25 août 2023

Les nouveaux principes de l’Europe : la censure et la guerre !



Une photo du service de presse du ministère ukrainien des Affaires étrangères montre le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba (à gauche) et le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne Josep Borrell à l’aéroport de Kharkiv, Ukraine, le 5 janvier 2022. (à droite) montant à bord d’un hélicoptère pour leur visite sur la ligne de front.


L’Europe, qui proclame, dans ses principes fondateurs, qu’elle défend la démocratie, la liberté d’expression et la paix sur le continent européen, est prise en flagrant délit de mensonge. Le conflit en Ukraine a démasqué son vrai visage et mis à mal tous ces beaux principes. Nous n’allons pas à nouveau analyser les raisons du conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine. Arrêt sur info a publié à ce sujet nombre de contributions qui expliquent les vrais motifs de cette guerre. Nous y renvoyons nos lecteurs (1).
L’Europe c’est la censure


Dès le déclenchement du conflit en Ukraine, l’Europe a décrété la fermeture de deux médias, RT et Sputnik, sous le prétexte qu’ils constituaient des « organes de propagande russe ». La Commission européenne avait alors invoqué la nécessité de couper tous les canaux de diffusion (satellite, Web et réseaux sociaux) en Europe, sous prétexte que ces médias faisaient partie « de la machine médiatique du Kremlin ». La France, en bon petit soldat, a aussitôt suivi, en décidant la fermeture des deux médias précités sur son territoire. On notera que l’Union Européenne n’a jamais été en mesure, pour justifier cette décision, de citer la moindre fake news dont se seraient rendus coupables ces médias. Par exemple, la chaîne RT France n’a jamais été sanctionnée par le régulateur français des médias, l’Arcom (ex CSA). Les avocats de RT France avaient dénoncé notamment une méconnaissance de « la liberté d’expression dont doit disposer, en toutes circonstances, tout média d’information, sous contrôle de son régulateur national » (2).

Un certain nombre de personnalités médiatiques et politiques étaient montés au créneau contre cette mesure liberticide et une pétition en ligne avait recueilli plus de 50 000 signataires. En décembre 2022, l’Union européenne a inclus la maison mère de RT France dans la liste des entités sanctionnées dans le cadre de son neuvième paquet de sanctions anti-russes. Et, pour finir, « le coup de pied de l’âne » : en janvier 2023, le Trésor français a décidé de geler les comptes de RT France. Entraînant la mise en liquidation de ce média (3).

RT France n’a jamais fait œuvre de propagande ni de désinformation, dont sont coutumiers les médias dans leur grande majorité. L’information était de qualité, l’objectivité de rigueur, et les intervenants, invités à débattre, reconnus pour leurs compétences. Sauf que le narratif officiel était remplacé par une analyse plus nuancée, et par des échanges instructifs, au contraire des expertises à sens unique des intervenants présents sur les plateaux des médias officiels. On relèvera aussi que les personnalités invitées par RT France n’étaient jamais autorisées à s’exprimer dans les autres médias.

L’Europe, c’est la guerre

Pendant des dizaines d’années, on a fait miroiter une Europe qui assurait la paix. Tous ces conflits qui ont ensanglanté pendant des siècles le vieux continent, c’était du passé. On a vu dans les conflits dans l’ex-Yougoslavie que cette affirmation était prétentieuse. Dans le conflit actuel en Ukraine, il faut se poser plusieurs questions.

La Russie agresse-t-elle l’Europe et a-t-elle des velléités belliqueuses envers des pays européens, en dehors du conflit ukrainien ?

Pourquoi l’Europe n’a-t-elle pas mis en œuvre, pendant toutes ces années, des moyens diplomatiques pour mettre en œuvre les accords de Minsk ? Et surtout, pourquoi, une fois le conflit amorcé, ne pas avoir utilisé tout l’arsenal diplomatique pour résoudre ce différend par la négociation ?

Il vaut la peine de relire ces déclarations de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

« Il nous faut à cette fin renforcer notre soutien à l’Ukraine en répondant à ses besoins militaires et économiques considérables. Car ne nous faisons aucune illusion. Poutine ne cédera pas de bonne grâce. Et la guerre peut durer longtemps. Bien sûr après la guerre viendra la paix. Mais il faut d’abord bien finir la guerre avant de pouvoir faire la paix ».

