La saga Prigojine
Le monde médiatique vient d’être soulevé par une énorme vague de « brouillard de guerre », ces épisodes de guerre hybride où les deux camps se battent à coup de désinformation pour mieux aveugler l’autre, ou s’aveugler eux-mêmes par la même occasion. La saga de la « rébellion de Prigojine » en deviendra surement un exemple académique.
Autant les médias grand public que les médias alternatifs ont donc été pris dans cette vague où les faits sont triturés pour convenir à l’hypothèse de chacun. Nous commencerons par les médias grand public pour constater que, comme d’habitude, la richesse d’opinion est juste assez superficielle pour cacher le fait qu’ils chantent la même musique : « Poutine a été très affaibli par ce coup dur envers son autorité » :
« Opinion : Que s’est-il passé en Russie – et que se passera-t-il ensuite ? Nos chroniqueurs s’expriment sur le sujet
David Von Drehle : Même les coups d’État ratés ont des conséquences
Poutine n’avait manifestement pas plus confiance que Prigojine dans l’issue de l’affrontement. Plutôt que de tester la loyauté et la force des forces gouvernementales pour écraser le soulèvement, le dirigeant russe a saisi la première issue qui s’offrait à lui – un signe de faiblesse qui pourrait inviter à une autre tentative. … La mauvaise nouvelle : Une Russie affaiblie a des dirigeants affaiblis et est en train d’échapper à tout contrôle. Poutine a conduit son pays au désastre et il n’y a personne en vue pour le sauver.
Max Boot : Prigojine a rendu la faiblesse de Poutine évidente pour tout le monde
La révolte de Prigojine et de ses mercenaires du groupe Wagner a sapé la légitimité de Poutine. Il reste à déterminer si les dommages sont fatals. … Même si Prigojine disparaît, le mécontentement qu’il a révélé restera un talon d’Achille pour Poutine.
David Ignatius : Après avoir esquivé la balle, Poutine devra montrer qu’il contrôle la situation
Les vulnérabilités de Poutine ont été clairement mises en évidence le week-end dernier, mais il en va de même pour ses étonnantes capacités de survie. Il s’est introduit dans le complot de Prigojine et l’a arrêté. … Poutine devra montrer qu’il est aux commandes maintenant, après cette expérience de mort imminente. C’est la mauvaise nouvelle pour l’Ukraine et la Russie. »
Une vraie aubaine pour les dirigeants et médias occidentaux qui n’ont vu dans ce brouillard que ce qu’ils avaient envie d’y voir : « Poutine est au bord du précipice et la Russie va y tomber avec lui ».
Par contre, dans la presse alternative les hypothèses cherchant à donner un sens à cette histoire sont bien plus nombreuses et variées. Je vous en livre quelques-unes écrites ou traduites en français mais cette liste est loin d’être exhaustive :
« Contrairement aux commentaires de la presse occidentale, Evgueni Prigojine n’a jamais tenté de coup d’État contre Vladimir Poutine. Il a voulu le faire chanter afin de conserver les privilèges exorbitants qu’il a accumulés depuis la création de sa société militaire privée. Puis il s’est rendu à la raison et a réintégré son poste. »
https://www.voltairenet.org/article219541.html
« La mutinerie de Prigojine était-elle une opération des services de renseignement occidentaux déjouée par les espions russes ? »
« Mais dans ce déluge d’hypothèse, une n’a pas été étudiée et pourtant, selon ma logique, elle correspond le mieux aux faits observés, à la dinguerie du scénario et aux intentions des scénaristes : Et si cette soudaine et intempestive « rébellion armée » n’était qu’une psyop menée par le gouvernement russe avec en tête d’affiche le couple d’acteurs Poutine/Prigojine. »
https://lesakerfrancophone.fr/la-rebellion-de-prigojine-ne-serait-elle-pas-une-psyop-russe
« En fin de compte, les commentateurs néolibéraux et les partisans du plan russe n’ont qu’une vision insatisfaisante des événements. Prigojine n’est ni le signe avant-coureur d’un changement de régime, ni une pièce du jeu d’échecs quadridimensionnel de Poutine. Il s’agit simplement d’un homme mercurien et sauvagement irresponsable qui a vu que sa société militaire privée allait lui être retirée et qui a décidé de faire des efforts extrêmes et criminels pour l’en empêcher. C’est un joueur de cartes qui n’a rien en main et qui a décidé de bluffer pour se sortir d’un mauvais pas – jusqu’à ce que son bluff soit suivi. »
https://reseauinternational.net/guerre-russo-ukrainienne-le-soulevement-de-wagner/
Et même le coup de gueule d’un russe francophone face à ce déluge d’hypothèses :
« J’accuse pourtant une très grande partie de ceux qui soutiennent la Russie, d’être de stupides complotistes au sujet de la rébellion de Wagner ! Je n’ai jamais lu autant de débilités en si peu de temps, y compris dans le groupe de discussion de ma chaine Télégram (A tel point que j’envisage de bloquer les commentaires, c’est dire…) Alors je ne vais pas me faire d’amis, mais comme je n’en ai pas besoin je vais remettre les choses à leur place !
Prigozhin (et les emmerdeurs qui me disent qu’il faut écrire Prigojine peuvent aller se faire voir !) n’a passé aucun “accord préalable” avec qui que ce soit avant de lancer son opération. Ni avec le gouvernement Russe, ni avec la CIA, ni avec les extra-terrestres, ni avec le diable ! »
https://boriskarpov.tvs24.ru/2023/06/26/rebellion-wagner-marre-des-complotistes/
De toutes façons nous ne saurons jamais vraiment les tenants et aboutissements de cette curieuse affaire et les zones d’ombre resteront dans l’ombre car des bizarreries subsistent. En voilà trois prises au passage :
« L’enquête criminelle sur la mutinerie de la société militaire privée Wagner a été abandonnée, a annoncé le Service fédéral de sécurité (FSB) de Russie. Le président russe Vladimir Poutine avait précédemment promis l’immunité aux participants à l’insurrection, dirigée par le chef de Wagner, Evgeny Prigozhin.
L’enquête du FSB “a déterminé que le 24 juin, les participants ont cessé leurs actions visant à commettre le crime”, a rapporté son service de presse mardi. “Compte tenu de ce fait et d’autres circonstances pertinentes, l’organe d’enquête a pris la décision, le 27 juin, d’arrêter l’enquête criminelle…
Le dirigeant russe a offert aux troupes Wagner la possibilité de signer des contrats avec le ministère de la défense ou l’une des forces de l’ordre du pays pour continuer à servir leur pays. Ils peuvent également prendre leur retraite sans encourir de sanction, a précisé M. Poutine.
