Alors que la Turquie et l’Espagne ont tranché leur crise politique par les urnes, Macron s’enlise dans un passage tumultueux. Le traumatisme des retraites est loin d’être “plié”, puisque le président de la Commission des Finances, le LFI Eric Cocquerel, refuse de déclarer irrecevable la proposition de loi abrogeant la réforme Macron. Rien n’exclut une reprise des mouvements sociaux, une sorte de regain contestataire. Surtout, Gérald Darmanin se trouve pris au piège des propositions formulées par les Républicains sur l’immigration. L’affaire risque d’être épineuse pour tout le monde, en débouchant rapidement sur un débat sensible autour de l’engagement européen de la France. Et, à ce jeu-là, rira bien qui rira le dernier. Le pays peut-il encaisser ce nouveau traumatisme ? La question ne semble pas tarauder les Républicains…
La fin de semaine de la Pentecôte a été marquée par deux résultats électoraux surprenants du point de vue de nos médias subventionnés. En Turquie, Reccep Tayyip Erdogan a été réélu président. Le Courrier des Stratèges vous avait annoncé, avant le premier tour, que le président sortant tutoierait la majorité absolue. Et nous vous avions indiqué, vendredi 26 mai qu’il n’y avait plus guère de suspense, puisque le “troisième homme”, Sinan Ogan avait appelé à voter pour Erdogan.
L’important à retenir, c’est que les pressions occidentales sur l’électorat turc pour faire battre Erdogan (coupable de ne pas avoir pris parti contre la Russie!) ont été vraisemblablement contre-productives. Le peuple turc, malgré le tremblement de terre récent et les failles qu’il a fait apparaître dans la gestion du pays, ne souhaitait ni révolution de couleur ni instabilité gouvernementale.
A l’autre bout de la Méditerranée, en Espagne, le parti socialiste du Premier ministre Pedro Sanchez a perdu la présidence de six des dix régions qu’il gouvernait au profit du parti populaire. On remarque aussi une forte poussée de Vox, le mouvement de droite nationaliste:
La fin de semaine de la Pentecôte a été marquée par deux résultats électoraux surprenants du point de vue de nos médias subventionnés. En Turquie, Reccep Tayyip Erdogan a été réélu président. Le Courrier des Stratèges vous avait annoncé, avant le premier tour, que le président sortant tutoierait la majorité absolue. Et nous vous avions indiqué, vendredi 26 mai qu’il n’y avait plus guère de suspense, puisque le “troisième homme”, Sinan Ogan avait appelé à voter pour Erdogan.
L’important à retenir, c’est que les pressions occidentales sur l’électorat turc pour faire battre Erdogan (coupable de ne pas avoir pris parti contre la Russie!) ont été vraisemblablement contre-productives. Le peuple turc, malgré le tremblement de terre récent et les failles qu’il a fait apparaître dans la gestion du pays, ne souhaitait ni révolution de couleur ni instabilité gouvernementale.
A l’autre bout de la Méditerranée, en Espagne, le parti socialiste du Premier ministre Pedro Sanchez a perdu la présidence de six des dix régions qu’il gouvernait au profit du parti populaire. On remarque aussi une forte poussée de Vox, le mouvement de droite nationaliste:
Fil sur les élections espagnoles du 28 mai
— Santiago Muzio 🇦🇷 (@santag78) May 29, 2023
Comment a réagi le Premier ministre espagnol ? Il a convoqué des élections législatives anticipées pour le 23 juillet 2023: “Même si les élections d’hier ont une portée locale et régionale, le sens du vote véhicule un message qui va au-delà. C’est la raison pour laquelle, en tant que chef du gouvernement et secrétaire général du PSOE, j’en assume personnellement les résultats“, a déclaré Pedro Sanchez.
Voilà qui n’est pas très macronien !
Le gouvernement essaie toujours de faire échouer la proposition LIOT sur les retraites
Au cas où vous ne supportez pas l’oxygène démocratique du Bassin Méditerranéen, revenez en France, à l’Assemblée, où le gouvernement et les députés qui lui donnent une majorité relative essaient de toutes les manières possibles de faire échouer la proposition de projet de loi présentée par le groupe LIOT pour un vote le 8 juin prochain,
Après la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, c’est au tour du président de la Commission des Finances, Eric Coquerel, d’être mis sous pression: il s’apprête en effet à juger recevable le texte de LIOT qui propose l’abrogation de la réforme des retraites, en particulier le passage à 64 ans. On se rappelle, que depuis trois semaines le gouvernement suggère que soit invoqué l’article 40 de la Constitution qui permet de juger irrecevable un projet de loi qui mettrait en danger les finances publiques. Eric Coquerel semble devoir annoncer demain que le projet de loi doit suivre son cours.
