Satya
Le bonheur est un état de plénitude, selon le spiritualisme moderne et Omer Simpson.
Les Quatre Excellentes Propositions Essentielles du Bouddha
Rectification de dénominations
Par Prajñâ
La traduction convenue du mot sanskrit « Catvâryâsatyâni » est « Les Quatre Nobles Vérités ». Ces vérités ne sont pas à considérer comme des vérités dogmatiques mais comme des outils d’analyse et d’observation approfondie de la réalité. Cependant, traduire « Satya » par « vérité » ne donne pas le sens précis de la racine sanskrite.
La traduction plus précise est « Les Quatre Excellentes Propositions Essentielles ». La racine sanskrite du mot « Satya » est « AS » qui signifie « être » par opposition à exister. Satya signifie « essentialité », « proposition essentielle », « ce qui est », ce qui est vérifiable, irréfutable. Ce n’est pas un dogme. Il n’est aucun dogme en bouddhisme.
Ces « Propositions essentielles » sont justement « proposées » à l’investigation, à la réflexion, à l’analyse scientifique de leurs données pour conduire à une synthèse claire par Intuition métaphysique. Cette démarche exige vigilance et rigueur, « être capable de ne pas croire ». Si vous dites c’est « ma vérité », le dialogue est rendu plus difficile, voire impossible.
L’investigation des « Quatre Excellentes Propositions Essentielles » permet la vérification des caractéristiques du monde moderne et de leurs conséquences, caractéristiques aussi nommées par René Guénon et autres chercheurs.
« Ceux qui veulent sortir les autres du bourbier, sans en être sorti eux-mêmes, sont les « conducteurs de peuples », les grands chefs, les réformateurs, les politiques, les leaders de partis. Ils font de grands gestes, de grandes vagues, torturent leurs adversaires, les fusillent, instaurent des modifications sociales, politiques, font de « justes » guerres, des milliers ou des millions de morts et d’éclopés, des destructions sans nombre ; quand ils sont chefs « religieux », ils imposent leurs dogmes par le fer, le feu et le sang ; et voulant sauver les autres, ils multiplient leurs souffrances. Ces faits ponctuent particulièrement l’histoire des monothéismes et en sont les preuves manifestées. Mais attention, d’autres sortes de « religions » pernicieuses, sournoises et perverses, existent par ailleurs, comme le communisme, le socialisme, le fascisme, le cocovidiotisme, l’écologisme, le wokisme etc. Elles ont leurs dogmes, leurs chefs, leurs rituels, leurs prêtres, leurs menteurs, leurs inquisiteurs, leurs communicants propagandistes, leurs esclaves, leurs bourreaux et leurs victimes…
Leur « dénominateur commun » est ce que le Dharma nomme comme étant les « trois racines toxiques », en sanskrit : Tryakusala mûlam, ou les trois poisons, trivisa, que sont « la convoitise avide, la haine, l’illusion par ignorance ».
Voici l’humain empli de « ses vérités » qui s’écoulent de cette plaie purulente qu’est l’ego, au cours de son périple existentiel dans l’errance depuis la naissance jusqu’à vieillesse, déclin et mort. L’existence se découvre au chercheur comme une succession d’erreurs, d’aberrations pathologiques par vouloir-ignorer, de frustrations en recherche de compensations qui conduisent inexorablement à l’insatisfaction, à la souffrance. La cause en est la soif avide, « Deuxième Excellente Proposition Essentielle ». La Troisième annonce la possibilité de guérison par le traitement à appliquer qui est la Quatrième Excellente Proposition Essentielle.
Les religions jouent leur rôle de systèmes de maintenance sociale, d’ingénierie sociale, de contrôle social. Leurs adeptes qui s’y trouvent uniquement polarisés, sous hypnose, ne le savent pas, immergés dans les croyances, les préjugés, les opinions sans fin. Au sein de ces « systèmes » se trouvent toujours cependant et fort heureusement quelques religieux excellents, Ârya, capables de guider ceux qui peuvent comprendre. Ils sont moines et laïcs, et malgré les difficultés qu’ils rencontrent à guider autrui au-delà des systèmes religieux, ils s’efforcent d’indiquer la position extra-religieuse non-dogmatique. Rappelons encore une fois que cette sortie du « système » est réservée à ceux qui ont le courage de réfléchir pour d’abord se libérer de la peur dans l’instinct de troupeau.
Cela dit, il faut bien admettre, sans avoir pour autant à y adhérer, « l’utilité » des mythes, des religions (lat. « religio » : fait d’être relié à un ou des dieux), précieux garde-fous pour contenir l’humain soumis aux trois racines et aux quatre purulences, âsrava, pour le maintenir autant que possible dans une conduite « ordonnée » … … Bien peu ! Ceci étant, il est vérifiable que lorsque le désir (latin. « desiderare » : cesser de voir) arrive à un point extrême, la dominance peut aller jusqu’à la dictature des guerriers, des politiques, des religieux, des scientifiques ! Et toujours guerres, massacres, tortures, meurtres et toutes sortes d’horreurs sans aucune limite.
Les mythes et les religions déclinant, on voit surgir des « systèmes » philosophiques et politiques, nouvelles mythologies fondées par la parole de quelques « conducteurs ». Aujourd’hui, ces convictions s’effritent et l’on assiste à l’apparition d’un étrange salmigondis où les idéologies de la « modernité » (progrès, sciences, développements…) se mêlent aux croyances « millénaristes » renaissantes (New-Age) véhiculées par des sectes en tous genres. Le drame est qu’en l’absence d’Intuition Métaphysique, le cœur et le mental s’agitent d’une façon délirante, y compris dans l’espace rationnel, où les sciences, certes démythifiantes, mais fondées seulement sur les choses, les phénomènes et les expressions, sont entraînées dans une extension sans fin en forme de spirale dirigées vers l’infiniment petit ou l’infiniment grand. Telles sont les jouissances, tantôt de l’irrationnel qui se gonfle à mesure que déclinent les croyances « traditionnelles », tantôt de la « ratio » impuissante à chercher l’Inconditionné.
