19 août 2023

Lavrov, voix existentielle de la Russie en guerre


Une interview du ministre russe Lavrov qui, en plus et au-delà de ses entreprises diplomatiques, est devenu une des voix importantes de la Russie en lutte pour son existence. Dans cette interview, il ne cède sur rien, et il lance même un (à peine) discret avertissement aux amis qui s’aventurent dans des combinaisons foireuses et US comme les conférence de Copenhague et de Djeddah. On peut faire un constat saisissant : la Russie est aussi déterminée, aussi inflexible qu’au premier jour du lancement contre l’Ukraine de l’Opération Militaire Spéciale.

Au cours de plusieurs formes d’intervention (dans une interview donnée à ‘International Affairs’ et publiée ce samedi), le ministre russe des affaires étrangères Lavrov a montré qu’il est l’une des voix (avec celle de Poutine, bien sûr) les plus autorisées et les plus précises pour affirmer l’intention de la Russie de poursuivre la guerre selon les conceptions actuelle manipulées par les USA, du fait de l’inacceptabilité de ces conditions. Il s’ensuit la volonté russe de repousser toute tentative de négociations de paix que les USA tentent d’imposer comme une sorte de piège grotesque, – si que c’en est lumineux à fatiguer l’esprit, – pour paralyser l’action de la Russie.

Une fois de plus, et toujours de plus en plus, Lavrov s’impose comme la voix de la Russie la plus directe, – disons la plus “opérationnelle” contrastant avec ses démarches diplomatiques parallèles avec des pays dont on veut se faire des alliés (l’Afrique notamment), – pour affirmer et affirmer encore ses intentions politiques et stratégiques qui ne varient pas d’un iota.

« Les États-Unis et leurs alliés ne veulent pas que le conflit ukrainien se termine et leurs prétendues initiatives de paix ne sont que des tentatives pour donner du temps à Kiev, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans une interview publiée samedi.

» Les questions géopolitiques doivent être discutées “non pas avec  Zelenski, qui est une marionnette entre les mains de l'Occident, mais directement avec ses maîtres”, avait déclaré Lavrov plus tôt cette année.

» “Le problème est que les États-Unis n'ont pas l'intention de mettre fin au conflit”, a expliqué Lavrov, notant que “leur objectif officiellement déclaré est d'infliger une ‘défaite stratégique‘ à la Russie”.

» Les perspectives de négociations entre la Russie et l'Occident “sont inexistantes à ce stade”, a déclaré Lavrov, tandis que “les sponsors occidentaux poussent constamment [Kiev] à hausser ses exigences”. »

Dans cette intervention, Lavrov n’a pas manqué de critiquer d’une manière directe les rencontres (sans la Russie) de Copenhague et de Djeddah. Les Russes s’étaient bien gardés de critiquer la présence de quelques amis (Chinois, Brésiliens, Indiens) à ces conférence, jugeant au contraire que ces amis leur apporteraient lors de ‘débriefings’ de précieuses indications, – ce qu’ils ont fait d’ailleurs. Cette fois pourtant, sans nommer personne, Lavrov laisse entendre nettement que cette participation, – inutile sur le fond, selon lui, – n’est pas vue d’un œil très amical par la Russie. Les autres, – ainsi catégorisés au mieux comme des naïfs, au pire comme des complices involontaires, – en tireront les conséquences qu’ils veulent... (En d’autres mots plus directs : “Les amis, il vous faudra un jour ou l’autre, et qui viendra plus vite que vous ne croyez, – il vous faudra choisir votre camp, nettement, sans barguigner, sans sourires aimables, sans beau discours sur la paix et la concorde universelle.”)

« Insister sur la soi-disant “formule de paix” du président ukrainien Vladimir Zelenski lors des réunions à Copenhague et à Djeddah,– auxquelles la Russie n'était pas invitée — a bien de la peine à démontrer une intention de l'Occident de négocier avec la Russie”, a déclaré Lavrov. Moscou a rejeté la liste de demandes en dix points de Zelenski comme un ultimatum inacceptable sans rapport avec la réalité.

“Nous considérons les appels hypocrites des Occidentaux à des pourparlers comme un stratagème tactique pour gagner du temps, donnant à nouveau aux troupes ukrainiennes épuisées un répit et la possibilité de se regrouper et d'envoyer plus d'armes et de munitions”, a déclaré Lavrov, ajoutant que “c'est la voie de la guerre, pas un processus de règlement pacifique”. »

Une guerre culturelle d’anéantissement

On aborde maintenant un autre aspect de l’interview de Lavrov, celui où il traite du phénomène de la russophobie, de la guerre culturelle globale qui en découle, de la volonté de l’Occident-laxatif d’anéantir la Russie, de faire en sorte que tout se passe désormais comme si la Russie n’avait jamais existé. C’est comme si la haine de Poutine et de la Russie les rendait muet, dans les paroles et la pensée, à créations vocales que des imprécations de néantissement total.

