2 milliards d’euros, ça fait combien ?

En attendant un prochain billet sur la comparaison grippe espagnole vs covid-19, quelques réflexions sur l’actualité, montrant avec quel mépris on traite les français en profitant de leur inculture politico-mathématico-économique.

Macron le sauveur vient d’annoncer, en grandes pompes, qu’il va faire un “cadeau” de 2 milliards de réductions d’impôts aux français, sans dire d’ailleurs ni comment, ni quand, car il ne le sait même pas. Tout le monde a applaudi, personne n’a crié au mépris, à la provocation. Acheter 68 millions de français pour 2 milliards d’euros en 10 ans, un exploit médiatique.

Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que les français ne savent pas compter en milliards et que le discours officiel a remplacé le bon sens dans tous les domaines. 1, 10, 100 milliards, les français ne savent pas ce que cela représente. 2 milliards de réductions d’impôts, oui, et alors ? 3 000 milliards de dettes, oui, et alors ? Le raisonnement s’arrête là. Ça résonne dans les têtes, mais sans raisonner.

Il y a pourtant un moyen simple de compter en milliards, de se rendre compte de ce que cela représente. Il faut ramener ces milliards à une échelle personnelle, et là, on comprend mieux ce qui se passe. Personnellement, pour compter en milliards, j’explique toujours que pour se rendre compte de ce que cela représente, il faut ramener ces sommes à chaque habitant : 2 milliards d’euros pour 68 millions de français, cela fait 29 euros par habitant, étalés sur plusieurs années. Merci monsieur Macron pour ces 29 euros. Vous comprendrez mieux ce que je considère comme du mépris.

Si vous faites le même calcul pour la dette, vous vous inquiéteriez un peu plus de son importance. 3 000 milliards de dettes, cela fait 45 000 euros par personne. Un couple avec 2 enfants devra donc se priver dans les années à venir de 180 000 euros, car une dette est une dette, il faudra le rembourser un jour. Ces sommes ne serviront pas pour faire fonctionner la France, mais uniquement à rembourser cette dette, sans compter les intérêts. Pour les deux quinquennats de Macron, la dette aura augmenté de 1 000 milliards d’euros, soit 15 000 euros par personne, et Macron, pour vous aider à payer SES dettes, vous offre généreusement 29 euros ! Aviez-vous vu les choses comme cela ?

Ce n’est pas tout. Les prélèvements obligatoires étant de 57% en France, sur ces 2 milliards que vous allez pouvoir dépenser, plus de 50% retourneront à l’Etat. Vous aurez 20% de TVA, et le commerçant ou prestataire aura des charges et impôts à payer. Le vrai cadeau n’est donc pas de 2 milliards, mais de moins de 1 milliard, le reste retournant dans les caisses de l’État.

Et ce n’est toujours pas tout. Si Macron avait dit : « je baisse les dépenses de l’État de 2 milliards », j’aurais mieux compris, car cela veut dire qu’in fine, c’est un vrai cadeau, car c’est deux milliards que vous aurez en moins à sortir un jour ou l’autre. Ces deux milliards qu’il dit vous donner, à dépenses égales, il faudra bien les trouver quelque part, et c’est donc vous qui vous les donnez à vous-même, car financé soit par des charges, soit par de la dette, également à votre charge.

Le seul vrai « cadeau » que l’on peut faire aux Français pour les rendre moins pauvres, sans leur donner directement un centime, serait de dire : je diminue les dépenses de l’Etat, non de 2, mais de 200 milliards.

La France est sans doute le pays au monde où l’administration est la plus pléthorique et la moins efficace. On paye de plus en plus, « un pognon de dingue », pour avoir quoi en échange ? Quand j’étais petit, les poubelles passaient tous les jours, et c’était gratuit. Aujourd’hui, c’est une fois par semaine et on met en place pour l’an prochain un forfait à 200 euros pour 14 passages par an, soit 14 euros le sac, et 15 euros pour chaque passage supplémentaire. Ma poubelle vaut de l’or. Tous les services sont ainsi : de plus en plus cher pour de moins en moins de services. 

