Au loin dans le Temps, lorsqu’un navire arrivait, au terme d’un long voyage vers l’inconnu qui paraissait sans fin, en vue d’une terre, le premier à la voir était la vigie qui s’exclamait, comme si elle retrouvait un lieu de connaissance : “Terre ! Terre !”. Aujourd’hui, la vigie clame lorsqu’enfin apparaît le rivage tant attendu : ‘Terra Incognita ! Terra Incognita !’ Ainsi faut-il saluer les bruits qui courent désormais de façon insistante que l’on rapporte sous la forme ultra-prudente et extrêmement formelle-solennelle d’Alexander Mercouris :
« Et il y a apparemment désormais des consultations sérieuses à la Chambre chez les Républicains de la Chambre, qui détiennent bien entendu la majorité à la Chambre, concernant la possibilité de commencer une procédure de destitution du président... »
Et notre commentateur gréco-britannique ne cache pas, malgré son langage châtié, l’extrême gravité du cas.
« A nouveau, je suspecte que ce scandale va enfler jusqu’à dominer tous les autres si nous arrivons effectivement à une procédure de destitution... Une procédure de destitution qui me semble extrêmement sérieuse dans son contenu, au contraire des deux récentes procédures [contre Trump, en 2020 et 2021]... Quoi qu’il en soit, cela devrait dépasser et concentrer tous les autres scandales et avoir un effet déterminant sur l’élection présidentielle de 2024... »
D’ores et déjà la bataille est engagée. Les démocrate, qui jugeait absolument nécessaire une procédure de destitution pour des actes incroyablement mineurs, – cas des deux procédures contre Trump en 2020-2021, dont l’une, complètement absurde, après qu’il ait quitté la présidence, – découvrent brusquement que la destitution est un acre d’une extrême brutalité, dont il ne faut user qu’avec une extrême parcimonie de crainte d’écorner la plus petite virgule de la sacro-sainte Constitution des États-Unis.
Leonardo da Hunter-Biden expose…A ce point et avant de faire encore plus complet et, en un sens, plus tragique, nous introduisons un épisode croquignolet qui montre que les plus terribles tragédies ont toujours en elles une irrésistible tendance à la tragédie-bouffe. Il s’agit d’un des plus récents derniers scandales du Junior Hunter, puisqu’il me semble qu’il date du 24 juillet, selon l’article de ‘Business Insider’ qui a lancé l’affaire.
Vous ne le saviez sans doute pas, et moi non plus, mais Hunter Biden est un artiste et il peint. Heureuse coïncidence, en 2021, un peu après l’installation de ‘Ol’Sleepy Joe’ à la Maison-Blanche, une galerie d’art new-yorkaise manifesta son intérêt sous la poussée amicale d’amis de l’artiste, pour une exposition-vente des œuvres. On était invité à ne pas espérer payer en-dessous de $100 000 chacun des chefs d’œuvre.
Un accord de complète intégrité avait été passé, – vous vous en doutez, – qui disait que les noms des acheteurs ne seraient pas communiqués aux Biden pour qu’il n’y ait aucune connexion du type qu’on nomme corruption ; avec les Biden disposant d’un tel pouvoir, cela se conçoit... Bien entendu et selon les coutumes joyeuses des pieds-nickelés, l’accord ne fut pas respecté et ‘Business Insider’ apprit par des indiscrétions venues de la galerie que les noms de deux acheteurs avaient été communiqués à Hunter. L’une des deux, – une acheteuse en fait, – s’est retrouvée, quel hasard superbe et généreux, nommée à un poste de prestige, mais non rémunéré je vous rassure, à la Maison Blanche.
Passons la plume à ‘Business Insider’...