Fureur en Macronie: « Éric Coquerel ne joue pas son rôle, et il le sait », déclare le député Renaissance Sylvain Maillard qui accuse le président (Insoumis) de la Commission des Finaces d’être partisan ! Rapporteur général de la commission des Finances, son collègue Jean-René Cazeneuve met lui aussi en garde contre le « précédent gravissime » que pourrait créer Coquerel. « Personne, à part pour des raisons politiques, ne peut prétendre que cette proposition de loi est recevable, martèle-t-il. On est dans une manipulation insensée qui crée des attentes auprès des Français en leur faisant croire que le texte pourrait aboutir. L’article 40 n’a pas été prévu pour emmerder les oppositions mais pour protéger les finances publiques. »
Démocratie au-delà des Pyrénées, intimidation du Parlement en-deçà ? Bertrand Pancher et Charles de Courson, qui sont à la manoeuvre au nom du groupe LIOT, ont dénoncé ouvertement les manipulations possibles du gouvernement. Après que l’article 40 a échoué à convaincre, Charles de Courson soupçonne le recours à l’article 44 – qui permettrait au gouvernement de ne faire voter que sur les amendements qu’il a retenus, quel que soit le résultat en Commission, ce mercredi. Et le groupe LIOT se tourne donc vers le Conseil Constitutionnel pour savoir si le gouvernement respecte l’article 24 de la Constitution, qui déclare que c’est le Parlement qui vote la loi.
Evidemment, le gouvernement espère encore sauver la loi sur les retraites grâce à l’appoint du groupe LR. Cependant, macronistes et Républicains s’affrontent en ce moment sur un autre sujet, le projet de loi sur l’immigration.
L’immigration, chronique d’un flop annoncé
Au terme de disputes interminables dans les couloirs gouvernementaux, Elisabeth Borne a finalement cédé à la pression de Gérald Darmanin qui piaffait d’impatience. Alors que la Première Ministre a fait le pari qu’aucune majorité n’était possible sur la question de l’immigration, Darmanin a joué en fanfaron, en soutenant le contraire. Et le voilà qui s’y colle.
Dans la pratique, les Républicains n’ont pas trop mal joué leur coup, puisqu’ils ont présenté un projet complet et sérieux, impliquant une réforme de la Constitution. Dans leur projet, celle-ci devrait permettre d’organiser un referendum sur la politique migratoire, mais aussi permettre de déroger aux traités européens. En outre, les Républicains déposent une proposition de loi qui exclut la régularisation des clandestins qui travaillent en France dans les métiers en tension, et restreint l’accès à l’aide médicale d’Etat.
La manoeuvre est habile, puisqu’elle confronte les macronistes à leurs propres contradictions. Stéphane Séjourné, classé plutôt à la gauche du Président, a déjà son opposition à cette dérogation aux traités européens. D’autres figurent de la macronie l’ont écrit avec virulence dans le Journal du Dimanche. Reste à savoir si cette idée de déroger aux traités européens n’est pas, dans le même temps, une balle que les Républicains se tirent dans le pied. Dans tous les cas, il s’agit d’une façon d’ouvrir la boîte du Pandore souverainiste qui pourrait se révéler beaucoup plus délicate que Retailleau, Marleix et Ciotti ne le pensent.
Dans ce dossier, et Darmanin et les Républicains donnent le sentiment de vouloir jouer un billard à plusieurs bandes, ce qui constitue une véritable prise de risque, selon nous mal mésurée. Beaucoup de Français pensent que l’immigration est un problème critique qui ne doit pas faire l’objet de marchandages politiciens. Vont-ils apprécier que ce sujet soit l’occasion d’ouvrir un débat sur l’Europe, qui risque de se révéler très sensible ? Intuitivement, on sent bien que la zone de compromis se situera autour des métiers en tension. Les Français accepteront-ils un grand arrangement par lequel le gouvernement limiterait l’aide médicale d’Etat, mais obtiendrait des Républicains un accord sur les régularisations des étrangers présents sur notre sol ?
En fait, alors que le traumatisme des retraites est très loin d’être digéré, un autre traumatisme se prépare. Et personne ne peut mesurer la capacité de l’opinion à l’endurer.
Voilà qui n’est pas très macronien !
Le gouvernement essaie toujours de faire échouer la proposition LIOT sur les retraites
Au cas où vous ne supportez pas l’oxygène démocratique du Bassin Méditerranéen, revenez en France, à l’Assemblée, où le gouvernement et les députés qui lui donnent une majorité relative essaient de toutes les manières possibles de faire échouer la proposition de projet de loi présentée par le groupe LIOT pour un vote le 8 juin prochain,
Après la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, c’est au tour du président de la Commission des Finances, Eric Coquerel, d’être mis sous pression: il s’apprête en effet à juger recevable le texte de LIOT qui propose l’abrogation de la réforme des retraites, en particulier le passage à 64 ans. On se rappelle, que depuis trois semaines le gouvernement suggère que soit invoqué l’article 40 de la Constitution qui permet de juger irrecevable un projet de loi qui mettrait en danger les finances publiques. Eric Coquerel semble devoir annoncer demain que le projet de loi doit suivre son cours.