Ainsi parle donc Lavrov...

« Washington et Bruxelles ont ouvertement déclenché une guerre hybride contre tout ce qui est russe, laissant tomber leurs masques après des décennies à prétendre être des partenaires internationaux civilisés et adéquats, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov dans une interview à ‘Affaires internationales’, publiée samedi.

» “Beaucoup de nos anciens partenaires ont caché leur nature russophobe sous le voile de l'hypocrisie, mais ont maintenant montré leur vrai visage dans toute sa splendeur”, a-t-il déclaré. “Cependant, il y a aussi le revers de la médaille ici, puisque la Majorité mondiale a vu le vrai visage de ceux qui sont allés jusqu'à aspirer à un monopole dans la définition des soi-disant valeurs universelles”.

» “L'Occident d'aujourd'hui est dirigé par des gens comme Josep Borrell qui divisent le monde en un ‘jardin florissant’ et ‘la jungle’, où il place clairement le reste de l’humanité”, a ajouté Lavrov. L'Occident a passé des décennies à transformer cyniquement l'Ukraine voisine en un “rempart militaire hostile contre la Russie en nourrissant toute une génération de politiciens prêts à déclarer la guerre à notre passé commun, à notre culture et à tout ce qui est russe”, selon Lavrov.

» Les capitales occidentales ont même ouvertement admis que parvenir à un règlement pacifique en Ukraine n'avait jamais fait partie de leur plan et que les accords de Minsk étaient à l'origine conçus pour “gagner du temps pour préparer un scénario militaire et livrer des armes à Kiev”.

» “Je pense que la chose essentielle que nous devons comprendre à cet égard est que l'Occident veut se débarrasser de notre pays en tant que rival géopolitique sérieux”, a déclaré le haut diplomate russe. »

Les idiots « pleins de bruit et de fureur »

Il faut remarquer que Lavrov (la Russie) tient exactement le même discours que celui que les évènements au paroxysme, et le déchaînement antirusse dans les semaines qui suivirent l’attaque, avaient amené les dirigeants à développer. Il n’y a pas, nulle part, un souffle de volonté d’arrangement par rapport aux positions américanistes-occidentalistes et, surtout, dans cette partie de l’interview que l’on vient de commenter, il y a la description in fine d’une guerre culturelle globale et sans la moindre possibilité d’entente. Plus que jamais, la guerre en Ukraine et tout ce qui l’accompagne, restent une bataille absolument existentielle pour la Russie. Que cette perception après 18 mois de conflit existe aussi fortement sinon même qu’elle se soit renforcée est pour nous le signe indubitable qu’il s’agit effectivement d’une bataille de cette sorte, – une bataille de la sorte d’un Armageddon, – un Armageddon auquel vont s’ajouter d’autres Armageddons, car c’est bien la marque de cette GrandeCrise qu’elle nous réserve autant d’Armageddons que d’avatars crisiques terrestres, le tout finissant par s’agglomérer en l’Évènement final dont nous ressentons la venue...  

Pour la Russie qui nous occupe ici, c’est un point fondamental car il indique que, malgré les divisions, nuances ou pas, dans le camp occidental, les diverses hypothèses indirectes de négociations ou de règlement, tout cela tombe dans l’oreille du Russe devenu sourd sinon à l’appel de la survie par tous les moyens de l’existence de la Russie.  On ferait bien de tenir compte de ce fait fondamental, le véritable, le seul fait fondamental et stratégique de cette bataille-là : la Russie est au tréfonds d’elle-même, et avec de bonnes raisons, persuadé qu’on veut sa disparition et sa bataille sera donc menée en fonction de cette écrasante évidence (pour elle). Elle ne cédera pas.

La Russie cédera d’autant moins que ces dix-huit mois de guerre ont montré à quel point sa puissance théorique s’est aguerrie, s’est durcie, s’est renforcée en opérationnalité, en qualité et en quantité, jusqu’à faire de ce pays, et de loin, la première puissance militaire du monde, – et une puissance qui n’hésite pas, lorsque l’enjeu l’exige, à se lancer dans une guerre réduisant avec mépris les narrative occidentales à des discours déclamés par des idiots, « pleins de bruit et de fureur, et qui ne signifient rien ».

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