Ceux qui ne souhaitent pas opter pour l’une ou l’autre option sont libres d’aller en Biélorussie avec Prigozhin, a promis M. Poutine, réaffirmant que son gouvernement n’a pas l’intention de poursuivre le chef de la mutinerie ni les troupes qui lui sont fidèles. »
https://www.rt.com/russia/578779-wagner-criminal-investigation-fsb/
Voilà donc une compagnie de mercenaires à l’origine d’un coup d’Etat qui, la poussière n’étant pas encore retombée, est directement graciée, toute enquête arrêtée, alors même que le FSB, l’agence des services secrets russe, qui a officiellement été incapable d’empêcher une telle histoire, devrait être particulièrement remontée contre elle. La magnanimité de Poutine est extraordinaire.
Mais les bizarreries ne s’arrêtent pas là. Après avoir été graciée elle est autorisée, autant par le gouvernement russe que biélorusse, à installer ses quartiers en Biélorussie. Evidemment c’est un mouvement qui inquiète beaucoup les européens :
« Les pays d’Europe de l’Est membres de l’OTAN ont averti mardi qu’un déplacement des troupes mercenaires russes de Wagner en Biélorussie créerait une plus grande instabilité régionale, mais le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que l’alliance était prête à se défendre contre n’importe quelle menace.
“Si Wagner déploie ses tueurs en série au Belarus, tous les pays voisins seront confrontés à un risque d’instabilité encore plus grand”, a déclaré le président lituanien Gitanas Nauseda à l’issue d’une réunion à La Haye avec M. Stoltenberg et les chefs de gouvernement de six autres alliés de l’OTAN.
“Il s’agit d’une situation très grave et très préoccupante, et nous devons prendre des décisions très fermes. Cela nécessite une réponse très, très ferme de l’OTAN”, a ajouté le président polonais Andrzej Duda.
Le patron de Wagner, Evgueni Prigojine, est arrivé au Belarus mardi dans le cadre d’un accord négocié par le président Alexandre Loukachenko, qui a mis fin à la mutinerie des mercenaires en Russie samedi.
Le président russe Vladimir Poutine a déclaré que les combattants de Wagner auraient la possibilité de s’installer au Belarus. »
Cerise sur le gâteau, non seulement Wagner est autorisée à s’installer en Biélorussie mais aussi à continuer à pouvoir représenter le bras armé de la Russie en Afrique. Incroyable mais vrai.
« Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a annoncé lundi, que le groupe paramilitaire “Wagner” poursuivra son activité dans certains pays africains, malgré la rébellion menée, vendredi soir, par le chef du groupe, Evgueni Prigojine.
Dans une interview accordée à Russia Today TV, Lavrov a déclaré que les forces de Wagner continueront d’opérer en République centrafricaine et au Mali. »
Décidément, les informations autour de cette affaire montrent qu’elle ne suit pas une logique ordinaire, et bien malin celui qui aura le dernier mot. Si ce n’est un vrai brouillard de guerre russe pour aveugler l’adversaire.
Cachées momentanément par ce brouillard, l’Ukraine continue d’enchaîner les pertes catastrophiques sans guère avancer sur le terrain. Le titre de cet article du magazine américain Forbes l’annonce directement : « 25 chars et véhicules de combat disparus en un clin d’œil : La défaite ukrainienne près de Mala Tokmachka a été pire que prévue »
https://www.forbes.com/sites/davidaxe/2023/06/27/25-tanks-and-fighting-vehicles-gone-in-a-blink-the-ukrainian-defeat-near-mala-tokmachka-was-worst-than-we-thought/?sh=139ab1e37918 [traduction avec DeepL].
Comme le conclut l’analyste militaire allemand de Moon of Alabama :
« L’Occident est actuellement incapable de produire autant de munitions que l’Ukraine veut en tirer. Et si les États-Unis ont encore quelques chars de combat Bradleys et Abrams dans leurs réserves, les dépôts de “toutes les armes” dans les autres pays de l’OTAN sont déjà vides. Il n’y a plus de chars, de véhicules blindés ou d’obusiers qui puissent être donnés.
Il n’y a aucune chance que l’Ukraine gagne ce combat ou même qu’elle s’en tienne à ses positions actuelles. C’était facile à prévoir. Ceux qui ont poussé l’Ukraine à agir ainsi devraient être condamnés pour le massacre meurtrier qu’ils ont causé.
L’Ukraine doit faire la paix avec la Russie. Oui, cela s’accompagnera de conditions qui ne seront pas faciles à avaler. Mais il n’y a pas d’autre issue.
Poursuivre le combat, avec des pertes croissantes en hommes et en terrain, n’est pas une alternative viable. »
https://lesakerfrancophone.fr/zaluzhny-est-de-retour-et-demande-plus-darmes
La Russie
Dépités par la résilience de l’économie russe aux sanctions économiques occidentales, les médias grand public compensent en prédisant à tour de bras « la chute de l’économie russe » :
« Alors que la guerre se poursuit dans sa deuxième année et que les sanctions occidentales sont plus dures, les recettes publiques de la Russie sont comprimées et son économie est passée à une trajectoire de croissance plus faible, probablement à long terme.
Les principales exportations du pays, le gaz et le pétrole, ont perdu d’importants clients. Les finances publiques sont tendues. Le rouble est en baisse de plus de 20% depuis novembre face au dollar. La main-d’œuvre a diminué car les jeunes sont envoyés au front ou fuient le pays par crainte d’être enrôlés. L’incertitude a freiné les investissements des entreprises.
“L’économie russe entre dans une régression à long terme”, a prédit Alexandra Prokopenko, une ancienne responsable de la Banque centrale russe qui a quitté le pays peu après l’invasion. »
https://www.wsj.com/articles/russias-economy-is-starting-to-come-undone-431a2878
Il faut dire que les pays occidentaux ont mis le paquet pour blesser à mort l’économie russe :
« Dans le but de punir la Russie pour son agression, les pays occidentaux ont utilisé leur emprise sur le système financier mondial, dévoilant plus de 11 300 sanctions depuis l’invasion et gelant quelque 300 milliards de dollars des réserves de change du pays. Dans le même temps, plus de 1 000 entreprises, allant de BP (BP) à McDonald’s (MCD) et Starbucks (SBUX), ont abandonné ou réduit leurs opérations dans le pays, invoquant l’opposition à la guerre et les nouveaux défis logistiques. »
https://edition.cnn.com/2023/02/22/business/russia-economy-ukraine-anniversary/index.html
On se souvient que, en mars 2022, Bruno Le Maire ne donnait pas cher du pays :
« “On en voit déjà les effets [des sanctions économiques]. Le trésor de guerre de Poutine est déjà réduit à presque rien. Nous allons provoquer l’effondrement de l’économie russe”, déclare le ministre. »
Un an après cette virile prédiction :
« Alors que de nombreux analystes et observateurs s’attendaient à ce que l’économie russe s’effondre sous le poids de la guerre en Ukraine et d’un déluge de sanctions occidentales, le pays est en fait apparu étonnamment résistant en 2022.
