Qui n’a pas vécu ces années 1960-1963 ne peut mesurer ce que fut la popularité et la notoriété de John F. Kennedy (JFK) et de la famille Kennedy. Le nom est resté, dans sa signification politique, et métahistorique avec l’assassinat des deux frères, en 1963 et en 1968. Comme l’écrit RT.com, Robert F. Kennedy Jr. a au moins l’avantage de la notoriété et du souvenir de la popularité, – celle de son père Robert (RFK) valant bien, lors de la campagne de 1968 jusqu’à son assassinat, celle de son oncle John de 1960-63.
“RFK Jr.”, tel est en effet le slogan emblématique de sa campagne présidentielle de 2024, puisqu’à nouveau un Kennedy se lance dans la campagne pour la désignation par le parti démocrate de son candidat pour 2024 :
« Robert F. Kennedy Jr., fils du candidat à la présidence de 1968 Robert F. Kennedy et neveu de l'ancien président John F. Kennedy - tous deux assassinés, – a déposé sa déclaration de candidature auprès de la Commission électorale fédérale mercredi. Il est devenu, avec l'auteure de livres de développement personnel Marianne Williamson, les deux premiers candidats démocrates à entrer dans la course, pour affronter probablement Joe Biden, âgé de 80 ans, qui a indiqué qu'il avait l'intention de se représenter bien qu'il soit déjà le président le plus âgé de l'histoire du pays. [...]
» Kennedy avait fait allusion à une candidature à la Maison Blanche ces dernières semaines, déclarant dans un message sur Twitter le mois dernier qu'il souhaitait que ses partisans l'aident à décider s'il allait défier Joe Biden. “S'il semble que je puisse réunir l'argent et mobiliser suffisamment de personnes pour gagner, je me lancerai dans la course. Si je me présente, ma première priorité sera de mettre fin à la fusion corrompue entre le pouvoir de l’État et celui des entreprises, qui a ruiné notre économie, brisé la classe moyenne, pollué nos paysages et nos eaux, empoisonné nos enfants et nous a privés de nos valeurs et de nos libertés. Ensemble, nous pouvons restaurer la démocratie américaine”... »
Son programme de politique étrangère est également explosif par rapport aux normes de l’establishment, du DeepState et de l’écrasante influence des neocon qui pèse sur Washington et orchestre à l’aide d’une masse de fausses notes la politique extérieure la plus folle et la plus stupide qu’on puisse imaginer... “Politique étrangère” qui est née avec la seule balle qui fit l’essentiel du travail (la “balle magique” tirée par le seul et unique Lee Harvey Oswald qui ajoutait à une capacité surhumaine de tireur un don extrahumain d’ubiquité lui permettant d’être ensemble avec lui-même et au même moment dans plusieurs endroits à la fois).
... Bien, résumé du programme de politique étrangère de RFK Jr., sur un tweet du 4 avril :
« L'effondrement de l'influence américaine sur l’Arabie saoudite et les nouvelles alliances du Royaume avec la Chine et l’Iran sont des emblèmes douloureux de l’échec lamentable de la stratégie néoconservatrice de maintenir l’hégémonie mondiale américaine avec des projections agressives de puissance militaire.
» La Chine a supplanté l’Empire américain en projetant habilement, à la place, sa puissance économique. Au cours de la dernière décennie, notre pays a dépensé des milliards de dollars pour bombarder des routes, des ports, des ponts et des aéroports. La Chine a dépensé l'équivalent pour construire la même chose dans le monde en développement.
