Pendant que les émeutes ravagent le pays et que le chaos s’installe, malgré des années de hausse incessante du budget du ministère de l’Intérieur, la Cour des Comptes publie un rapport essentiel sur la situation des finances publiques. Pierre Moscovici, qui la préside, n’hésite pas à souligner, avec une certaine méchanceté, l’absence de conduite réelle dans les affaires de l’État depuis qu’Emmanuel Macron et Bruno Le Maire s’en occupe. Dans la pratique, la Cour appelle à de sérieux efforts pour que la France perde sa place de mauvais élève de l’Europe, qui en dit long sur l’ambiguïté des discours pro-européens de Macron. On aime l’Europe, c’est sûr ? Mais sommes-nous capables de respecter les engagements que nous y avons pris. La France croyait être dirigée par un grand joueur d’échec, un cerveau supérieur qui a toujours un coup d’avance. Elle est en réalité dirigée par un faussaire qui oublie de payer son billet quand il monte dans le bateau.
On connaît les élucubrations habituelles selon lesquelles les Français seraient dirigés par d’abominables néo-libéraux qui “désengagent” l’État et le privent des moyens nécessaires à son fonctionnement pour mieux justifier sa faillite. Ce mythe, colporté par les amis de l’économie collectiviste, de gauche comme de droite, se heurte de longue date aux réalités les plus évidentes, mais on doit tout de même remercier la Cour des Comptes pour la réactualisation des chiffres que son dernier rapport permet.
Sur la simple question de la progression de la dépense publique par habitant, le graphique que nous reproduisons ici est tout à fait parlant : il montre que, avec un indice 100 en 2000, nous sommes passés à l’indice 150 sous François Hollande, puis à l’indice 160 en 2019, et à l’indice 180 en 2022. Autrement dit, depuis qu’Emmanuel Macron est dans les allées du pouvoir, la dépense publique par habitant en valeur a augmenté bon an mal an, a augmenté d’environ 20%, avec une explosion sous le COVID.
Les Français s’en portent-ils mieux ? A en juger par la colère qui s’exprime dans les rues, on peut avoir quelques doutes.
Bruno Le Maire lost in inflation
En égrenant ses pages, la Cour s’autorise de jolis tacles, et quelques piques humiliantes pour Bruno Le Maire qui nous explique depuis un an que la fin de l’inflation est imminente. La Cour le dément sans ambiguïté, et explique par le menu que l’inflation va durer :
On se souviendra ici que, l’an dernier, à la même période de l’année, Christine Lagarde affirmait que l’inflation ne durerait, et Bruno Le Maire annonçait que le pic d’inflation serait atteint fin 2022. Ces brefs rappels permettent de souligner la brillante compétence des donneurs de leçon qui exercent le pouvoir.
La persistance de l’inflation pose de sérieux problèmes aux finances de l’État, et risque de réserver de très mauvaises surprises aux Français, comme nous l’avons déjà évoqué cette semaine :
La Cour prend soin de rappeler qu’une bonne partie de la dette française est libellée en obligations indexées sur l’inflation, ce qui devrait alourdir considérablement la charge de la dette.
Pour l’instant, il est difficile d’évaluer l’envolée à venir des remboursements du fait de l’inflation. Mais rien n’exclut que l’addition dans les années à venir se révèle particulièrement douloureuse pour le contribuable. Là encore, la désinvolture avec laquelle l’équipe Macron s’est jetée à corps perdu dans les emprunts à taux variables indexés sur l’inflation soulève quelques questions sur le sérieux de l’équipe au pouvoir.
L’UE exigera des économies
Mais le plus cruel dans ce rapport tient surtout aux comparaisons entre le désastre financier français depuis l’arrivée du COVID et les réussites de nos voisins européens sur la même période :
Selon les projections annoncées par nos principaux voisins européens pour 2026, la France sera le moins bon élève en matière de déficit public, à condition qu’elle respecte ses engagements ! ce qui est loin d’être assuré.
On le voit, un pays comme le Portugal annonce l’équilibre budgétaire, ce qui devrait le faire sortir du fameux “club Med”, où l’on ne retrouvera plus que l’Espagne et l’Italie, avec un déficit de 2,5% du PIB, et la France, avec un déficit de plus de 3%. Grâce au réchauffement climatique, la Belgique est toutefois en passe de remplacer le Portugal dans ce club.