Lorsque l’empereur chinois Wu demanda à Bodhidharma : « Que dois-je faire pour gouverner justement l’empire ? », Bodhidharma lui répondit : « Commencez par appliquer la rectification des dénominations ». En d’autres termes : « Redonnez aux mots que vous utiliserez leurs significations authentiques en vous fondant sur leurs racines enseignées par les Sages ». Rappelons aussi que, selon les Traditions primordiales, il n’y a de communication objective que si un véritable « contrat sémantique » existe entre le Locuteur (le Guide éveillé) et l’auditeur (l’élève). C’est pour cette raison que les Instructeurs authentiques du Dharma sont rares et ont peu d’élèves. S’ils ont beaucoup d’élèves il est raisonnable d’être prudent.
Le contrat sémantique est ce qui rend la transmission efficiente et permet d’éviter de sombrer dans la confusion par désinformation. Mais, pour la plupart, les gens ne font que monologuer et non dialoguer.
N’avons-nous pas remarqué que nous vivons une guerre de l’information à tous les niveaux, si visible depuis 2019 ? La principale arme perverse de cette guerre est de supprimer du lexique des peuples les mots qui ont du sens pour appauvrir leurs langages, pour abrutir leurs masses afin de les dominer davantage. Les langues dites sacrées et soi-disant mortes sont les plus vivantes qui soient. Les langues dites vivantes deviennent moribondes.
Quelques propos bouddhiques :
Le Bouddha dira : « Le Bhagavat (le Bienheureux) se sert des mots mais n’est pas pris au piège des mots ».
« Le monde entier est tourmenté par les mots et personne ne peut se passer des mots, mais pour autant qu’on est libéré des mots on comprend réellement les mots ». Le Trésor des chants de Saraha (Sage du Bengale qui vécu entre les 8ième et 10ième siècles)
Le Bouddha s’adressant à son fils : « Vaste est ce monde et plein de dangers, ô Râhula ! ».
Le mot Ârya se retrouve donc dans ce mot sanskrit « Catvâryâsatyâni » et certains pensent qu’il véhicule cette notion d’une race supérieure, ce qui est totalement faux.
Au sens social, Ârya signifie « être distingué », éduqué, conduit par un code éthique fonctionnel nécessaire. Au sens doctrinal, les Ârya sont tout simplement les excellents qui étudient et pratiquent le Dharma, ensemble de chercheurs moines ou laïcs. Il est aussi l’homme noble nommé par Maître Eckhart. C’est tout et il n’est jamais question de dominance entre eux ni envers quiconque. L’Ârya est tout le contraire du barbare dominant que nous voyons ressurgir partout en Occident. Le mot Ârya donnera en cet Occident le mot aristocratie, aristocrate : celui qui est digne d’être connu. Mais où sont-ils passés sauf condamnés à se taire, du moins à être interdits de paroles ? N’est-ce pas ce à quoi nous assistons de plus en plus par des dictats ?
Le Milindapañha, un texte bouddhique relate des dialogues entre Ménandre, le général d’Alexandre le Grand qui se rendra en Inde et le moine bouddhiste Nagasena.
Il y aura une sorte d’OPA qui nourrira et nourrit encore des omerta sur le concept Ârya récupéré par les Romains qui furent en contact avec les grecs. Alexandre le Grand en revenant d’Inde sera accompagné à Athènes par quelques Yogis Indiens qui instruisirent par leurs connaissances quelques philosophes grecs. Mais les Romains firent un usage usurpé et pour le compte « satanique » du mot Ârya. On trouve dans des vestiges Romains des fresques avec la Svastika de l’Inde qui est uniquement un symbole auspicieux et généreux. Comprenons-nous ce qui s’est passé ? Ce symbole n’a rien à voir avec son inversion perverse et son utilisation frauduleuse qui en sera faite par ces Romains, puis plus tard, et encore pire, entre 39 et 45, et puis encore … maintenant. Redisons-le : « Il n’y a pas de race supérieure ». En tout humain se trouve la possibilité d’éveil, la possibilité de surgissement de l’Intuition Métaphysique. Mais ces deux possibilités sont empêchées, enfouies dans le cœur de l’homme, aussi sous pression des environnements biologique, ethnique, culturel, social et « religieux », etc., dans lequel il vit. Retenons que les dominants politiques, religieux, scientifiques, et autres, ne sont au final ni plus avancés et ni mieux lotis que les masses qu’ils maltraitent.
Pourquoi ? Parce que justement, les uns comme les autres ne connaissent pas les Quatre Excellentes Propositions Essentielles du Bouddha ! Que chacun puisse faire ses propres recherches et investiguer la Quatrième Excellente Proposition Essentielle : « l’Excellent Sentier Octuple », l’Âryâstângika mârga.
Deux versets du Dhammapada du Canon Pâli :
- Verset N° 100 : "Meilleur que mille mots sans utilité est un seul mot bénéfique qui pacifie celui qui l’entend."
- Verset N°103 : "Conquerrait-il mille fois mille hommes sur le champ de bataille, vraiment, le plus noble vainqueur est celui qui se conquiert lui-même."
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