Après celui des boulangers, des restaurateurs, des artisans et de toutes les TPE et PME-PMI, voici le désarroi des arboriculteurs. Étranglés, comme eux, par l'inflation stratosphérique de leurs coûts de production : car, pour faire une pomme, il faut de l'engrais, des traitements, du carburant, de la main-d'œuvre, des palettes. Christophe Belloc, un producteur de fruits de Montauban, de l'Association nationale pommes poires, détaille, au micro d'Europe 1, cette inflation dramatique :
« Le prix du bois pour faire des palettes ou des plateaux a été multiplié par deux. L'électricité par quatre » et « que ce soit les engrais, le gasoil pour les tracteurs, c'est entre 30 et 100 % de plus ! »Mais le malheur des arboriculteurs est d'être pris en tenaille entre l'inflation d'un côté et les distributeurs de l'autre. Actuellement, la grande distribution, par la voix des PDG de Lidl, ce jeudi, ou de Leclerc, se présente comme la grande alliée du consommateur en mettant en scène sa lutte contre les augmentations demandées par l'industrie agroalimentaire, contrainte de répercuter ses coûts pour survivre. Ces grands philanthropes oublient de préciser qu'ils contribuent à la ruine des producteurs en leur imposant des prix d'achat qui les obligent à vendre à perte.
Ce samedi, les arboriculteurs se sont mobilisés pour crier leur désespoir et attirer l'attention du gouvernement. Dans le Tarn-et-Garonne comme dans le Vaucluse, grands départements producteurs de fruits, les constats sont les mêmes et les images spectaculaires : les arboriculteurs sont contraints d'arracher des vergers entiers, désormais non rentables.
La revendication des arboriculteurs pour survivre est simple : 20 centimes de plus le kilo, comme l'explique Françoise Roche, cette arboricultrice de Moissac, à France 3, qui pointe l'autre gros problème des fruits français, la concurrence étrangère déloyale : « Des pays comme la Pologne ou l'Italie sont capables de produire beaucoup moins cher que nous avec des conditions sociales bien plus dégradées qu'en France, des conditions de production qui n'ont rien à voir avec la France. »
Pour le moment le gouvernement semble aux abonnés absents. Sur Twitter, le député RN Grégoire de Fournas, lui-même viticulteur, n'a pas manqué de rappeler le rôle de la concurrence étrangère :
Ces arrachages de vergers entiers sont une nouvelle manifestation du déclin français et d'une crise économique et sociale qui s'annonce dévastatrice : l'arboriculture française a perdu 40 % de ses vergers en vingt ans ! L'équivalent de la surface de quarante terrains de foot tous les mois...
Dans ce secteur comme dans les autres, la crise actuelle ne fait que souligner les graves erreurs économiques de ces vingt ou trente dernières années. Il faut souhaiter que ces images chocs réveillent enfin consommateurs, grande distribution et gouvernement.
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