» La guerre d’Ukraine est l'effondrement final de l'éphémère “Nouveau Siècle Américain” des néoconservateurs. Les projets néoconservateurs en Irak et en Ukraine ont coûté 8,1 trillions de dollars, évidé notre classe moyenne, fait la risée de la puissance militaire et de l’autorité morale des États-Unis, poussé la Chine et la Russie dans une alliance invincible, détruit le dollar en tant que monnaie mondiale, coûté des millions de vies et n’a rien fait pour faire avancer la démocratie ou gagner des amitiés ou de l’influence. »
Maintenant, voyons un peu : tout cela est-il bien sérieux ? Je dirais que nul ne sait, que tout est possible, que n’importe quoi peut devenir “bien sérieux” à Washington en un tournemain, – ou disparaître aussi vite, on ne se cache pas de cette possibilité-là. Cela conclu, il faut admettre que RFK Jr. n’est pas “n’importe quoi”, – n’importe qui ; non seulement parce que c’est un Kennedy, mais également parce qu’il a une vie bien remplie (il a 69 ans) et des idées précises, bien à lui, et à la limite un programme révolutionnaire et des positions frisant l’anathème et l’excommunication. Je crois plus simplement qu’un candidat n’a d’intérêt aujourd’hui que s’il porte avec lui anathèmes et causes d’excommunication ; non pas, bien entendu, qu’il sera plus aisément élu, mais plutôt parce que seule l’élection, – voire même la possibilité de l’élection d’un tel personnage a de l’intérêt et mérite d’être suivie.
Il est évident que la candidature de Kennedy va perturber le système de l’américanisme, – notamment parce que, à cause de son nom, il est plus difficile à écarter, à ostraciser, voire à être éliminé, – terme délicat pour un Kennedy. En bonne logique, on peut admettre que la candidature Kennedy peut trouver une ouverture en offrant aux démocrates une perspective nettement anti-guerre. On peut imaginer des alliances étranges, entre cette sorte de démocrates, – Tulsi Gabbard pourrait redevenir démocrate ! – et la droite populiste et libertarienne du parti républicain. Et pendant ce temps, les “fédéraux” seraient à la poursuite de Trump pour le mettre en prison sous le regard des balbutiements de Biden ? Vous imaginez le cirque ?!
Ce qu’il y a d’extrêmement remarquable avec Kennedy Junior, c’est
qu’il marie des extrêmes qui sont d’habitude absolument opposés.
Exemples...
• C’est un anti-vaccin absolu, de bien avant le Covid, et devenu un
anti-covidiste absolument extrême. Il faut voir tout le venin
d’accusations de “complotiste” que dispense et disperse à son propos la page que lui consacre le Wiki, devenu une merde-propagandisteSystème complète et absolument grotesque (on excuse le mot, mais cela ne mérite pas plus) ;
• là-dessus, c’est un partisan acharné de la lutte contre le
réchauffement climatique, donc adepte de la thèse que les milieux
généralement anti-covidistes détestent généralement comme un complot du
Système.
Imaginez la difficulté qu’auront certains à se déterminer vis-à-vis de lui, alors que le “pour” est chez lui aussi fort que le “contre” et vice-versa... Là-dessus, il y a ses positions en matière de politique étrangère, de dénonciation de la politiqueSystème qui lui vaudra la haine du “camp du Bien” pourtant partisan sans compromis du réchauffement climatique. Je salive à la pensée du désordre que sa candidature pourrait créer.
C’est pourquoi, à mon sens, la grande tactique du silence et de la dérision va être déployée contre lui : “pas sérieux”, “aucune expérience”, “complotiste”, “abus inacceptable d’un nom prestigieux”, “opposition contrôlée” et faux-antiSystème en même temps que faux partisan du Système. La presseSystème devrait conclure qu’il vaut mieux n’en pas parler, que sa candidature s’éteindra d’elle-même... On verra, – d’autant plus qu’il y a le nom, et la tragédie liée à ce nom.
Dire l’“Indicible”
... Car j’avoue finalement qu’un seul détail m’a tout entier attaché à l’événement de la candidature de Kennedy, quelle qu’en soient le destin, la dimension politique-politicienne, l’apport de désordre qu’elle pourrait développer dans la situation général, ou bien l’abysse de silence et de censure où elle pourrait sombrer dans les manœuvres de la corruption de la direction du parti démocrate, – et ce détail qui m’a arrêté est de l’ordre de la métahistoire. Il concerne, – naturellement dirais-je, car sa candidature nous ramène à la tragédie, – ce que RFK Jr. croit à propos des deux assassinats de son oncle et de son père. Pour ce cas et ces quelques lignes, Wiki est une source acceptable :
« Concernant l'assassinat de John F. Kennedy, il a déclaré que son père était “nettement convaincu” que Lee Harvey Oswald n'avait pas agi seul et qu'il pensait en privé que le rapport de la commission Warren était un “travail de piètre qualité”. Selon Robert F. Kennedy Jr en janvier 2013 : “À ce stade, je pense que les preuves sont très, très convaincantes et qu’il ne s’agit pas d’un tireur isolé”. Le livre ‘JFK et l’Indicible’ a été reconnu comme très pertinent par Kennedy, qui a déclaré qu’il l’avait poussé à visiter Dealey Plaza, le site de l'assassinat de son oncle, pour la première fois.