Le chef de la Banque centrale de Russie a déclaré en décembre que le PIB russe ne se contracterait que de 3 % en 2022, tandis que le président Vladimir Poutine prévoyait une baisse de 2,5 %.
“L’économie russe a survécu à 2022”, a déclaré l’économiste Janis Kluge de l’Institut allemand des affaires internationales et de sécurité (SWP) au Moscow Times.
“Mais nous ne pouvons pas encore dire qu’il a survécu aux sanctions car elles sont toujours en cours.”
Des économistes comme Kluge avertissent que, derrière les statistiques de fin d’année apparemment positives, il y a de nombreux signes de temps plus sombres à venir.
Et même les chiffres du PIB ne sont pas aussi roses qu’ils pourraient le paraître. »
https://www.themoscowtimes.com/2023/01/03/what-really-happened-with-russias-economy-in-2022-a79856
« Le PIB de la Russie a baissé en 2022, mais pas autant que prévu. En février, le Fonds monétaire international a déclaré qu’il s’attendait à ce que les chiffres définitifs indiquent une légère baisse de 2 % du PIB en 2022, suivie d’une hausse de 0,3 % en 2023 avant un rebond à près de 2 % en 2024, envoyant ainsi le message que l’économie de 145 millions d’habitants est robuste et capable de faire face aux coûts supplémentaires de la guerre. »
Et surtout :
« Les sanctions occidentales n’ont pas miné le potentiel économique de la Russie au point que le Kremlin perde la capacité de financer sa guerre en Ukraine. Les événements de 2022 ont confirmé que l’économie russe est résiliente et que le Kremlin est en mesure d’atténuer tout effet déstabilisateur que le ralentissement économique pourrait avoir sur le front politique.
La durabilité de l’économie russe est déterminée par sa place dans la division mondiale du travail : elle se situe au tout début des chaînes technologiques en tant que fournisseur de ressources naturelles.
Comme l’économie mondiale ne peut croître sans augmenter sa consommation de ressources naturelles, la demande de matières premières russes est maintenue. Cela a, dans une large mesure, protégé l’économie russe de l’impact des sanctions.
En 2021, la Russie a fourni 17,5 % du pétrole vendu sur le marché mondial, 47 % du palladium, 16,7 % du nickel, 13 % de l’aluminium (hors Chine) et près d’un quart des engrais potassiques.
Hypothétiquement, l’économie mondiale pourrait renoncer aux matières premières russes, mais seulement au prix de hausses de prix et potentiellement d’années de récession, ce qui n’est pas dans l’intérêt des politiciens occidentaux.
La tentative des États-Unis de fermer l’accès de l’aluminium russe au marché mondial en 2018 a entraîné un bond instantané du prix de ce métal de 20 %, ce qui a contraint la Maison Blanche à abandonner les plans annoncés. »
https://www.aljazeera.com/opinions/2023/2/28/russia-after-a-year-of-sanctions
Créant plutôt un retour de flamme économique :
« Les États-Unis entreront dans un ralentissement au quatrième trimestre, suivi d’une “année de contraction et d’une récession européenne en 2024”, selon HSBC Asset Management.
Dans ses perspectives de milieu d’année, le gestionnaire d’actifs du géant bancaire britannique a déclaré que les avertissements de récession “clignotent au rouge” pour de nombreuses économies, tandis que les politiques budgétaires et monétaires ne sont pas synchronisées avec les marchés boursiers et obligataires.
Joseph Little, stratège en chef mondial chez HSBC Asset Management, a déclaré que si certaines parties de l’économie sont restées résilientes jusqu’à présent, l’équilibre des risques “indique un risque de récession élevé maintenant”, l’Europe étant en retard sur les États-Unis mais la trajectoire macroéconomique généralement “alignée”. ”
“Nous sommes déjà dans une légère récession des bénéfices, et les défauts de paiement des entreprises ont également commencé à augmenter”, a déclaré Little dans le rapport consulté par CNBC. »
« L’économie allemande se contractera plus que prévu cette année, car l’inflation galopante pèse sur la consommation privée, a déclaré l’institut Ifo mercredi lors de la présentation de ses prévisions.
“L’économie allemande ne sortira que très lentement de la récession”, a déclaré Timo Wollmershaeuser, responsable des prévisions économiques de l’Ifo.
Le produit intérieur brut allemand devrait baisser de 0,4 % cette année, soit plus que les 0,1 % prévus par l’institut Ifo en mars. »
« Les fonds d’actions européens viennent de subir une 16ème semaine consécutive de retrait des investissements, en portant le montant total à 27 milliards de dollars depuis le début de l’année, ont indiqué les stratèges de Bank of America Corp. dans une note vendredi, citant les données d’EPFR Global. Au cours de la seule semaine écoulée, l’Europe a enregistré les retraits les plus importantes parmi les grandes régions, avec un exode de 4,6 milliards de dollars…
“L’exposition à la technologie stimule à nouveau les flux d’actions régionales, au profit des actions américaines et du dollar”, a écrit Emmanuel Cau, stratège chez Barclays Plc, dans une note publiée cette semaine, soulignant que l’Europe était la seule grande région à avoir enregistré des retraits de capitaux en juin. “En revanche, les investisseurs américains ont commencé à vendre des actions européennes pour la première fois cette année, l’affaiblissement des données d’activité entraînant des sorties plus importantes de la région. »
« Une personne sur sept au Royaume-Uni a souffert de la faim l’année dernière parce qu’elle n’avait pas assez d’argent, selon un rapport publié mercredi par l’organisation caritative Trussell Trust, qui s’occupe des banques alimentaires.
Ce rapport, qui fait état de 11,3 millions de personnes, soit plus du double de la population de l’Écosse, met en cause un système de sécurité sociale dysfonctionnel, ainsi qu’une crise du coût de la vie qui ne montre guère de signes d’apaisement.
La Grande-Bretagne est la sixième économie mondiale, mais ses citoyens subissent depuis plus d’un an la pression d’une inflation élevée qui a dépassé la croissance des salaires pour la quasi-totalité des travailleurs.