« Cet acheteur(se), Insider peut le révéler, est Elizabeth Hirsh Naftali, une investisseuse immobilière et une philanthrope de Los Angeles. Hirsh Naftali est influente dans les cercles démocrates de Californie et une importante donatrice démocrate qui a donné $13 414 à la campagne Biden et $29 700 au comité de campagne du Congrès démocrate cette année. En 2022, elle a organisé une collecte de fonds dirigée par la vice-présidente Kamala Harris. [...]
» En juillet 2022, huit mois après la première ouverture de l’exposition Hunter Biden, Joe Biden a annoncé la nomination de Hirsh Naftali à la Commission pour la préservation du patrimoine américain à l'étranger. On ne sait pas si l'achat par Hirsh Naftali des tableaux de Hunter Biden précède ou non cette nomination. La nomination à la commission est un poste prestigieux mais non rémunéré souvent occupé par des donateurs de campagne, des membres de la famille et des alliés politiques, – la même foule qui se retrouve souvent avec des nominations aux ambassadeurs américains. Les activités de collecte de fonds de Hirsh Naftali font d'elle le genre de donatrice bien connectée qui remporte souvent de telles nominations, quelle que soit la relation qu'elle pourrait avoir avec la famille du président. Mais nos sources n’ont pas abordé la possibilité que Hunter Biden ait exprimé son soutien à sa nomination.
» Eh bien, est-ce arrivé ou non? Hunter Biden a-t-il pesé avec son père sur la nomination de Hirsh Naftali ?
» Et Hirsh Naftali a-t-elle acheté la peinture de Hunter Biden avant ou après sa nomination ?
» Insider a posé ces questions.
» Ni la Maison Blanche ni l'avocat de Hunter Biden n'ont pu offrir de réponse. »
Voilà, – quand on est artiste dans l’âme, c’est sûr, seul l’art compte même si le décompte général est de $1,3 million (montant total de la vente des œuvres du peintre-Hunter). Pour dire le vrai, cette petite affaire, ce tout petit glaçon de la partie émergé de l’iceberg des scandales Biden, nous vient d’Alex Christoforou qui nous la rapportait dans une vidéo de ce matin, [autour de 11’50”] de Moscou, dans un éclat de rire sans fin (« Oh man, what a Clown World ! »).
Cela dit, on redevient sérieux...
Les vertiges de la destitution
..Sérieux, en effet, de constater que le site ‘Res Ipsa Loqitur’, de Jonathan Turley qui est un de nos autres protagonistes-observateurs favoris de l’affaire, consacre ses cinq derniers articles de suite (du 25 juillet au 26 juillet !) aux Biden, – quatre directement au(x) scandale(s), et un indirectement, au chien de Joe Biden qui mord les agents du Secret Service, – et Dieu sait si je n’ai rien contre les chiens. Je connais Turley et sa façon de travailler, sa méthode, son style, etc. : il pèse ses articles, prend souvent un ou deux jours entre chacun, veille à aborder la plus grande variété possible de sujets juridiques aux USA ; alors, voir une telle succession, une telle rapidité dans la publication, une telle identité du sujet doivent vous convaincre que, dans l’esprit du plus prestigieux et compétent constitutionnaliste US et sans qu’il ait besoin de la répéter, on se trouve entré au cœur d’un scandale aux dimensions colossales.
Turley a déjà parlé, depuis l’arrivée de Biden au pouvoir puisqu’il en est question depuis ce moment-là, de la possibilité d’une destitution. (Au moins, il fut souvent question d’une destitution selon le 25ème amendement, concernant l’incapacité physique et mentale du président de poursuivre sa tâche.) Mais aujourd’hui, alors que la coque du USS Biden prend eau de toutes parts, il faut s’interroger sur la dimension politique générale, sur les effets sur la situation des États-Unis, d’une destitution, et de cette destitution-là.
Il s’agit d’un véritable casse-tête. Passons sur la bataille pour une tentative de destitution, – qui mériterait mieux qu’un passage tant elle devrait nous réserver des surprises et des mèches incandescentes de guerre civile, – et faisons l’hypothèse de la destitution acquise sinon votée... Qui alors ? Eh bien, la Constitution est claire : le vice-président, c’est-à-dire la vice-présidente...
