29 juin 2023

L’Occident n’a plus peur de la guerre nucléaire


Lorsque l’on raisonne un tant soit peu rationnellement à l’égard de l’arme nucléaire, c’est-à-dire à froid, en toute possession de sa conscience et donc sans passion, une vérité s’impose, empreinte de sagesse : il ne peut y avoir de gagnants dans une guerre nucléaire ! C’était d’ailleurs le sens du concept de « dissuasion ». Et cela a bien fonctionné, jusqu’à un passé récent. Car, les choses changent. Est-ce le fait d’une évolution des mentalités, celles de générations qui n’ont finalement pas connu de conflit à grande échelle, de villes dévastées, de familles détruites, mutilées, etc. ?

Ou les effets pervers du jeu vidéo « Call of duty » ? Le virtuel agit-il comme un virus qui déforme le réel dans nos esprits ? En novembre dernier, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait exhorté à ne pas avoir peur d’une guerre nucléaire ! Rien que cela. Et depuis, les scénarios en ce sens prolifèrent, jusqu’à imaginer ce que serait un « hiver nucléaire » qui couvrirait toute la planète, même à l’Équateur, durerait 10 mois, faisant chuter la température mondiale à -20 degrés. Exit donc le réchauffement climatique … L’inadmissible devient possible, notamment en Occident, en particulier chez les Neocons américains, ce que souligne Evgueni Fedorov dans cet article. 

L’Occident a de moins en moins de mal à franchir les « lignes rouges ». En toute honnêteté, la fourniture de chars de l’OTAN, présentée comme une terrible gifle à la face de la Russie, s’est avérée être un revers moins dramatique qu’annoncé… En effet, l’offensive de juin des forces armées ukrainiennes a démontré que les équipages de chars sont mieux protégés dans des véhicules aux normes soviétiques que dans les chars fournis par l’OTAN. Les chars des séries T-72, T-64 et T-80 sont certainement mieux maîtrisés par les Ukrainiens : sans prétention et plus mobiles.

L’Occident franchit sans crainte les lignes rouges du Kremlin

Franchir les « lignes rouges » fixées par le Kremlin, en fournissant des chars occidentaux, s’est avéré être une action politique typique de provocation de l’Occident. Mais qui prend cela en considération aujourd’hui ? Le constat qui reste à l’esprit, c’est que la Russie n’a aucunement répondu à cette implication croissante de l’OTAN dans le conflit. A moins de considérer que le prix d’un Léopard brûlé ne soit fixé à 1 million de roubles. Comme si ce Tank était dix fois meilleur et plus dangereux que les T-72, T-62 et T-80.

Cependant, il s’agit d’un sujet de discussion un peu dépassée. Et il nous faut désormais nous concentrer sur une question plus fondamentale : la perspective d’une troisième guerre mondiale, dans sa traduction la plus grave, c’est-à-dire un conflit nucléaire. Plus précisément, pourquoi les élites occidentales franchissent-elles à maintes reprises les lignes rouges du Kremlin, sans être particulièrement angoissées par les conséquences des représailles nucléaires ? Bien sûr, cela ne concerne pas l’Ukraine, mais les « joueurs des ligues 1 » qui augmentent délibérément le degré de confrontation. Le simple constat que l’OTAN a équipé une force pour une offensive d’été dans le Donbass devrait déjà suggérer de lancer une frappe de représailles contre Bruxelles et Washington. S’agissant du bombardement de la zone frontalière russe, la même règle devrait s’appliquer.

Mais l’apocalypse nucléaire ne vient pas, et l’Occident croit de moins en moins à la possibilité même de l’impensable. Dans le même temps, beaucoup considèrent les risques modernes d’apocalypse mondiale comme encore plus élevés que lors de la crise, bien connue, des missiles de Cuba. Beaucoup, mais pas tous. Surtout en Occident. 

Pour quelle raison l’Occident ne croit pas à une guerre nucléaire ?

Rappelons que les événements de la crise des missiles de Cuba portaient sur le risque d’un échange de frappes nucléaires entre les Américains et l’Union soviétique. Mais à l’époque, ceux qui traitaient de cette crise étaient des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.

John F. Kennedy avait non seulement combattu dans le Pacifique, mais il avait même réussi à se faire remarquer pour un petit exploit, en sauvant l’équipage de son torpilleur. Peut-être que cette anecdote a été inventée pour glorifier l’image du président… Cependant, Kennedy a vraiment servi dans la marine pendant des années de conflit et a été témoin de nombreux faits de guerre. Le deuxième acteur des événements caribéens était le secrétaire à la Défense, Robert McNamara. Il n’avait pas combattu sur le front, mais s’occupait de statistiques des forces aériennes de bombardiers. Il quitta son engagement militaire en 1946 avec le grade de colonel. Toutefois, il connaissait aussi de première main les horreurs de la guerre. L’on est confronté malgré tout à beaucoup de situations à l’arrière : la situation cauchemardesque des d’hôpitaux, des infirmes dans les rues et des tombes militaires fraîches. Tout cela peut être appelé un « contexte historique », lequel a permis d’éviter que les habitants de la Maison Blanche appuient sur le bouton rouge.