Les prévisionnistes du gouvernement estiment que les ménages britanniques subissent la plus forte baisse de niveau de vie en deux ans depuis que des données comparables ont été enregistrées dans les années 1950. »
Comme quoi, quand on parle économie mondiale, il faut toujours relativiser les chiffres en les comparant à la tendance générale avant d’affirmer tout verdict. Revenons à la Russie et les prévisions de l’IMF pour ce pays en 2023 :
« Après s’être contracté de 2,1 % l’an dernier, le FMI prévoit désormais une croissance de 0,7 % de l’économie russe cette année, en hausse de 0,4 % par rapport à une précédente prévision de janvier.
L’économie russe devrait ensuite croître de 1,3 % en 2024, en baisse de 0,8 % par rapport aux prévisions précédentes.
Le FMI a relevé ses prévisions pour 2023 après avoir conclu que la Russie avait “été capable de maintenir un certain élan dans l’économie en prenant, par exemple, des mesures budgétaires très fortes” en 2022 et 2023, a déclaré Gourinchas.
“À la fin de l’année dernière, une grande partie de ces dépenses budgétaires était également liée aux dépenses militaires”, a déclaré à la presse Petya Koeva Brooks, directrice adjointe du FMI au département de la recherche. “Mais plus largement, je pense que la Russie a utilisé l’espace budgétaire dont elle dispose pour également soutenir l’économie”, a-t-elle déclaré.
Le FMI s’attend à ce que le déficit budgétaire de la Russie atteigne 6,2 % du PIB cette année, selon un porte-parole. Ce serait presque trois fois la taille du déficit budgétaire de l’an dernier.
L’excédent du compte courant de la Russie devrait également chuter à 3,6% du PIB cette année, contre 10,3% un an plus tôt, en raison de termes de l’échange beaucoup plus faibles, de volumes d’énergie plus faibles et d’une reprise des importations, a déclaré le porte-parole. »
https://www.imf.org/external/datamapper/profile/RUS
Par comparaison le déficit budgétaire de la France, qui n’est pas en guerre, était de 4,7% en 2022, celui des Etats Unis de 5,5%. Quant à l’excédent du compte courant français il est négatif, à -2% du PIB pour 2022, et celui des Etats Unis à -3,6%.
On voit donc, chiffres à l’appui, que les « analystes » des médias grand public voyant ou prédisant une « une économie russe entraînant le gouvernement Poutine dans sa chute » sont loins des faits et plus proches de la propagande de guerre.
Jacques Sapir, un économiste français, nous explique pourquoi de telles erreurs de prévisions quant à l’économie russe :
« Les prévisionnistes, tant en Occident qu’en Russie, ont produit des prédictions souvent catastrophiques sur ce que deviendrait l’économie russe d’ici la fin de 2022. Néanmoins, rien de dramatique ne s’est produit. Cette situation nous rappelle alors un autre échec majeur des prévisions en 1998-1999 à la suite du krach financier russe.
Dans cet article, nous essaierons de comprendre pourquoi de tels échecs de prévision se sont produits, pouvaient-ils être évités et pourrions-nous établir des prévisions plus précises sur l’économie russe pour les temps à venir. »
Enfin, pour les curieux qui veulent connaitre tous les chiffres de l’économie russe, voici un rapport [en anglais mais vous pourrez le traduire en utilisant DeepL] intitulé « l’économie de guerre a adouci l’effet des sanctions », écrit par un Think tank polonais :
La relation Chine-Occident
Comme nous l’avions vu la semaine dernière en parlant de la si médiatiquement discrète visite du Premier Li Qiang en Europe, la poussée occidentale, menée par les Etats-Unis et l’Union Européenne, pour un « de-risking » avec la Chine n’est pas en accord avec l’intérêt général de nations telles que la France et l’Allemagne qui, lors de cette visite, ont passé des accords commerciaux avec la Chine :
« Ils ont appelé à “de-risker” – une politique que Mme von der Leyen, qui assiste au sommet [le dernier sommet du G7 qui s’est tenu au Japon], a défendue. Il s’agit d’une version plus modérée de l’idée américaine de “découplage” de la Chine, où ils parleraient plus durement en diplomatie, diversifieraient les sources commerciales et protégeraient le commerce et la technologie…
Le G7 prévoit également de renforcer les chaînes d’approvisionnement pour des biens importants tels que les minéraux et les semi-conducteurs, et de renforcer l’infrastructure numérique pour empêcher le piratage et le vol de technologie.
Mais le plus gros bâton qu’ils prévoient d’utiliser est le contrôle multilatéral des exportations. Cela signifie travailler ensemble pour s’assurer que leurs technologies, en particulier celles utilisées dans l’armée et le renseignement, ne se retrouvent pas entre les mains d'”acteurs malveillants”.
Les États-Unis le font déjà avec leur interdiction d’exporter des puces et de la technologie des puces vers la Chine, à laquelle le Japon et les Pays-Bas ont adhéré. Le G7 indique clairement que ces efforts non seulement se poursuivraient, mais s’intensifieraient, malgré les protestations de Pékin.
Ils ont également déclaré qu’ils continueraient à sévir contre les “transferts inappropriés” de technologies partagées par le biais d’activités de recherche. Les États-Unis et de nombreux autres pays se sont inquiétés de l’espionnage industriel et ont emprisonné des personnes accusées d’avoir volé des secrets technologiques pour la Chine.
Dans le même temps, les dirigeants du G7 ont clairement indiqué qu’ils ne voulaient pas totalement couper le cordon. »
https://www.bbc.com/news/world-asia-65662720
Pendant que l’Union Européenne installe ses plans de « de-risking », l’Allemagne et la France plaide pour conserver de bonnes relations avec ce pays si important économiquement :
« Alors que la Chine s’affirme de plus en plus dans la poursuite de ses intérêts économiques et géopolitiques à l’étranger, les tensions américano-chinoises augmentent, ce qui conduit de nombreux alliés américains traditionnels à envisager de suivre l’exemple de Washington dans la poursuite d’un « découplage » économique avec la Chine. Leur stratégie vise à réduire la dépendance économique vis-à-vis de la Chine grâce à des contrôles étendus des exportations et à des chaînes d’approvisionnement réorganisées.
Pourtant, en Europe occidentale, la France et l’Allemagne montrent une réticence à rejoindre leurs alliés dans le découplage de la Chine. Les récents commentaires du président français Emmanuel Macron selon lesquels l’Europe ne devrait pas se laisser “prendre dans des crises qui ne sont pas les nôtres” le démontrent.
