Ces derniers jours, l’univers s’est fracturé et la réalité des uns et des autres a connu une violente rupture. Pour certains, la surprise est totale. Pour d’autres, en revanche, la seule surprise est de voir que les premiers écarquillent les yeux devant ce qui était une évidence depuis des lustres…
Ainsi, la réalité médiatique s’est brutalement retournée entre jeudi et dimanche.
Les dernières soirées de juin furent apparemment et selon la presse, le début d’une véritable guerre civile en France. Surmédiatisant absolument tout ce qui se passait dans quelques endroits spécifiques du pays, la presse a largement alimenté un sentiment de panique qu’on pouvait lire un peu partout, à tel point que la presse étrangère en déduit à présent que la France, toute la France, d’un bout à l’autre de son territoire, est complètement livrée aux hordes barbaresques.
La presse nationale, fidèle à ses habitudes, a goulûment relayé les saillies politiques des épaves socialistes et communistes les plus en vue des partis d’extrême-gauche et autres écolopathes politisés frétillants d’idiotie qui s’enthousiasmaient sur les réseaux sociaux de ces pillages et de ces violences absurdes en leur trouvant autant d’excuses que d’explications. L’inévitable noria de sociologues de médias et autres experts des cités émotives s’est mise en place sur les plateaux télé et radio pour nous débiter les âneries habituelles afin de faire passer des curées d’animaux sans dressage ni culture pour des révoltes politiquement motivées.
Rapidement cependant, la réalité des racailleries et autres pillages apparut pour ce que c’était vraiment, et à mesure que les folliculaires dépêchés sur place se faisaient niaisement prendre à partie, la presse s’est retrouvée entre le marteau de la réalité et l’enclume du pouvoir, pas du tout décidé à laisser transparaître l’image pourtant évidente qu’il était totalement sinon dépassé, au moins impuissant à faire régner l’ordre dans ces quartiers.
Et là, à la troisième nuit, alors que le gouvernement commence à mettre la pression sur les réseaux sociaux, le “miracle” se produit, au moins dans la presse : tout rentre dans l’ordre rapidement, ou presque.
L’Obs invente rapidement le nouveau concept d’émeutes calmes (après tout, CNN avait bien proposé l’idée d’incendies criminels essentiellement pacifiques) et décrète qu’il n’y a plus rien à signaler.
Pour d’autres propagandistes, la nuit, bien que pleine de violences, est aussi plus calme ce qui permet déjà d’entrevoir la fin des événements et le retour à la normal (mais si). En somme, ça se passe mieux, ça rentre dans l’ordre, circulez, il n’y a rien à voir et surtout rien à distribuer sur les réseaux sociaux.
N’oubliez pas : “Si ce n’est pas dans les médias, ça n’existe probablement pas” comme le disait ce clown de Julien Pain, fact-checker dans l’une de ces officines de bras cassés payées par le contribuable pour lui faire comprendre que ce qu’il voit n’est pas ce qu’il voit, ce qu’il entend est une hallucination et ce qu’il comprend est en réalité une théorie du complot raciste d’extrême-droite.
Pendant que la presse se débat donc avec une réalité un peu trop mobile et souple pour ses vieux réflexes gauchistes, c’est la réalité des bobos de centre ville qui est aussi bousculée avec vigueur : ce ne sont plus seulement de lointaines banlieues qui crament, mais aussi les petites boutiques de quinoa inclusif en bas de chez eux. L’horreur est d’autant plus grande qu’elle est subitement proche et que l’État est littéralement aux abonnés absents malgré la pléthore de numéros verts agressivement niais qu’il a mis en place.
Même la réalité de la cocosphère a été bousculée : appelant à une inévitable et caricaturale convergence des luttes au début des événements, les habituels petits agitateurs de la France Insoumichon se sont rapidement retrouvés confrontés à un espace-temps différent de celui qu’ils espéraient arpenter avec gourmandise.
