03 mars 2023

Le Maroc et la Tunisie exportent le pétrole importé de la Russie

Début février 2022, l’embargo de l’Union européenne sur les produits pétroliers russes a pris effet.

Le Kremlin semble de son côté adopter une politique de renforcement de ses partenariats énergétiques, africains notamment. L’Afrique du Nord serait actuellement l’une des destinations privilégiées des expéditions pétrolières de la Russie. Des données du transport maritime russe, divulguées lundi 27 février 2023 par le fournisseur Kpler, révèlent que d’importants volumes d’hydrocarbures russes ont été acheminés ces dernières semaines vers des pays maghrébins comme le Maroc et la Tunisie.

Au cours du mois de janvier 2023, ce serait environ 2 millions de barils de diesel russe qui ont été expédiés vers le Maroc. C’est plus du double de la quantité de ce combustible, importé par le Maroc en 2021 (600.000 barils). La situation serait similaire en Tunisie. Sur la même période, le pays se serait fait livrer près de 2,8 millions de barils de brut russe. Un chiffre qui d’après les analystes pourrait dépasser la barre des 3 millions de barils au terme du mois de février. Ceci, alors même que la Tunisie importait déjà de Russie, des quantités non négligeables de pétrole.

De ce fait ce nouveau développement suscite des interrogations notamment sur l’efficacité des sanctions à l’encontre du secteur de l’énergie russe, mais également liées à l’utilisation effective par ces pays de telles quantités de produits pétroliers. Il semblerait selon des économistes que cette hausse des importations des produits se justifie par le besoin, toujours croissant, de couvrir la demande énergétique en Tunisie et au Maroc.

Toutefois d’après Viktor Katona, analyste pétrolier en chef chez Kpler, cité par l’agence Ecofin tel n’est pas le cas. Car, souligne-t-il, on ne constate pas d’augmentation significative des capacités de raffinage de ces pays. « Croyez-moi, nous n’assistons pas à une renaissance du raffinage maghrébin », a-t-il déclaré. Si ces pays du Maghreb ne consomment pas eux-mêmes les quantités de pétrole importé de Russie, l’analyste pense que cette augmentation s’expliquerait par la réexportation vers d’autres destinations, dont l’Europe. De fait, une part non négligeable d’hydrocarbures russes serait réacheminée vers le marché européen en la mélangeant à des cargaisons provenant d’autres fournisseurs. Ce qui rendrait par ailleurs leur traçabilité plus difficile.

Faouzi Oki             

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