Les exportations vers la Chine représentaient 7,4 % des exportations totales de l’Allemagne et 4,21 % de celles de la France en 2019, ces chiffres ayant augmenté au cours des trois dernières années pour atteindre des niveaux records. Compte tenu de la classe moyenne croissante de la Chine, le pays présente un énorme marché de consommation potentiel dans les années à venir. »
https://www.aspistrategist.org.au/why-france-and-germany-will-not-decouple-from-china/
« BRUXELLES – La Commission européenne a présenté mardi une stratégie de “réduction des risques” conçue pour développer une économie résiliente moins dépendante de la Chine dans les technologies critiques, alors que les États membres de l’Union européenne restent divisés sur la manière d’aborder les relations avec Pékin.
La proposition de la CE – l’organe exécutif de l’Union européenne – vise à renforcer le contrôle des investissements étrangers directs, à exercer des contrôles à l’exportation pour parer à la “coercition économique” et à faire face aux risques dans les industries qui ont des applications militaires telles que l’informatique quantique, les semi-conducteurs avancés et intelligence artificielle. Bien que la stratégie ne mentionne pas la Chine par son nom, son langage reflète les critiques fréquemment adressées à Pékin par l’Europe, les États-Unis et d’autres…
Mais certains signes montrent que les États membres de l’UE ne sont pas unis dans leur vision de la Chine. Berlin accueille actuellement le Premier ministre chinois Li Qiang, qui s’est entretenu mardi avec le chancelier allemand Olaf Scholz. Le dirigeant allemand a été cité par Reuters comme disant “un dialogue direct, des entretiens personnels, une vraie discussion” avec la Chine était important, tandis que Li a déclaré que Pékin espérait porter les relations bilatérales “à un nouveau niveau”. »
« Le président français Emmanuel Macron a de nouveau lancé un appel public à la construction d’une Europe autonome, dans une tentative persistante de secouer les chaînes de l’Europe et de prouver qu’elle n’est le vassal d’aucune superpuissance…
Macron a fait ces remarques lors d’une longue interview avec Fareed Zakaria, de CNN, publiée dimanche, dans laquelle il a également souligné qu’un programme mondial était impossible sans la coopération entre les États-Unis et la Chine. “Nous avons besoin de coopération, en particulier entre la Chine et les États-Unis”, a déclaré M. Macron à CNN. Au niveau mondial, la priorité absolue est de s’attaquer aux crises existantes et de lutter contre les inégalités, la pauvreté et le changement climatique, selon le dirigeant français.
Il a également souligné son espoir de construire une bonne relation et de promouvoir la coopération avec la Chine. »
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293199.shtml
« La PDG du groupe technologique allemand Merck KGaA (MRCG.DE) a déclaré que le démantèlement des liens commerciaux avec la Chine aurait un coût économique élevé et qu’elle misait sur le dialogue pour apaiser les tensions entre Pékin et les puissances occidentales…
“Quand j’entends des politiciens dire qu’il faut découpler, je ne pense pas que ce soit faisable… il faudra 20 ans pour découpler, et pour quoi faire ?” dit-elle. “Nous risquons un monde global qui a apporté le bien-être, plus d’innovation, plus de collaboration.”
Merck a déclaré que ses racines en Chine remontent à près de 90 ans. L’année dernière, le pays représentait 3,2 milliards d’euros (3,4 milliards de dollars) sur 22,2 milliards d’euros de ventes de groupe, avec des produits comprenant des équipements de bioréacteur ainsi que des produits chimiques pour la fabrication de puces électroniques et d’écrans plats. »
Bien sur la Chine aussi, grande bénéficiaire de la mondialisation, ne voit pas ce « de-risking » d’un bon œil et l’a fait savoir pendant le Forum de Davos d’été :
« Le Premier ministre de la Chine Li Qiang a déploré mardi 27 juin dans un discours les appels occidentaux à réduire les dépendances vis-à-vis de son pays, y voyant une “fausse proposition” dans un monde aux économies entremêlées…
“En Occident, certaines personnes montent en épingle le principe selon lequel il faudrait réduire la dépendance, éradiquer les risques”, a déclaré le Premier ministre chinois lors de l’ouverture du Forum économique mondial à Tianjin (nord de la Chine).
“Ces deux concepts, c’est une fausse proposition, car avec le développement de la mondialisation économique, l’économie mondiale est devenue une communauté où tout le monde est entremêlé”, a-t-il souligné, prononçant le mot de “coopération” à d’innombrables reprises.
“Les économies des pays sont imbriquées, interdépendantes, prospèrent mutuellement et se développent ensemble. C’est fondamentalement une bonne chose, pas une mauvaise chose !” »
Pendant que Bruxelles et Washington s’orientent vers ce « découplage », le reste du monde n’a aucune intention de couper ses relations commerciales avec la Chine :
« Craig Polkinghorne, banquier principal à la Standard Bank, basée en Afrique du Sud, a déclaré au Global Times mardi en marge du forum que la Chine est un partenaire commercial très important pour presque tous les pays africains, et que si la croissance de la Chine change, cela aura un impact important sur l’Afrique, donc “nous souhaiterions que la croissance chinoise soit aussi élevée que possible”.
“Nous chercherions également à voir où le commerce actuel peut être augmenté, car je pense que trouver des moyens d’accroître le commerce est plus important que de se concentrer sur les chiffres de la croissance”, selon M. Polkinghorne.
En raison de l’expansion continue de l’économie chinoise au fil des ans, la contribution de la Chine à l’économie mondiale ne sera pas inférieure à 30 % cette année si le PIB atteint l’objectif visé, a déclaré l’expert Li, notant que le statut du pays en tant que principal partenaire commercial avec 140 pays dans le monde garantit le dynamisme de l’économie mondiale.
L’activité économique la plus dynamique est attendue en Asie, la réouverture de la Chine devant entraîner un rebond significatif pour le pays et soutenir l’activité sur l’ensemble du continent, selon le rapport du WEF publié en mai.
Le forum de Davos se déroule dans un tourbillon d’événements diplomatiques avec les visites des premiers ministres de quatre pays, dont la Barbade, la Nouvelle-Zélande, la Mongolie et le Viêt Nam, et les accords conclus pour approfondir la coopération dans de multiples secteurs, dont un entre la Chine et la Nouvelle-Zélande pour tirer parti de leur accord de libre-échange amélioré.
“Le marché chinois est incroyablement dynamique et revêt une importance stratégique pour nous”, a déclaré Peter McBride, président du géant laitier néo-zélandais Fonterra, au Global Times.
L’Arabie saoudite aurait également envoyé une importante délégation comprenant six ministres et vice-ministres au Davos d’été, alors que la coopération bilatérale s’est approfondie. »
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293280.shtml
« La troisième exposition économique et commerciale Chine-Afrique a débuté jeudi à Changsha, capitale de la province centrale du Hunan. L’exposition accueille davantage de produits “Made in Africa” en Chine et vise à renforcer les liens commerciaux entre les deux parties.
