05 juin 2023

Pour France Inter, l’instinct maternel est une "vaste supercherie"


On a trouvé un slogan pour ce genre de folles : faites des migrants, pas des enfants !

Nous avons passé en gras les passages qui nous paraissaient importants pour la compréhension des théories de ces grandes chercheuses et pour la survie de l’humanité.

Encore une fois, bravo au service public audiovisuel de nous abreuver de tel(le ?)s génies scientifiques !

- La Rédaction d’E&R

L’instinct maternel, cela serait une capacité innée et naturelle des mères à prendre soin de leur bébé, à savoir comment s’occuper de leurs enfants. Il y a aussi derrière ce concept l’idée selon laquelle les femmes ont par nature envie de faire des enfants. Ce serait un instinct d’enfanter, lié à leur capacité de le faire. Cet invariable lié à l’espèce agirait comme une sorte d’appel du ventre que toutes ressentiraient. Ainsi, à partir du moment où l’enfant naît, l’amour serait tout de suite présent, et cela guiderait les mères dans leurs actes quotidiens.

[...]

Les femmes s’occupent-elles des enfants depuis la nuit des temps ?

On pense souvent qu’à la préhistoire, les hommes étaient chasseurs-cueilleurs, et que les femmes s’occupaient des enfants et leur donnaient le sein. Cela sonne comme des évidences, acceptées par tous et toutes, et qui pourtant ne reposent sur rien de concret. La préhistorienne Marylène Patou-Mathis explique dans son livre L’homme préhistorique est aussi une femme (Points, 2022) que la préhistoire a été inventée comme science au XIXᵉ siècle. Il y a eu directement une vision sexiste, et non scientifique de l’homme préhistorique, avec une manière d’invisibiliser les femmes. Dans certaines sociétés préhistoriques, les femmes chassaient par exemple.

En écrivant la bande dessinée Mamas, petit précis de déconstruction de l’instinct maternel (Casterman, 2019), l’autrice Lili Sohn a aussi fait des découvertes sur les rôles familiaux que l’on pense établis depuis toujours, comme elle l’expliquait dans l’émission Modern Love à propos de la préhistoire, toujours :

« Hommes et femmes n’avaient pas de dimorphisme physique, ça veut dire qu’ils avaient la même taille, la même force et que donc on peut imaginer à ce moment-là qu’ils avaient des rôles quand même similaires ».

Elle parle aussi dans sa bande dessinée de textes qui datent de l’Égypte antique sur la contraception et l’avortement, où les femmes s’inséraient des boules d’argile dans le vagin, pour stopper le sperme. C’est ce choix et cette conscience qui distinguent les femmes humaines des femelles animaux, bien souvent dotées d’un instinct. Le fait de faire des enfants n’est pas un besoin viscéral chez les femmes, mais bien plutôt une envie, qui n’est pas toujours présente.

[...]

L’instinct maternel, une invention bien utile pendant la révolution industrielle

[...]

Pour Manuela Spinelli, maîtresse de conférences à l’Université Rennes 2 et spécialiste des études de genre, l’instinct maternel est un concept qui aurait été forgé et instrumentalisé durant le XIXᵉ siècle, longue période où l’on a ficelé ce mythe, pour des raisons politiques, économiques et sociales. Elle explique que durant la révolution industrielle, le nombre d’ouvriers et d’ouvrières augmente. Les femmes travailleuses devaient parfois quitter leur campagne pour travailler à l’usine, et étaient peu présentes dans leur foyer :

« Les horaires étaient terribles, les salaires très bas. Il n’y avait pas de véritable législation ni de tutelle. Les hommes, les femmes, mais aussi les enfants travaillaient. Donc c’est une situation très tendue qui donnait lieu à des révoltes sociales. On essaie en quelque sorte d’étouffer un peu partout ces révoltes. L’action pour calmer les esprits, c’était notamment de pousser les femmes à rester plus à la maison. Ce qui signifiait d’augmenter les salaires des ouvriers pour qu’ils puissent prendre en charge le foyer. »

Et pour convaincre les femmes, on présente le domaine privé de la famille et de la maison comme leur royaume. C’était là qu’elles devaient déployer leurs capacités et leurs compétences.