Fureur en Macronie: « Éric Coquerel ne joue pas son rôle, et il le sait », déclare le député Renaissance Sylvain Maillard qui accuse le président (Insoumis) de la Commission des Finaces d’être partisan ! Rapporteur général de la commission des Finances, son collègue Jean-René Cazeneuve met lui aussi en garde contre le « précédent gravissime » que pourrait créer Coquerel. « Personne, à part pour des raisons politiques, ne peut prétendre que cette proposition de loi est recevable, martèle-t-il. On est dans une manipulation insensée qui crée des attentes auprès des Français en leur faisant croire que le texte pourrait aboutir. L’article 40 n’a pas été prévu pour emmerder les oppositions mais pour protéger les finances publiques. »
Démocratie au-delà des Pyrénées, intimidation du Parlement en-deçà ? Bertrand Pancher et Charles de Courson, qui sont à la manoeuvre au nom du groupe LIOT, ont dénoncé ouvertement les manipulations possibles du gouvernement. Après que l’article 40 a échoué à convaincre, Charles de Courson soupçonne le recours à l’article 44 – qui permettrait au gouvernement de ne faire voter que sur les amendements qu’il a retenus, quel que soit le résultat en Commission, ce mercredi. Et le groupe LIOT se tourne donc vers le Conseil Constitutionnel pour savoir si le gouvernement respecte l’article 24 de la Constitution, qui déclare que c’est le Parlement qui vote la loi.
Evidemment, le gouvernement espère encore sauver la loi sur les retraites grâce à l’appoint du groupe LR. Cependant, macronistes et Républicains s’affrontent en ce moment sur un autre sujet, le projet de loi sur l’immigration.
L’immigration, chronique d’un flop annoncé
Au terme de disputes interminables dans les couloirs gouvernementaux, Elisabeth Borne a finalement cédé à la pression de Gérald Darmanin qui piaffait d’impatience. Alors que la Première Ministre a fait le pari qu’aucune majorité n’était possible sur la question de l’immigration, Darmanin a joué en fanfaron, en soutenant le contraire. Et le voilà qui s’y colle.
Dans la pratique, les Républicains n’ont pas trop mal joué leur coup, puisqu’ils ont présenté un projet complet et sérieux, impliquant une réforme de la Constitution. Dans leur projet, celle-ci devrait permettre d’organiser un referendum sur la politique migratoire, mais aussi permettre de déroger aux traités européens. En outre, les Républicains déposent une proposition de loi qui exclut la régularisation des clandestins qui travaillent en France dans les métiers en tension, et restreint l’accès à l’aide médicale d’Etat.
La manoeuvre est habile, puisqu’elle confronte les macronistes à leurs propres contradictions. Stéphane Séjourné, classé plutôt à la gauche du Président, a déjà son opposition à cette dérogation aux traités européens. D’autres figurent de la macronie l’ont écrit avec virulence dans le Journal du Dimanche. Reste à savoir si cette idée de déroger aux traités européens n’est pas, dans le même temps, une balle que les Républicains se tirent dans le pied. Dans tous les cas, il s’agit d’une façon d’ouvrir la boîte du Pandore souverainiste qui pourrait se révéler beaucoup plus délicate que Retailleau, Marleix et Ciotti ne le pensent.
Dans ce dossier, et Darmanin et les Républicains donnent le sentiment de vouloir jouer un billard à plusieurs bandes, ce qui constitue une véritable prise de risque, selon nous mal mésurée. Beaucoup de Français pensent que l’immigration est un problème critique qui ne doit pas faire l’objet de marchandages politiciens. Vont-ils apprécier que ce sujet soit l’occasion d’ouvrir un débat sur l’Europe, qui risque de se révéler très sensible ? Intuitivement, on sent bien que la zone de compromis se situera autour des métiers en tension. Les Français accepteront-ils un grand arrangement par lequel le gouvernement limiterait l’aide médicale d’Etat, mais obtiendrait des Républicains un accord sur les régularisations des étrangers présents sur notre sol ?
En fait, alors que le traumatisme des retraites est très loin d’être digéré, un autre traumatisme se prépare. Et personne ne peut mesurer la capacité de l’opinion à l’endurer.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/05/29/du-charybde-des-retraites-au-scylla-de-limmigration/
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