N’appelant surtout pas au calme dans les derniers jours de juin, estimant même parfaitement normale les violences, pillages et émeutes désorganisés que les banlieues subissaient alors, les voilà tout piteux deux jours plus tard lorsque ces mêmes pillages, émeutes et autres débordements citoyens, festifs et intersectionnels parviennent jusqu’à leurs petits quartiers tranquilles, lorsque les pillards n’hésitent pas à prendre à partie des élus et lorsque certains comptes commencent à se régler sans octogone et sans règle.
Sans pitié, la réalité rattrape aussi cette insupportable passionaria écoco-consciente, qui, la gueule grande ouverte pour adorer les émeutes lorsqu’elles touchaient ces lambdas qu’elle méprise, se retrouve soudainement solidaire des victimes lorsqu’elles sont, comme elle, adoubées du suffrage électoral.
Que la réalité est dure pour ces bataillons d’imbéciles.
En revanche, les observateurs pragmatiques n’ont absolument pas été surpris.
Comme ils l’avaient prévu, ceux qui avaient cru choisir entre Macron et le chaos ont eu à la fois Macron et le chaos. Finalement, ce n’est que justice : l’imbécilité finit toujours par avoir des conséquences coûteuses. Si on peut nier la réalité, on ne peut nier longtemps les conséquences de sa négation.
Comme ils l’avaient prévu, des décennies de laxisme judiciaire et politique, créant des zones de non-droit hermétiques, ont permis à ce qui était un problème de société de devenir un cancer métastasé. La réalité d’une partition du pays n’est plus un fantasme que pour ceux qui n’ont pas encore eu l’arrière-train cramé par des feux d’artifices (de plus en plus de feux, de moins en moins d’artifices) et ceux-là sont moins nombreux chaque jour.
Comme ils l’avaient prévu, la crise actuelle est l’occasion de mettre en place de nouvelles restrictions de liberté. Macron et sa troupe tapent, de façon aussi débile que scriptée, sur les réseaux sociaux et sur les jeux vidéos (le rock’n’roll a été injustement oublié) mais personne n’est dupe et tous les individus disposant d’un QI à 3 chiffres comprennent qu’il s’agit une fois encore de profiter d’une bonne crise pour contraindre, limiter, asservir et cogner ceux qui ont un réel pouvoir d’organisation et de réponse concrète, efficace, contre l’État et ses expédients.
Comme ils l’avaient prévu, les autorités vont s’aplatir et trouver de l’argent gratuit pour calmer le jeu : les populations calmes et corvéables à merci paieront. Bien sûr, cela n’a absolument jamais marché, ni en rêve, ni sur un malentendu, mais les autorités étant essentiellement composées d’imbéciles et d’incultes, il ne faut pas s’étonner de les voir répéter des recettes du passé, comme un “Cargo cult” de l’échec politique coûteux.
Comme ils l’avaient prévu, les choses devront bien rentrer dans leur ordre naturel, rapidement : le petit business des cités émotives, sa chaîne logistique en flux tendu, ses consommateurs prêts à payer et ses patrons exigeants, ne peuvent pas se permettre trop de jours de fête et d’arrêts intempestifs. Ces émeutes ont été l’occasion pour le gouvernement de mettre un frein “temporaire” aux opérations des douanes et des brigades de stup’ partout en France, ce qui a permis à toute la bonne schnouffe de la période estivale d’arriver en grande quantité sur le territoire sans être gênée. La vague diversion a remarquablement bien fonctionné et l’Élysée pourra donc continuer à multiplier les lignes (de discours oiseux, bien entendu).
Bref, tout se déroule comme prévu, c’est-à-dire de plus en plus mal. Les Jeux Olympiques viennent, à cette occasion, de disposer d’une publicité hors norme, d’une communication mondiale sur l’étendue des services de sécurité et la solidité de l’appareil d’État. Pour le Comité olympique, pour Hidalgo, pour la France, c’est véritablement une vitrine (cassée à coup de crosse d’AK47) et une mission déjà réussie.
Ah, décidément, il est loin le bon temps où nos forces de l’ordre savaient faire régner le calme et la tranquillité dans tout le pays !
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