depuis le 4 juin, pas loin de 40 000 tués.

On aurait donc vraisemblablement, depuis la fin janvier environ 100 000 tués ukrainiens de plus. Disons environ 250 000 morts ukrainiens depuis le début du conflit. En gardant le ratio de janvier, on aurait 375 000 blessés ukrainiens. On serait déjà à des pertes de plus de 600 000 tués et blessés pour le côté ukrainien.

On voit donc à la fois que le chiffre de 500 000 avancé par le Pentagone récemment correspond à une réalité – mais pour un seul des deux belligérants, l’Ukraine. Il devient impossible de dissimuler 250 000 morts, surtout quand les Ukrainiens eux-mêmes ont les nouveaux cimetières sous les yeux. Mais on essaie de camoufler la réalité en attirant l’attention sur les pertes présumées de la Russie.

Contre toute vraisemblance, puisque, en admettant qu’il y ait eu 40 000 tués du côté russe en dix-huit mois de conflit, une moitié sont des mercenaires de Wagner et des hommes des milices du Donbass (ces deux groupes étant aujourd’hui inclus dans l’armée russe)
Washington et Kiev se renvoient la faute de l’échec de la contre-offensive.

Des journalistes de CNN sont allés à la rencontre de l’armée ukrainienne dans la région de Zaporojie :

“Au cours d’une semaine passée avec les troupes autour de la ville d’Orikhiv, CNN a constaté une amélioration palpable du moral des troupes, alors que des progrès semblaient avoir été réalisés. (…)

Lotos, commandant d’une unité de chars, estime que le fait que la presse ait annoncé l’objectif de l’attaque n’a pas aidé. “Ce ne sera pas aussi facile qu’à Kharkiv. Ici, l’ennemi était prêt, malheureusement. Tout le monde parlait depuis des mois du fait que nous allions agir ici”. Il ajoute : “Nous nous attendions à moins de résistance : “Nous nous attendions à moins de résistance. Ils tiennent bon. Ils ont des dirigeants. Ce n’est pas souvent que l’on peut dire cela de l’ennemi”.

Pourtant, le handicap majeur auquel l’Ukraine est confrontée dans ce combat déjà difficile est palpable dans les rues cratérisées d’Orikhiv. La supériorité aérienne russe fait chaque jour des victimes parmi les Ukrainiens, avec des bombes d’une demi-tonne qui tombent fréquemment – parfois 20 en quelques minutes.

(…) Après des mois de gros titres sur l’incompétence et le désarroi des Russes, ils apprennent que les meilleures troupes de Moscou – les parachutistes sur les lignes de front du sud – n’ont pas oublié leur entraînement. “Il ne faut pas honorer l’ennemi”, dit Vlad. “Mais il ne faut pas le sous-estimer.“

(…)À un autre point d’évacuation des blessés, près d’Orikhiv, des obus volent en alternance au-dessus de la tête d’une autre infirmière, Julia, qui décrit le moral des troupes. “Nous sommes toujours optimistes, mais pas autant qu’avant. L’assaut est émotionnellement plus facile. C’était très dur de rester en défense pendant 18 mois.”

Elle explique que de nombreux blessés qu’ils soignent cherchent à retourner sur le front. “Ils savent que ce ne sera pas la même chose, qu’ils ne seront pas dans le peloton d’assaut. Mais ils veulent revenir. Parce que la soif de vengeance est très forte. La haine est très forte.

Lucas Leiroz analyste brésilien commente finement le reportage de CNN :

“Il est curieux de lire ce type d’informations dans les médias occidentaux alors que, de l’autre côté, des prisonniers de guerre capturés par les Russes affirment avoir appris l’existence d’une “contre-offensive” par TikTok, leurs officiers ne leur ayant rien dit sur le champ de bataille. Il y a manifestement une incohérence entre les données. Les soldats qui n’étaient pas au courant de la contre-offensive ne peuvent pas avoir surestimé l’attaque ou sous-estimé l’ennemi. Ils ne savaient même pas ce qu’ils faisaient pour avoir une évaluation critique du sujet.