« Ne pas prendre part directement au conflit mais mobiliser des ressources économiques et militaires massives pour permettre aux Ukrainiens de recouvrer leur souveraineté bafouée. Le tout sur la base d’une solidarité européenne très forte. Pour la première fois depuis la création de l’Europe, un fonds intergouvernemental européen a commencé à financer militairement un État en guerre » (4).

Est-ce là le langage d’un diplomate, de promouvoir la guerre de manière massive, « quoiqu’il en coûte !»

« Nous n’avons rien à reprocher à la population russe. Il s’agit d’un régime, d’un système politique, d’une personne, de la guerre d’un seul individu ; donc, nous voulons affaiblir Vladimir Poutine, mais nous ne voulons pas mettre la population russe au ban de l’histoire. D’une manière ou d’une autre, elle doit être intégrée à un accord de paix et à un système de sécurité garantissant la paix en Europe » a-t-il assuré (5).

Mais c’est exactement ce que le Président Poutine a réclamé sans obtenir de réponse sinon des fins de non-recevoir arrogantes de la part des dirigeants occidentaux. Pourquoi Mr Borrell n’a-t-il soutenu à l ‘époque l’initiative de la Russie ?

« Les Russes ont envoyé le 17 décembre dernier (2021) un projet de traité sur l’architecture de sécurité en Europe. Ce projet de traité, dont l’un des points principaux serait l’interdiction faite à l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN, a provoqué un échange immédiat avec les États-Unis. Les Russes ont donc procédé comme ils le faisaient durant la guerre froide : s’adresser aux Américains lorsqu’il s’agit de traiter de l’architecture de sécurité en Europe et traiter les Européens comme un acteur mineur. La question pour eux est de s’adresser au pays qu’ils considèrent être la clé de la solution, à savoir les Américains. À partir du moment où la clé de voûte de la sécurité européenne est basée sur la garantie de sécurité nucléaire américaine, sachant que la force de dissuasion française est indépendante, il est assez logique que les Russes souhaitent dialoguer en priorité avec les Américains. Par ailleurs, cette façon de procéder ne veut pas nécessairement dire que les Européens ne comptent pas. C’est une manière pour les Russes de se faire reconnaître comme une grande puissance qui dialogue directement avec les Américains »(6) écrit Jean-Pierre Maulny, directeur adjoint de l’IRIS(Institut de Relation Internationales et Stratégiques)

Pour conclure, relevons cette déclaration de Josep Borrell qui le démasque :

« Notre dépendance vis-à-vis de la Russie menaçait notre indépendance et notre sécurité. Nous sommes en train d’y mettre un terme de façon radicale » (7).

La diplomatie européenne est au service d’intérêts étrangers : leur but, poursuivi inlassablement, est de découpler définitivement l’Allemagne et l’Europe de la Russie. C’est le vieux projet anglo-saxon parfaitement analysé par le journaliste indépendant suisse, Guy Mettan dans son ouvrage magistral traduit (8).

Marc Jean, 23 Août 2023

(1) Les causes et les conséquences de la guerre en Ukraine

(2) RT France placé en liquidation judiciaire — RT en français (rtenfrance.tv)

(3) https://rtenfrance.tv/opinions/103811-censure-definitive-rt-france-fin-illustion-democratique

(4) Josep Borrell, haut représentant de l’Union européenne : « Pour bien finir la guerre en Ukraine » – World Policy Conference

(5) Josep Borrell : “On défend l’Ukraine pour éviter la loi du plus fort” | Euronews

(6) Gestion de la sécurité en Europe : des discussions États-Unis/Russie écartant les Européens ? | IRIS (iris-france.org)

(7) https://www.worldpolicyconference.com/pour-bien-finir-la-guerre-en-ukraine/#

(8) “Une guerre de mille ans. La russophobie de Charlemagne à la crise ukrainienne. Pourquoi nous aimons tant détester la Russie“. [La nouvelle édition chez Thebookedition] (Voir “Guy Mettan: Une contribution importante à la démystification des relations internationales”)

Crédit image: [EPA-EFE/FOREIGN MINISTRY PRESS SERVICE / HANDOUT]

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