Sur le thème “Développement commun pour un avenir partagé”, l’événement de quatre jours accueillera des représentants de 53 pays africains et de nombreuses organisations internationales.
Le nombre d’exposants a atteint 1 500, soit une augmentation de 70 % par rapport à l’exposition précédente. Une myriade de produits africains sera exposée, des roses kenyanes à l’essence égyptienne, car les commerçants de ces pays profitent de l’exposition pour explorer le vaste marché chinois. »
https://zbcnews.co.zw/2023/06/30/china-africa-expo-opens-in-central-china/
Parallèlement à ce découplage, la politique du chaud et du froid pratiquée par les Etats-Unis envers la Chine, pourtant un des plus gros acheteurs de bons du trésor américain finançant ainsi sa monstrueuse dette, continue et agace. La prochaine visite planifiée de la ministre des finances étasunienne est l’occasion d’exprimer cet agacement, par média interposé :
« Après la visite longtemps retardée du secrétaire d’État américain Antony Blinken à Pékin la semaine dernière, qui a rouvert la voie à des échanges de haut niveau entre les États-Unis et la Chine, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen aurait prévu de se rendre en Chine en juillet, les milieux d’affaires estimant que l’engagement économique officiel est sur le point de prendre le devant de la scène dans le contexte de relations bilatérales détériorées, principalement dues à la perception erronée de Washington.
Ce voyage devrait être motivé par les questions relatives au plafond de la dette américaine, mais certains experts chinois ont averti mardi que s’il existe encore une fenêtre d’opportunité pour réparer les relations entre les États-Unis et la Chine, elle ne sera pas ouverte longtemps, et que Washington doit donc prendre des mesures sincères plutôt que de créer de nouveaux problèmes. »
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293268.shtml
« Le jour même où l’on apprenait que Mme Yellen pourrait se rendre en Chine, une autre information paraissait selon laquelle l’administration Biden préparait un décret visant à contrôler les investissements en capital-risque et en capital-investissement en Chine et dans d’autres pays que le gouvernement américain considère comme des adversaires, ce qui signifie que les gestionnaires de fonds privés américains qui sont restés investis dans le secteur technologique chinois pourraient bientôt être confrontés à de nouvelles restrictions, comme l’a rapporté le Wall Street Journal ce mardi.
Au cours des derniers mois, le gouvernement américain a lancé à plusieurs reprises des ballons d’essai dans différents médias, montrant son intérêt et son enthousiasme à s’engager dans une communication de haut niveau avec la Chine. Selon un rapport de CNN publié en mai, l’administration Biden envisageait d’organiser une série de visites à Pékin de hauts fonctionnaires dans les mois à venir, dans le cadre d’un effort visant à renouer le dialogue avec la Chine sur des questions de fond.
Il se peut que cela se vende bien dans l’arène politique américaine. Mais pour la Chine, notre objectif n’a jamais été de savoir quels hauts fonctionnaires américains viendraient en Chine pour dire des choses agréables ou nouvelles sur les relations sino-américaines, mais plutôt de savoir si les États-Unis ont la sincérité et la politique spécifique pour réellement améliorer et stabiliser les relations avec la Chine. En fait, plus il y aura de visites de politiciens américains qui s’attacheront à montrer une sincérité hypocrite au lieu d’améliorer les relations bilatérales, plus la confiance mutuelle se heurtera à des difficultés.
Le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré lors d’une conférence de presse en mai : “Ce qui compte, c’est que les États-Unis ne peuvent pas continuer à soulever la question de la communication d’un côté, tout en continuant à réprimer et à contenir la Chine de l’autre. Les États-Unis ne peuvent pas dire une chose et en faire une autre“.»
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293284.shtml
Car parallèlement à ces visites de politesse de hauts fonctionnaires étasuniens, les Etats-Unis continuent de prendre des décisions provocatrices envers ce pays. Nous en donnerons ici les deux plus récents exemples.
Le premier est la décision de sanctionner des laboratoires pharmaceutiques chinois qui vendent des produits et matériels qui seraient utilisés par des labos clandestins mexicains pour produire une drogue qui fait des ravages, le Fentanyl :
« En 2021, plus de deux fois plus de personnes sont mortes d’overdoses de méthamphétamine qu’en 2019, selon les données publiées ce mois-ci par les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies. Près d’un tiers des décès par overdose cette année-là – plus de 31 000 – concernaient cette drogue [le Fentanyl]. Les données préliminaires suggèrent que 2022 a été une année encore plus meurtrière.
Les décès liés à la cocaïne sont également en hausse, avec un bond de 24 % en 2020 et 2021, selon les données des CDC.
Les experts affirment que la propagation du fentanyl rend la consommation de drogues plus dangereuse dans l’ensemble. »
https://edition.cnn.com/2023/05/23/health/overdose-deaths-not-just-fentanyl/index.html
Mais le phénomène ne date pas d’hier comme le montre ce texte publié en 2017 :
« La crise de la dépendance aux opiacés est une réalité aux États-Unis. En 2015, plus d’Américains sont morts d’overdose de drogue, que de violence armée. Selon le Washington Post : « Les décès dûs aux opioïdes ont continué à augmenter en 2015, dépassant les 30 000 pour la première fois dans l’histoire récente […] Cela représente une augmentation de près de 5 000 décès par rapport aux chiffres de 2014. » Les décès impliquant de puissants opiacés synthétiques, comme le Fentanyl, ont augmenté de 75% entre 2014 et 2015.
Qui est responsable de la crise ? Presque tous les experts conviennent que les racines de la crise remontent aux années 1990, lorsque les sociétés pharmaceutiques américaines ont commencé à pousser à la vente de médicaments antidouleur et à encourager les médecins à les prescrire, espérant ainsi augmenter leurs profits. Le Centre américain pour le contrôle des maladies demande maintenant aux médecins états-uniens de réduire l’utilisation des analgésiques, car leur prescription systématique au cours des dernières décennies a alimenté la crise…
Le problème de la sur-prescription d’analgésiques a été encore aggravé par l’invasion de l’Afghanistan par l’OTAN en 2002, qui a entraîné un énorme boom de la production de pavot dans le pays. Les champs de pavot d’Afghanistan inondent maintenant le marché mondial, abaissant le prix de l’héroïne à des planchers jamais atteints.