Les services administratifs réduisent de plus en plus les horaires d’ouverture. La plus simple des démarches administratives devient un parcours du combattant : 6 mois pour simplement renouveler ma carte d’identité (en cours), simplement recopiée sur un nouveau format. Quelle efficacité ! Et encore, j’ai de la chance, c’est à 5 km, la préposée m’a dit que certains faisaient 200 km ! Avec l’informatique, tout est maintenant télétransmis (tant pis pour les anciens, qui vont payer pour se faire aider), c’est vous qui assumez le remplissage de tous les dossiers. Votre déclaration d’impôts n’est plus lue, recopiée, analysée, c’est instantané, sans intervention humaine. Avant les employés de la SS saisissaient les données de vos feuilles de soins, aujourd’hui ce sont les médecins qui le font via la télétransmission, à leur charge, et les pharmaciens complètent. Ce n’est pas pour autant qu’il y a moins d’employés de l’État en face.

Pour les autres « services », la dégradation est considérable malgré les coûts. La sécurité ? Pas besoin de vous expliquer. La police ? Plus occupée à protéger les élus que les citoyens. La justice ? Mieux vaut ne plus partir en vacances, car si quelqu’un rentre chez vous et change la serrure, si vous faites de même pour retourner chez vous, c’est vous le coupable. Le Président peut vous insulter, vous serez condamné si vous renvoyez l’ascenseur. Des cambrioleurs sont chez vous, laissez-les faire sinon vous risquez bien plus ! Un monde de fous pour un pognon de dingue, et ne rigolez pas, c’est avec votre pognon.

Un bon système social ? Ici et là pour la réalité. L’armée française, on l’a vu avec le décompte des tanks pour l’Ukraine, est une nouvelle ligne Maginot, et le général qui le signalait il y a quelques années a été remercié pour avoir dit la vérité. La santé ? Manque de médecins, manque de pharmaciens, pas assez de lits, manque de médicaments. L’éducation ? Un succès fou pour le plus gros budget de l’État : en une génération, des bacheliers pas au niveau du certificat d’étude en français, grammaire et mathématiques (le classement PISA dégringole inexorablement). Des français incapables de raisonner qui gobent tout : les mensonges de la doxa officielle et n’importe quelle connerie sur internet. Enterré Montaigne : ce n’est plus « Une tête bien faite vaut mieux qu’une tête bien pleine. », ce n’est ni bien faite, ni bien pleine. Notre président veut relancer la production ? Pour produire, il faut de l’énergie, et après la destruction méthodique de notre filière nucléaire, nous allons devoir payer sur nos factures EDF 15 à 20 fois plus que son petit cadeau de 2 milliards.

Une administration la plus chère au monde, incapable de produire, ou ne produisant pour rien, les donneurs d’ordres ne regardant pas les résultats. Ainsi l’EPRUS et les plans Orsan, qui ont mis des années pour produire des scénarios de gestion de crise, ont été mis de côté au profit de sociétés de conseils étrangères sans aucune expérience du sujet, à 50 000 euros la page réutilisée dans d’autres pays. 50 000 euros pour une page de blabla, contre 29 euros pour des années de souffrance. Cherchez l’erreur. Après des millions d’euros du ministère des Affaires Sociales qui déborde pourtant d’énarques qui ont réponse à tout et également très forts en blablas, encore récemment, cela a été près d’1 million d’euros pour McKinsey de la part de la caisse de retraite pour répondre à des questions posées pour la réforme des retraites.

Non rien ne marche, même à prix d’or. Je me rappelle le Professeur Jean-Louis Beaumont, neurologue et député maire de Saint-Maur-des-Fossés à qui je disais la même chose, il y a de très nombreuses années, ajoutant qu’un jour cela éclaterait. Il me répondait que j’avais tort. Pourquoi ? « Tu sais, l’homme s’habitue à tout, même à la pauvreté ». L’histoire lui donne raison. Même en 1789, ce n’était pas contre le régime (de toute manière toujours tous corrompus), mais parce qu’ils n’avaient plus ni pain, ni brioche.

Désolé monsieur le Président, si avant pour 100 balles on n’avait plus rien, aujourd’hui pour 2 milliards, on n’a plus rien.

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