Les performances en matière de réduction de la dette sont encore plus impressionnantes :
Comme on le voit, la France n’est pas le pays qui s’est le plus endetté à l’occasion du COVID (l’Autriche, l’Italie et le Portugal ont fait pire), mais c’est le pays qui se désendette le moins vite. En 2026, l’écart de dette par rapport à 2019 devrait encore être de 10 points de PIB, quand l’Espagne aura pratiquement rétabli sa situation, et le Portugal aura réduit sa dette de 20 points…
Le cliquet du bateau ivre
Malgré ces dépenses importantes, les Français semblent très mécontents de la dépense publique en France. C’est un signe important du malaise durable qui s’est emparé du pays.
En effet, on voit bien qu’une fois des seuils de dépenses franchis, la France ne parvient jamais à revenir en arrière, ou alors au prix de tragédies nationales difficiles à surmonter, et sans véritable impact sur les volumes de dépenses. C’est l’effet cliquet.
Le problème est que ce cliquet est installé sur un bateau ivre : on le voit, l’État dépense sans compter, de plus en plus, de moins en moins bien, et sans qu’aucun projet clair n’émerge. C’est le prix à payer pour la gouvernance autoritaire de Macron. Pour que le Président puisse encore sortir de son bureau, il est obligé d’aligner les chèques à tout propos pour tenter d’acheter la paix sociale, avec le manque de succès qu’on lui connaît.
Où allons-nous ainsi, alors que les nuages s’amoncellent ? Le sait-il seulement ? La France est un bateau ivre, dirigée par un enfant capricieux qui nous mène dans le mur.
L’UE exigera des économies
Mais le plus cruel dans ce rapport tient surtout aux comparaisons entre le désastre financier français depuis l’arrivée du COVID et les réussites de nos voisins européens sur la même période :
Selon les projections annoncées par nos principaux voisins européens pour 2026, la France sera le moins bon élève en matière de déficit public, à condition qu’elle respecte ses engagements ! ce qui est loin d’être assuré.
On le voit, un pays comme le Portugal annonce l’équilibre budgétaire, ce qui devrait le faire sortir du fameux “club Med”, où l’on ne retrouvera plus que l’Espagne et l’Italie, avec un déficit de 2,5% du PIB, et la France, avec un déficit de plus de 3%. Grâce au réchauffement climatique, la Belgique est toutefois en passe de remplacer le Portugal dans ce club.
Les performances en matière de réduction de la dette sont encore plus impressionnantes :
Comme on le voit, la France n’est pas le pays qui s’est le plus endetté à l’occasion du COVID (l’Autriche, l’Italie et le Portugal ont fait pire), mais c’est le pays qui se désendette le moins vite. En 2026, l’écart de dette par rapport à 2019 devrait encore être de 10 points de PIB, quand l’Espagne aura pratiquement rétabli sa situation, et le Portugal aura réduit sa dette de 20 points…
Le cliquet du bateau ivre
Malgré ces dépenses importantes, les Français semblent très mécontents de la dépense publique en France. C’est un signe important du malaise durable qui s’est emparé du pays.
En effet, on voit bien qu’une fois des seuils de dépenses franchis, la France ne parvient jamais à revenir en arrière, ou alors au prix de tragédies nationales difficiles à surmonter, et sans véritable impact sur les volumes de dépenses. C’est l’effet cliquet.
Le problème est que ce cliquet est installé sur un bateau ivre : on le voit, l’État dépense sans compter, de plus en plus, de moins en moins bien, et sans qu’aucun projet clair n’émerge. C’est le prix à payer pour la gouvernance autoritaire de Macron. Pour que le Président puisse encore sortir de son bureau, il est obligé d’aligner les chèques à tout propos pour tenter d’acheter la paix sociale, avec le manque de succès qu’on lui connaît.
Où allons-nous ainsi, alors que les nuages s’amoncellent ? Le sait-il seulement ? La France est un bateau ivre, dirigée par un enfant capricieux qui nous mène dans le mur.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/06/30/moscovici-montre-comment-la-france-de-macron-est-un-bateau-ivre/
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