Horreur générale ! Kamala Harris est presqu’autant détestée, méprisée, ridiculisée par les démocrates que par les républicains. Son incompétence est chez elle considérée comme un des beaux-arts, ainsi que son inculture, voire tout simplement sa sottise et son incapacité de répondre aux questions des journalistes sinon par des éclats de rire. Et l’horreur, pour les démocrates, c’est que si Harris entre à la Maison-Blanche, il y a fort à parier qu’elle s’affirmera, dans les traces flageolantes de Biden, comme la candidate démocrate pour USA2024, assurant la victoire du républicain, quel qu’il soit...
Au fait, qui vous dit qu’Harris obtiendrait l’investiture du parti pour 2024 ? Soudain soupir de soulagement chez les démocrates. Mais au profit de qui ? Robert Kennedy, bien entendu ! Effondrement démocrate. Il faudra alors chercher un candidat de dernière minute, le gouverneur de Californie Newtom par exemple, qui arrivera sur la scène, très séduisant et plein de jeunesse certes, mais à la tête d’un État qui est un trou noir économique, un chaos sociétal et sécuritaire, un laboratoire LGTBQ, avec la communauté Latinos comme groupe le plus important. Vooit-on dans tout cela quelque chose de rassurant, et pour les démocrates, et pour la situation intérieure des USA ?
Si on va plus loin, on tombe dans les eaux des requins républicains. Le numéro-3 dans l’ordre de la succession, si Harris préférait ne pas succéder à Biden, c’est le “Speaker’ de la Chambre McCarthy, un républicain. Pour le reste, il y a l’épouvantail colossal qu’est Donald Trump, l’homme des tempêtes, le “dernier recours” et ainsi de suite.
Non, sans le moindre souci de plaisanter, et malgré que je n’y connaisse absolument rien en matière de coupeur de cheveu en quatre des champs législatifs et juridiques américanistes, je ne vois pas l’ombre d’un rez de lumière sous la porte cadenassée qui enferme les USA dans un puits menant à l’abîme du trou noir.
Dans ce cas, quand les parties d’un tout constate que ce tout se paralyse et se désagrège, elles ont tendance à se replier sur leurs dimensions de simple parties. C’est pour cette raison qu’il est difficile de parler aux USA de “guerre civile”, sinon à constater que le seul et unique exemple de la chose, – the Civil War, – eut justement comme enjeu une tentative de séparation de certaines parties du tout dont elles mettaient en cause les intentions à leur égard, et qu’elles jugeaient donc comme devenu inapte à remplir sa fonction, et par conséquent, pour elles-mêmes, s’écarter ou se rassembler en une entité séparé de l’ensemble initial.
... Ce qui, à trois jours et à quatorze ans de distance, nous ramènerait directement et sans hésiter à la sempiternelle et toujours même conclusion, dont je ne parviens pas me détacher tant elle me paraît d’une si éclatante évidence, – peut-être la seule chose simple et évidente dans ce formidable imbroglio dont pourtant dépendent l’équilibre du monde, le sort de la planète, le bon usage de nos psychologies et la bonne vieille habitude de mâcher son ineffable morceau de chewing gum :
« Nous l’avons déjà écrit et nous le répétons avec force : il ne peut y avoir, aujourd’hui, d’événements plus important pour la situation du monde qu’une dynamique de dislocation des USA. [...] La fin de l’‘American Dream’, qui interviendrait avec un processus de parcellisation de l’Amérique, constituerait un facteur décisif pour débloquer notre perception, à la fois des conditions de la crise, de la gravité ontologique de la crise et de la nécessité de tenter de chercher une autre voie pour la civilisation – ou, plus radicalement, une autre civilisation. » (de defensa.org, 14 octobre 2009)
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