Évidemment, certaines voix dans les médias américains à but lucratif ont choisi de ne pas blâmer les puissantes compagnies pharmaceutiques, qui promeuvent ces produits dans l’unique but d’augmenter leurs profits ou d’accuser les opérations américaines en Afghanistan pour cette épidémie d’overdose qui détruit tant de vies américaines. Ces médias ont, à la place, trouvé un bouc émissaire commode, la République populaire de Chine. »
Là encore, attitude schizophrénique, Blinken veut discuter de ce problème avec la Chine, qui avait déjà pris des mesures, pendant que son administration applique immédiatement des sanctions :
« La Chine a exprimé son “fort mécontentement” contre les sanctions prises contre les entreprises et les individus accusés d’avoir contribué à alimenter la crise du fentanyl aux États-Unis.
Les commentaires sont intervenus quelques jours seulement après que le secrétaire d’État Antony Blinken a déclaré que les deux pays avaient convenu d’explorer un groupe de travail pour endiguer le flux de produits chimiques pouvant être utilisés pour fabriquer la drogue au Mexique.
Avant 2019, la Chine était considérée comme la principale source de fentanyl illicite entrant aux États-Unis avant que Pékin n’impose des contrôles d’exportation plus stricts à la demande de Washington.
Depuis lors, bien que la capacité de production finale se soit largement déplacée vers des pays comme le Mexique, les États-Unis ont déclaré que la Chine restait la principale source d’ingrédients clés et a ciblé ceux qu’ils accusent d’être impliqués dans leur approvisionnement.
Pékin a toujours fermement nié toute implication et a déclaré qu’il s’agissait d’un problème “intérieur” pour les États-Unis. »
« Les États-Unis ont sanctionné mardi plus d’une douzaine d’entreprises chinoises et mexicaines, les accusant d’expédier ou de vendre du matériel qui fabrique des pilules contrefaites, alors qu’ils sévissent contre les importations de fentanyl illégal qui alimente l’épidémie mortelle d’opioïdes aux États-Unis.
Les sanctions visaient sept entités et six personnes basées en Chine, ainsi qu’une entité et trois personnes basées au Mexique, selon un communiqué du département du Trésor américain publié mardi.
Ces cibles sont directement ou indirectement impliquées dans la vente de presses à comprimés et d’autres équipements utilisés pour imprimer des marques commerciales contrefaites sur des pilules produites illicitement, souvent mélangées avec du fentanyl, qui sont fréquemment destinées aux marchés américains, a indiqué le département. »
https://edition.cnn.com/2023/05/31/economy/us-sanctions-china-fentanyl-intl-hnk/index.html
« Le 23 juin, le ministère américain de la justice a engagé des poursuites pénales contre quatre entreprises chinoises de fabrication de produits chimiques et huit personnes “accusées de trafic illégal de produits chimiques utilisés pour fabriquer du fentanyl”. Il s’agit d’un événement marquant dans la mesure où les États-Unis ont mis l’accent sur la question du fentanyl et “joué la carte du fentanyl” depuis un certain temps. Des sanctions déraisonnables contre les agences chinoises responsables de la lutte contre la drogue, au dénigrement et à la sanction illégale des entreprises chinoises, en passant par l’opération d’infiltration malveillante et les accusations criminelles de cette fois-ci, les actes unilatéraux des États-Unis consistant à se défausser de leur responsabilité et à blâmer des facteurs externes pour des maladies internes, ainsi que leur recours à une juridiction de longue haleine, sont de plus en plus perçus comme n’ayant pas de fondement.
Certains médias américains ont également affirmé que les États-Unis “s’approvisionnent en produits chimiques précurseurs du fentanyl en Chine”, tentant ainsi de coller l’étiquette de “trafiquant de drogue” à la Chine, alors que ce pays mène la répression la plus sévère au monde en matière de drogues. Ce genre de battage médiatique est sinistre, mais aussi très amateur. Les “précurseurs du fentanyl” mentionnés par les États-Unis sont en fait des produits chimiques qui peuvent être impliqués dans la production de fentanyl, mais il s’agit de produits ordinaires qui ne sont pas contrôlés par les conventions internationales sur les drogues et la législation chinoise, et les produits précédemment sanctionnés par les États-Unis comprennent même des moules médicaux ordinaires tels que des machines de remplissage de gélules. C’est comme si, lorsqu’il y a une fusillade de masse aux États-Unis, on blâmerait les pays qui exportent de l’acier au lieu d’en chercher la cause profonde. Le fait de sanctionner les entreprises qui exportent de l’acier signifie-t-il qu’il n’y aura plus de fusillades aux États-Unis ?
En ce qui concerne plus particulièrement la question du fentanyl, l’indulgence générale du gouvernement américain à l’égard des délits liés à la drogue, la prescription excessive de médicaments psychiatriques par les groupes médicaux et l’absence de contrôle aux frontières et de capacités de surveillance et de repérage au niveau national sont autant de facteurs qui contribuent à la prolifération des drogues en Amérique. Telles sont les véritables causes sous-jacentes de la toxicomanie aux États-Unis. Cependant, de l’administration Obama à l’administration Trump et maintenant à l’administration Biden, elles n’ont pas fait face à ce problème ou n’ont pas été en mesure de le résoudre correctement. Elles ferment les yeux sur la circulation et le réseau commercial du fentanyl et d’autres drogues dans le pays. Au lieu de cela, ils veulent rejeter la responsabilité sur la Chine pour donner à leurs concitoyens une explication irresponsable.
Il faut dire que si la “maladie américaine” de la toxicomanie est difficile à guérir, il existe des solutions. Ce dont Washington a besoin de toute urgence, c’est d’une approche sur plusieurs fronts, axée sur la répression des réseaux nationaux de trafic de drogue et la recherche de solutions par le biais d’une coopération internationale multilatérale. »
https://www.globaltimes.cn/page/202306/1293162.shtml
Et l’application de sanctions sans discussions préalables est le contraire de « la recherche d’une coopération internationale multilatérale ».
Un autre exemple de l’attitude schizophrénique envers la Chine :
« Le département d’État américain a approuvé la vente potentielle de munitions et de soutien logistique à Taïwan dans le cadre de deux transactions distinctes d’une valeur maximale de 440 millions de dollars, a déclaré le Pentagone jeudi. »
Déjà en septembre 2022 :
« Les États-Unis ont accepté de vendre pour 1,1 milliard de dollars (955 millions de livres sterling) d’armement à Taïwan, provoquant la colère de la Chine.
L’accord proposé comprend un système de radar pour suivre les frappes entrantes et des missiles anti-navires et anti-aériens. »
https://www.bbc.com/news/world-us-canada-62775544
Il y a une semaine, Blinken était en Chine et promettait à Xi Jinping lui-même que le gouvernement étasunien allait respecter la politique dite « d’une seule Chine » et maintenant son administration va livrer pour un demi-milliard d’armes à Taiwan. Ce qui ne peut être considéré que comme une énième provocation par la Chine.
