Alors que samedi une tentative de coup d'Etat se déroulait en Russie, un sommet très discret "pour la paix" a été organisé au Danemark par les Etats-Unis, formellement à la demande de l'Ukraine, qui en dehors des traditionnels soutiens à la politique américaine dans ce conflit, a convié les BRICS et attendait la Turquie. Et ceux-ci étaient la raison réelle de cette rencontre. Ainsi, les Atlantistes tentent de faire basculer les BRICS d'une "neutralité" fragile vers un fragile engagement "pour l'Ukraine", afin d'affaiblir la position de la Russie.
L'idée de ce sommet, selon le Financial Times, découle directement de l'enlisement de l'offensive ukrainienne, qui n'avance pas. Il est alors nécessaire de renforcer le cercle de soutien à cette guerre et donc de faire sortir certains pays de leur neutralité.
"Nous ne réalisons que peu à quel point le reste du monde n'est pas convaincu", a déclaré un responsable européen. « Ils ne sont pas convaincus. C'est une chose terrible à reconnaître."
Autrement dit, les Atlantistes sont bien isolés. Il y a les pays satellites, politiquement contrôlés, comme en Europe, les pays anglo-saxons de par le monde, qui sont engagés dans cette guerre et mènent le combat au nom du globalisme. La Russie, en multipliant les actions diplomatiques, a développé des alliés, notamment en Afrique. Et il reste une grande partie du monde, la plus grande partie, où les pays tentent de se faire oublier, de continuer à faire du business quoi qu'il se passe et de passer entre les gouttes.
Mais les gouttes se transforment en torrent, il va être de plus en plus difficile de ne pas se faire entraîner par le courant et il va bien falloir que ces pays choisissent sur quelle berge ils vont sortir, faute de ne pouvoir eux-mêmes construire leur berge - n'étant pas des pôles politiques.
Le travail a donc commencé avec les BRICS. Ces pays, coopérant avec la Russie sur le plan économique, ne sont pas des alliés dans ce conflit. Comme le reconnaît parfaitement Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue "La Russie dans la politique globale" :
"Les membres du BRICS ne doivent pas être considérés comme des alliés de Moscou dans le conflit avec l'Ukraine. Ils essaient de rester neutres et appellent à la paix."
Quelle paix ? La réponse n'est pudiquement ici pas donnée. Quoi qu'il en soit, ils ne sont pas des alliés, mais des partenaires. Et leur position est très fragile, puisqu'ils sont totalement dépendants pour leur stabilité économique des circuits globalistes, sans compter qu'ils ne remettent pas fondamentalement en cause la globalisation, ils veulent simplement y obtenir une place plus avantageuse.
Cette brèche ouvre la voie à un sérieux travail avec eux. Ils furent ainsi conviés à Copenhague pour discuter de la paix atlantiste en Ukraine et y sont allés. Pour discuter avec le Conseiller de la Maison Blanche pour la sécurité, Jack Sullivan. Rien n'a filtré depuis.
Mais cette rencontre informelle et très fermée n'est pas la seule. Je cite :
"Le Premier ministre indien Narendra Modi était lui jeudi à Washington, qui s'efforce d'isoler Moscou depuis l'invasion russe de l'Ukraine."
Après deux heures de discussion avec Biden, Modi a réaffirmé qu'il fallait respecter le droit international et la souveraineté des Etats, mais sans préciser de qui il parlait ... Il a également déclaré que c'était aujourd'hui le moment de la diplomatie. Soit.
Ces pays des BRICS ne sont pas politiquement très résistants et leur vision géopolitique réelle est assez réduite, mais il serait extrêmement surprenant que les Atlantistes arrivent à les faire basculer dans un soutien actif à leur cause, en financement et en armes, sans compter les sanctions. Dans ce cas concret, cette faiblesse des BRICS fait aussi leur force. L'inertie géopolitique.
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