» Kennedy ne croit pas que Sirhan Sirhan soit responsable de l'assassinat de son père, Robert F. Kennedy, et il s’est rendu à la Richard J. Donovan Correctional Facility, à San Diego, en décembre 2017 pour rencontrer Sirhan. Après cette rencontre, il s’est dit convaincu qu’il y avait eu un deuxième tireur et il a donné son soutien à une nouvelle enquête sur l'assassinat. »
Ce qui m’arrête, outre les convictions de RFK Jr. sur les assassinats, c’est la référence qu’il fait au livre ‘JFK et l’Indicible’ de James W. Douglass (éditions Demi-Lune, septembre 2013, pour la version française, voir le Wiki, acceptable, pour la version US). Ce livre est également considéré comme le meilleur sur l’assassinat de Dallas par le metteur en scène Oliver Stone, qui a notamment tourné le film ‘JFK’.
L’accès à ce livre m’avait beaucoup apporté et il y a eu plusieurs articles sur ce site où il y est fait référence, et essentiellement lors de sa parution. Douglass, qui est un théologien, s’appuie pour sa réflexion métahistorique sur les travaux d’un moine trappiste qui commenta ces affaires dans les années 1960 et écrivit à ce propos malgré les entraves du Vatican et les difficultés rencontrées dans le monde de l’édition. Je notai ceci dans l’article sur le livre, du 22 novembre 2013 :
« ...[U]n moine trappiste de l’abbaye de Gethsemani dans le Kentucky, Thomas Merton, qu’il désigne comme “le plus grand écrivain religieux de sa génération”. (Douglass compare en importance ‘La Nuit privée d’étoiles’, l’autobiographie de Merton, aux ‘Confessions’ de Saint Augustin.) Malgré les réticences très affirmées de sa hiérarchie, Merton suivit très précisément les événements de la fin des années 1950 et des années 1960, surtout dès le moment de l’arrivée de Kennedy, et en informa divers correspondants au travers de publications personnelles ronéotypées puisqu’il était interdit de publication, comme une sorte de samizdat... »
C’est donc dans un cadre extrêmement métahistorique, avec cette forme religieuse d’aborder ces événements tragiques quoique bien terrestres, que Douglass déploie son interprétation de l’assassinat de Kennedy. Il fait intervenir la responsabilité de l’acte dans le chef d’une sorte d’entité, impossible à décrire par des mots, et donc baptisée “L’Indicible”, représentant notamment ce qu’on observe dans sa “face émergée” comme la nébuleuse de la sécurité nationale et le DeepState aux USA, – mais bien plus terrible dans sa partie immergée, qui nous est inconnue, qui ne peut être identifiée puisqu’au-delà des mots.
On avait donc cité quelques passages du livre où Douglass introduit les notions de Merton, avec la présence de “L’Indicible”, – et il me semble que la chose est plus que jamais présente, et en phase terminale de son œuvre de destruction, – et j’en suis persuadé, de son autodestruction...
« ... Mais une autre conclusion à laquelle nous ne saurions nous soustraire est la suivante : le meurtre de JFK ne peut être imputé à la seule CIA.
» La question de la responsabilité ultime de ce meurtre soulève d’autres interrogations, bien plus dérangeantes, voire plus effrayantes, que tout ce que nous pourrons jamais connaître des détails de son exécution. Thomas Merton évoquait une force obscure, d’une redoutable puissance, qu’il était impossible de nommer, et à laquelle il faisait par conséquent allusion en recourant au vocable “indicible”. Tout en poursuivant notre exploration des vérités cachées derrière l’assassinat de JFK, nous ne nous confronterons jamais directement à l’indicible, – mais nous ne manquerons pas, au détour d’autres témoignages, d’autres indices, de deviner sa présence.» [...]