Alors serait-ce la fameuse technique américaine du « good cop – bad cop » [bon flic – mauvais flic] pour faire parler les suspects. Si c’est le cas cela ne fait que démontrer que les Etats-Unis persistent à se prendre pour les « gendarmes du monde », alors que plus personne, en dehors du bloc occidental, n’en veut. Ou alors l’équipe Biden/Blinken n’a plus aucune emprise sur sa propre administration, comme cela était déjà visible avec Trump qui ne contrôlait pas non plus son administration. Mais alors, y-a-t-il un pilote dans l’avion USA ; si oui, lequel ? Celui qui profite le plus de ces ventes d’armes, le Complexe militaro-industriel ?
Le Monde occidental
La semaine dernière je disais : « Plusieurs signes montrent que le système occidental, dont la dernière version est incarnée par les Etats-Unis/CMI, approche de sa fin lui aussi. Les peuples resteront mais seront animés par un autre ensemble de règles qui formeront un nouveau système, espérons le moins violent et dominateur. »
L’un de ces signes est le fossé qui se creusent entre le peuple et ses dirigeants, montrant que le « système démocratique » à l’occidental, qui fonctionnait bien jusqu’à maintenant, est de moins en moins adapté à notre époque et a besoin de réformes. Le seul problème étant que les dirigeants ne veulent absolument pas de ces réformes. Voici une pédagogique vidéo qui explique bien le fond du problème et ses éventuelles solutions :
https://www.youtube.com/watch?v=LoMO0P8P-zg
« Lorsque la National Election Study a commencé à poser des questions sur la confiance dans le gouvernement en 1958, environ les trois quarts des Américains faisaient confiance au gouvernement fédéral pour faire la bonne chose presque toujours ou la plupart du temps. La confiance dans le gouvernement a commencé à s’éroder au cours des années 1960, au milieu de l’escalade de la guerre du Vietnam, et le déclin s’est poursuivi dans les années 1970 avec le scandale du Watergate et l’aggravation des luttes économiques. La confiance dans le gouvernement s’est redressée au milieu des années 1980 avant de retomber au milieu des années 1990. Mais à mesure que l’économie progressait à la fin des années 1990, la confiance dans le gouvernement augmentait également. La confiance du public a atteint son plus haut niveau en trois décennies peu après les attentats terroristes du 11 septembre, mais a décliné rapidement par la suite. Depuis 2007, les parts disant qu’ils peuvent toujours ou la plupart du temps faire confiance au gouvernement n’ont pas dépassé les 30 %.
Aujourd’hui, 29 % des démocrates et des indépendants à tendance démocrate déclarent faire confiance au gouvernement à peu près toujours ou la plupart du temps, contre 9 % des républicains et des personnes à tendance républicaine. Les démocrates rapportent un peu moins de confiance dans le gouvernement fédéral aujourd’hui qu’il y a un an ; il n’y a pas eu de changement dans l’opinion des républicains. »
https://www.pewresearch.org/politics/2022/06/06/public-trust-in-government-1958-2022/
« Des centaines de milliers de personnes ont à nouveau protesté le 1er mai en France contre la réforme controversée des retraites menée par le gouvernement et des violences ont éclaté entre la police et les manifestants. La popularité du chef de l’État est en baisse et la confiance des Français dans leur gouvernement est l’une des plus faibles en Europe, comme le montre notre carte basée sur les données de l’Eurobaromètre.
Seuls 23 % des personnes interrogées en France en début d’année (janvier/février 2023) ont déclaré faire confiance à leur gouvernement. Seulement quatre pays dans l’UE présentent un niveau de confiance égal ou inférieur : la Croatie (23 %), la Roumanie (21 %), la Bulgarie (19 %) et la Slovaquie en dernière position (14 %). »
Le rapport de l’OCDE : https://www.oecd.org/fr/gouvernance/confiance-dans-les-pouvoirs-publics/
Pour le cas français, les émeutes qui secouent actuellement la France, le phénomène Gilets Jaunes, l’utilisation abusive du 49/3 par le gouvernement sont des symptômes de ce fossé qui se creuse de mois en mois, car ils n’ont visiblement pas de plans pour le combler. Mais en cherchent-ils vraiment ?
Les émeutes actuelles exposent aussi, au reste du monde, la condescendance et le complexe de supériorité des gouvernements et des médias occidentaux. On se souvient des émeutes en Iran ou de celles de Hong Kong pendant lesquels gouvernements et médias occidentaux soutenaient les émeutiers et critiquaient la violence des gouvernements de ces pays respectifs, pour finalement faire exactement la même chose quand cela se passe dans leurs pays. Où sont passées les leçons de morale ?
De son côté, Press TV, le media anglophone iranien a pris un ton très neutre et factuel pour parler des émeutes actuelles :
« Le président français Emmanuel Macron a reporté une visite d’État en Allemagne afin de rester à Paris pour faire face aux massives manifestations liées à l’assassinat par la police d’un adolescent arabo-français, Nahel M, alors que les membres de la famille enterrent le défunt. »
Mais au moment des manifs contre la réforme des retraites, moins dramatiques, le ton était plus sarcastique :
« Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a appelé les autorités françaises à répondre aux demandes des centaines de milliers de manifestants, pour la plupart pacifiques, qui ont défilé dans tout le pays contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, plutôt que d’attiser les troubles dans les autres pays. »
Quant au Global Times, le seul commentaire est lié au fait que :
« Un bus transportant 41 touristes chinois a été attaqué par un groupe d’émeutiers vêtus de noir à Marseille, alors que la violence persiste en France depuis quelques jours.
Une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux chinois montre un pare-brise brisé et un touriste à bord du bus affirmant que les émeutiers vêtus de noir ont tenté de monter à bord du bus et d’en faire sortir les passagers. »
https://www.globaltimes.cn/page/202307/1293529.shtml
Pas un mot critique envers le gouvernement français.
Covid 19/injections d’ARNm
« Des vaccinés produisent encore de la protéine spike après deux ans.
Contrairement à ce qu’avaient affirmé les autorités, les vaccins Covid peuvent modifier l’ADN. Des effets graves et à long terme sont mis à jour. »
https://www.covidhub.ch/vaccines-produisent-proteine-spike-apres-2-ans/
Note du Saker Francophone : N’oubliez pas de participer à la nécessaire ouverture d’esprit de vos connaissances, tant matraqués par la propagande médiatique, en leur envoyant un copié/collé de cette revue de presse, ou son lien internet.
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