Les interviewés de CNN parlent comme s’ils étaient responsables de l’échec militaire, alors que les personnes chargées de calculer les chances de victoire ne sont pas des militaires en première ligne, mais des officiers de renseignement qui ont accès à des données sensibles sur l’ennemi. Le plus probable est que les médias manipulent les rapports des sources qui affirment qu’il y a eu des erreurs dans le calcul des résultats possibles de la contre-offensive, en blâmant les Ukrainiens et en essayant de nettoyer leur propre image.

Les médias occidentaux ont été les premiers responsables, avec les représentants de l’État ukrainien, de la diffusion de l’information selon laquelle une attaque de grande envergure était planifiée par Kiev. Les journalistes occidentaux ont surestimé cette attaque présumée plus que n’importe quel militaire ukrainien et ils semblent maintenant essayer de sauver leur propre crédibilité en apportant de nouvelles “explications” sur ce qui aurait empêché le succès de l’opération.

En outre, il est difficile de croire que les troupes ukrainiennes sont vraiment motivées et ont un moral d’acier après tant de défaites récentes. Ces derniers mois, on a assisté à une série de déclarations pessimistes de la part des militaires ukrainiens, et de moins en moins de personnes croient en la possibilité d’une victoire. En fait, la tendance est que les pertes territoriales et les défaites sur le champ de bataille entraînent une détérioration de la crédibilité, un découragement moral et une capitulation, et non une “soif de vengeance”.

Les États-Unis essaient, nous l’avons remarqué depuis des semaines, de faire porter le chapeau aux Ukrainiens. C’est ce qui explique sans aucun doute, en retour, le jusqu’au-boutisme de Zelensky, qui tient à montrer qu’il risque d’être lâché par les USA.


L’Ukraine tente à présent de codifier dans la loi l’inadmissibilité d’un règlement du conflit par le biais de concessions territoriales quelles qu’elles soient. De nombreux députés ont présenté à la Verkhovna Rada un projet de loi qui obligerait légalement l’Ukraine à “aller jusqu’au bout” et n’autoriserait constitutionnellement aucune concession. La “fin” signifierait les frontières de 1991, conformément au projet de loi écrit.

Zelensky a même répondu avec suffisance que la seule concession territoriale qu’il était prêt à négocier pour l’entrée dans l’OTAN était l’échange de la région russe de Belgorod Simplicius, 21 août 2023

Est-il besoin de rappeler que Belgorod est une ville russe ?
Un faucon sinophobe pour succéder au général Milley

La catastrophe ukrainienne patronnée par les États-Unis et l’OTAN ne signifie pas, bien au contraire, que le conflit aille vers sa fin. A Washington, une lutte féroce continue entre les réaliste et les jusqu’au-boutistes. Ces derniers viennent de gagner un allié de poids :

La commission des forces armées du Sénat a voté en faveur de la nomination du chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Charles Q. Brown Jr., au poste de président de l’état-major interarmées. On ne sait pas encore combien de temps il faudra pour que sa nomination soit effective. Cependant, après le Général Milley, l’establishment washingtonien choisit un dur.

Il est vrai que sa priorité est la Chine. Alors que le général Milley avait eu, au moment de la dernière élection présidentielle américaine, un comportement qui eût relevé, à une autre époque, de la haute trahison – il avait appelé son homologue chinois pour l’assurer que tout serait fait pour empêcher Donald Trump de déclencher une guerre nucléaire s’il refusait sa défaite – le général Brown, lui, est connu pour sa détermination à combattre la Chine, un jour, s’il le faut.

Il est vrai que cette nomination pourrait aussi plaider en faveur d’une conclusion mise à l’affrontement avec la Russie, afin de pouvoir se concentrer sur la Chine. 
 
Source :  https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/08/21/guerre-dukraine-jour-539-selon-les-services-britanniques-les-arbres-empechent-larmee-ukrainienne-davancer/

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