En Union soviétique, les soldats de première ligne ont beaucoup plus souffert que leurs collègues d’outre-mer pendant les années de guerre. Ils ont également parfaitement compris ce que pourrait être l’horreur d’un autre massacre mondial, nucléaire cette fois. 

Des générations de cadres aux États-Unis ont changé, et les peurs se sont évaporées avec eux

Le dernier président américain à avoir combattu, George W. Bush, a déclenché la guerre “de loin”, mais n’a pas menacé la Russie. Le très « pure pacifique » Clinton, quant à lui, a bombardé Belgrade. Bush Jr., né en 1946, a envahi l’Irak et l’Afghanistan. Il a également fait la promotion de la cause ukrainienne. Et tout ceci s’est poursuivi avec le lauréat du prix Nobel de la paix : Obama !

Cette évolution des comportements s’est déroulée exactement de la même manière en Europe. Plus le dirigeant national est jeune, donc éloigné de 1945, et plus la rhétorique antirusse se manifeste. Ainsi, désormais, seuls les sentiments russophobes peuvent conduire à une apocalypse nucléaire.

Le « grand-père Biden » et l’équipe de l’OTAN soutiennent ouvertement l’Ukraine, qui se trouve dans la zone d’influence stratégique de la Russie. Si hier ce soutien s’était exprimé par la fourniture de « Javelin » et autres artilleries portables, désormais, notre ennemi est armé de missiles de croisière. Aucune administration de présidents des États-Unis n’a osé prendre de telles mesures. Les craintes de représailles ne concernent pas la Maison Blanche. 

Battre en retraite ou avertir ?

La réalité est que le Kremlin doit faire face à une organisation, l’OTAN, dont les dirigeants ne comprennent pas les horreurs d’un conflit mondial.

Premièrement, ils n’ont même pas vu la Seconde Guerre mondiale dans les chroniques documentaires. Hollywood a créé l’image d’un gagnant américain. Et il n’y a personne pour dire le contraire : les derniers vétérans des guerres en Europe et aux États-Unis sont presque tous partis. Et pourtant, il serait bon que les Allemands se souviennent une fois de plus de ce que l’aviation alliée a fait à Hambourg et Dresde.

Deuxièmement, cette absence de peur conduit à une impunité imaginaire. Washington et Bruxelles ne croient pas à la détermination russe et au potentiel de ses forces nucléaires. Il faut donc avancer d’un pas, pour que l’ennemi reprenne un peu ses esprits. Faire des démonstrations d’armes… Mais le temps n’est pas encore venu pour la destruction massive.

Aujourd’hui, la Biélorussie dispose d’un arsenal nucléaire. Jusqu’à présent, il est seulement d’ordre tactique. Mais c’est la première étape. Et comme le président Poutine l’a souligné à juste titre, afin que « tous ceux qui pensent à nous infliger une défaite stratégique n’oublient pas cette circonstance ». Cela pourrait sembler être, à première vue, une donnée insignifiante. Qu’y a-t-il de si menaçant dans le déploiement d’un arsenal nucléaire en Biélorussie ? Nous sommes en bons termes avec Minsk depuis longtemps, et en plus, nous avons formé une union.

L’Occident est bien conscient que maintenant l’arsenal russe est encore plus dispersé qu’avant le début de l’Opération Spéciale. Peut-être n’est-ce pas grand-chose, mais pour lui, c’est quand même très désagréable. Le simple fait d’un stockage de charges nucléaires aux frontières de l’Union européenne ne concoure pas non plus la paix. Soit dit en passant, le cas biélorusse peut être utilisé par les dirigeants russes. En cas de tentatives de résolution pacifique du conflit aux conditions russes, les armes nucléaires tactiques peuvent être utilisées comme élément de négociation diplomatique.

L’Occident perd progressivement son influence sur la Russie

Les armes nucléaires sont devenues un argument important dans les négociations, que Moscou ne détenait pas auparavant. Tout comme la reprise de la coopération dans le cadre des traités START, qui avait été suspendue auparavant. Le Kremlin se donne des atouts dans un jeu à long terme. Toutefois, l’on doit s’interroger : de tels arguments auront-ils un effet sur ceux qui fournissent des armes à Kiev ? Ou devrons-nous franchir de nouvelles étapes décisives ?

Il n’y a aucun moyen de battre en retraite en aucune circonstance, car le groupe des « faucons » de l’Ouest sentira immédiatement l’odeur du sang, avec des conséquences imprévisibles. Une chose est claire : il serait beaucoup plus facile de parvenir à un accord avec l’administration John F. Kennedy dans le cadre de la crise actuelle. Son peuple, très probablement, ne se serait pas du tout investi en Ukraine, mais aurait réalisé ses ambitions militaristes, quelque part loin des frontières russes.

La mémoire de la guerre est très importante, et les « partenaires » occidentaux oublieux commettent une grave erreur en reléguant l’héritage de la Seconde Guerre mondiale à l’oubli. Personne n’aimera les nouvelles réalités nucléaires.

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