« Ce faisant [en recherchant la paix et l’entente avec l’URSS et Krouchtchev, Kennedy] entrait en conflit mortel avec l’Indicible. L’“Indicible”( “Unspeakable”) est un terme que Thomas Merton a forgé au cœur des années 1960 après la “tragédie de Dallas” [...]
» Prophétiquement, en 1965, Merton écrivit que “l’un des faits les plus effroyables de notre époque est la preuve que [le monde] est atteint en effet au cœur même de son être par la présence de l’Indicible”. La guerre du Vietnam, la course vers une guerre mondiale et les meurtres imbriqués de JFK, de Malcolm X, de Martin Luther King et de Robert Kennedy étaient autant de signes de la présence de l’Indicible, qui demeure terriblement présent dans notre société. Comme Merton l’a dit en nous mettant en garde : “ceux qui sont actuellement si désireux de se réconcilier avec le monde à n’importe quel prix doivent prendre garde de ne pas se réconcilier avec lui en ce qui concerne cet aspect particulier : le monde comme nid de l’Indicible. C’est ce que trop peu d’entre nous sont disposés à croire”.»
La fin de l’article que ce livre avait véritablement suscité à cause de cette dimension métahistorique, – et nullement à cause de “révélations”, du “complotisme” à deux balles que nous serinent le Système et notre glorieuse presseSystème, et ainsi de suite, – était une mise en perspective et une actualisation pour montrer combien la réflexion, et de Douglass et de Merton, était plus que jamais de notre époque ; pour montrer qu’en fait notre époque en est l’aboutissement et que l’assassinat de Dallas en est la cause événementielle.
« Ainsi devient-il inutile, parce que complètement accessoire, de s’interroger sur les question souvent débattue – Kennedy fut-il un grand Président ? Fut-il un leurre et un Président médiocre ? Ce n’est pas le débat qui importe parce que c’est un débat qui fut initié par la polémique autour de Kennedy, entre ses partisans qui en firent un exceptionnel créateur politique souvent à partir de concepts de communication dérisoires (jeunesse du président, charisme, séduction, attraction de communication pour une argumentation faussaire de modernité, etc.), et ses adversaires qui combattirent cette “image” à l’aide de concepts de communication de même niveau. Que Kennedy ait été brillant ou médiocre dans l’apparence rationnelle de son action politique importe peu ; seul importe le poids des événements sur lui ; seul importe le fait que les événements ont fait de lui un président tragique dont le destin implique effectivement une interférence fondamentale de forces métahistoriques, – dito, l’“Indicible” ou le Système.
» Les circonstances de son très court mandat, l’évolution intellectuelle voire spirituelle qu’il connut, le dessein qu’il poursuivit, d’abord confusément et ensuite plus clairement, certaines prémonitions qu’il eut, etc., en font le premier Président US et chronologiquement la première personnalité politique de cette envergure à avoir affronté directement et incontestablement l’“Indicible”-le Système, et à en avoir été la victime directe et incontestable. (C’est effectivement la vertu complète du livre de Douglass de montrer cela, après avoir pris la résolution affichée de suivre cette voie pour conduire son “enquête” qui prend ainsi des dimensions complètement différentes.) De ce point de vue par conséquent, Kennedy est chronologiquement le premier martyr de la grande crise du Système et de la modernité dans les prémisses de sa phase ultime (crise d’effondrement du Système) que nous connaissons aujourd’hui. La séquence qui s’ouvre au cœur de la Guerre froide à partir de son assassinat et du tumulte des années 1960, se développera avec notamment trois dates-clef – 1973 et le “choc pétrolier” ouvrant l’aspect “d’intendance” de la dimension eschatologique de la crise, 1985 et l’arrivée de Gorbatchev puis 1991 et la fin de l’URSS laissant le Système face à lui-même et au développement de son équation surpuissance-autodestruction. »
On comprend alors l’intérêt que je porte à cette candidature, – nullement à la candidature en soi, mais au lien qui est établi entre Dallas-1963 et les événements politiques d’aujourd’hui, notamment mais fondamentalement par le biais de ce livre. Douglass avait tracé un portrait de ces circonstances et des personnages effectivement complètement baignés dans une atmosphère de force et de tragédie spirituelle particulièrement intense. (Voir aussi l’épisode de “La prière de JFK”, révélée également par le livre, dans le texte du 19 novembre 2013.)
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