Donc, comme nous le sugérions fortement depuis quelques jours (je rappelle que nous annonçons depuis plusieurs mois que Macron n’est pas assez légitime pour réformer les retraites et que sa réforme se terminera dans une impasse, pari en passe d’être gagné !), Macron a finalement recouru au 49-3 pour faire passer sa très mal embouchée réforme des retraites, située au degré zéro (voire – 10) de l’imagination politique.
Mais quelle mouche a piqué le Président de la République ? Ce matin encore, ses affidés (décidément ridicules et ridiculement serviles) soutenaient que « le Président veut un vote« . On l’a lue partout, cette phrase étrange, où des sbires sans âme répétaient sans y croire la parole d’un prince devenu comme fou. Ce n’était pas encore Louis II de Bavière dans ses oeuvres, mais on s’en approchait.
On sentait l’enfant qui voulait rêver de sa toute-puissance jusqu’au bout.
Le 49-3 et le principe de réalité
Le peuple de France n’est donc pas tel qu’Emmanuel Macron, dans son immense perfection, le rêve. C’est un peuple de Gaulois réfractaires qui n’obéit pas au doigt et à l’oeil. Si sa Grandeur avait bien voulu rencontrer les petites gens pour leur expliquer pour quelle raison sérieuse il voulait les faire travailler deux ans de plus, cet homme élu avec moins de 20 millions de voix au second tour de la présidentielle de 2022, aurait peut-être pu rassembler une majorité de fortune sur son projet. Il aurait fallu souquer ferme, mais c’était jouable.
Au lieu de cette stratégie de gouvernant responsable, Macron a choisi une stratégie d’enfant capricieux : ne pas tenir compte des syndicats, ne pas tenir compte de la rue, ne pas tenir compte des partis en présence, et s’accrocher comme une moule à son rocher à un accord improbable avec les Républicains, parti qui a réuni moins de 5% des voix aux présidentielles. Gouverne-t-on intelligemment un pays de cette façon ?
Nous l’avions dit, nous l’avons répété : ce « malgoverno » n’avait aucune chance de réussir. Et l’Histoire est en train de nous donner raison.
Donc, la France ne se résume pas, et c’est tant mieux, aux arrangements de la canaille mondaine que Macron fréquente et dont il est coutumier. Même les Républicains ont finalement refusé de rentrer dans la combine. Et face à l’annonce d’une déroute que tout le monde lui annonçait de longue date, mais qu’il ne voulait pas entendre, Macron a attendu d’avoir le dos au mur pour reconnaître l’existence de l’obstacle.
En mauvais tacticien, en mauvais stratège, il a concédé sa défaite sans prévenir : ce matin, il roulait des mécaniques, et cette après-midi, il met le feu aux poudres.
Le 49-3 et l’effet de blast
En recourant au pilotage à vue, aux annonces décevantes, Macron n’a probablement pas mesuré la colère qu’il allait faire exploser, et l’effet de blast qu’il produirait dans tout le pays. C’est le problème de la déconnexion de nos élites : issu du milieu bourgeois d’Amiens, coupé des réalités depuis son adolescence passée à huis clos avec une femme d’environ 25 ans son aînée, Macron est un puceau de la réalité française. Il ne la connaît que par les livres et par la déformation des élites parisiennes qui l’ont fabriqué et habillé de pied en cap.
Il ne mesurait sans doute pas la virulence des réactions à son passage en force que tant de gens, y compris des députés de la majorité, pouvaient parfaitement imaginer, anticiper, et qu’ils avaient d’ailleurs annoncée.
Macron a, sans s’en apercevoir, déclaré la guerre au peuple de France. Une guerre institutionnelle, sociale, éthique. C’est le mépris d’une bourgeoisie qui se croit grande, mais qui est bornée, pour un peuple qu’elle juge petit, mais qui est immense.
Plus que jamais, le destin d’un gouvernant tient à peu de choses.
Source : https://lecourrierdesstrateges.fr/2023/03/16/avec-le-49-3-macron-declare-la-guerre-au-peuple-de-france/
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