C’est ainsi qu’apparaît aussi la notion de chef de famille qui entretient toute la maison, alors qu’avant tout le monde travaillait. Selon Manuela Spinelli :

« C’est à ce moment qu’on commence à mettre de plus en plus en avant le lien qui se crée entre la mère et l’enfant. Et on commence aussi à utiliser cet argument de ce lien pour, en quelque sorte, responsabiliser les mères en leur disant qu’elles étaient les seules qui savaient prendre soin des enfants, qui pouvaient savoir ce qui était le mieux pour eux. C’est aussi à ce moment qu’on commence, et de façon plus nette, précise et répandue, à parler de l’amour maternel. »

[...]

La rencontre et le lien qui se tisse

Quand l’enfant naît, nombreuses sont les femmes à ressentir un lien instantané avec leur bébé, et même de l’amour. Mais nombreuses sont aussi les femmes à ne pas le ressentir. On a tendance aujourd’hui encore à culpabiliser les mères qui n’arrivent pas à créer ce lien, qui ne sont pas à l’aise avec leur bébé. Alors que cette parole était autrefois taboue, certaines personnalités (comme Serena Williams) et des autrices françaises (comme Lili Sohn et Sophie Andriansen) ont parlé de cette relation mère/enfant qui peut mettre du temps à s’installer.

Lili Sohn expliquait par exemple dans l’émission Modern Love comment elle a vécu la rencontre avec son bébé, après l’accouchement puis durant la période du post-partum :

« Je n’ai pas de sentiment d’amour pour ce petit être. J’ai de l’adrénaline à le regarder parce qu’il est neuf, à regarder comment il fonctionne, à apprendre à m’occuper de lui. Mais je n’ai pas de sentiment amoureux. Je me dis souvent que ça serait quand même con qu’il meurt. Je l’ai fabriqué pendant neuf mois et c’était long. Ce serait dommage et je ne lui veux que du bien. Mais non, je n’ai pas de sentiments et finalement, tout d’un coup, je me sens soulagée aussi par le fait que c’est comme n’importe quelle relation humaine. En fait il n’y a pas d’amour instantané, il n’y a pas de coup de foudre. J’ai mis peut-être trois mois à lui dire "je t’aime". Mais peut-être que s’il avait pu s’exprimer, il aurait pu dire la même chose. Il y a une relation, il est dépendant de moi, donc il n’avait pas le choix. Mais vraiment, ce sentiment a mis du temps à naître. »

[...]

Le mythe de l’instinct maternel, creuset des inégalités femmes-hommes

C’est sur ce supposé instinct maternel que reposent beaucoup d’inégalités dans les couples hétérosexuels ‒ où rappelons-le 70 % des tâches domestiques et parentales sont assumées par les femmes. Plus l’on passe de temps avec le bébé puis avec l’enfant, plus une relation peut se nouer et l’amour croître. L’attachement se développe en fonction du temps passé avec son enfant, comme l’explique Mounia El Kotni, anthropologue, qui nous rapporte plusieurs études allant dans ce sens. L’ocytocine, qui est l’hormone du plaisir et de l’attachement, est produite par la mère dans certains types de soins apportés aux bébés et dans certains moments que sont par exemple les câlins. Mais des études récentes montrent que l’ocytocine est produite quel que soit le sexe du parent qui fait ces tâches. Elle explique :

« L’article dit notamment que comme ce sont des tâches qui sont plus souvent associées aux femmes ou imposées aux femmes, du coup elles développent plus d’attachement. »

[...]

C’est également ce que nous indique Mounia El Kotni, qui s’est intéressée à la diversité de façons de s’occuper des enfants dans le monde :

« L’instinct maternel, c’est plutôt une construction sociale qui est liée au patriarcat, mais aussi au fait que les mères sont assignées au soin des enfants et développent une expertise principale en étant le plus longtemps et le plus souvent à leur contact. »

Une bonne raison, par exemple, d’augmenter la durée du congé paternité pour qu’il soit équivalent au congé maternité ?

Lire l’article entier sur radiofrance.fr

La grosse dame : L’instinct maternel n’existe pas »

Gisèle Halimi : « L’instinct maternel n’existe pas » (2009)

Pour l’avocate antifrançaise, l’instinct maternel est une « fabrication de la société pour aliéner les femmes ». Pour les aliéner aux enfants, bien entendu, qu’elles n’aiment pas plus que ça, et « pour les distraire de ce qu’elles pourraient faire ailleurs ». Un faire ailleurs bien mystérieux : construire des routes ? Aujourd’hui que les femmes sont libres, on ne voit pas ce qu’elles font d’extraordinaire par ailleurs : on attend toujours l’explosion du génie féminin...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.