Cet article initialement publié en russe sur mk.ru n’engage pas la ligne éditoriale du Courrier.
Clairement, les États-Unis ont beaucoup à gagner de cette guerre de l’énergie. Les sociétés américaines de pétrole et de gaz naturel liquéfié (GNL) profitent cette année de l’aubaines créée par les prix élevés de l’énergie. Mais les pays de l’UE, eux, subissent d’énormes pertes, payant trois fois plus pour les matières premières en raison de l’interdiction de s’approvisionner auprès de la Russie. Selon Macron, tout tourne autour du prix des ressources énergétiques que l’Europe achète aux États-Unis dans cette crise. Pour les consommateurs de l’UE, ils sont six fois plus élevés que pour les Américains.
L’Amérique est en train de gagner la partie face à l’UE
Il semblerait que la décision d’imposer des sanctions contre la Fédération de Russie ait été prise de façon volontaire et solidaire. Mais le résultat économique pour les investigateurs de ces mesures s’est avéré diamétralement opposé. L’Amérique, exportatrice de pétrole et de gaz liquéfié, compte les profits, tandis que l’Europe, qui les achète à des prix exorbitants, enregistre des pertes continues.
« Dans les conditions actuelles du marché, l’Amérique est en train de gagner la partie », confirme Artem Deev, responsable du département analytique chez AMarkets. « Il suffit de regarder la croissance des revenus et des bénéfices des plus grandes sociétés minières aux États-Unis par rapport à l’année dernière : on constate une augmentation de 15 à 20 % en moyenne » souligne-t-il.
Pour cet expert, c’est le résultat de deux facteurs. Premièrement, ces bénéfices sont réalisés en raison des prix mondiaux élevés du GNL et du pétrole. Deuxièmement, les États-Unis profitent de l’éviction de leur principal concurrent, la Russie, du marché premium européen. « Selon les résultats de l’année en cours, il est possible de considérer que les États-Unis ont enregistré des profits directs de la crise énergétique en Europe. Cela représente des milliards de dollars qui génèrent la croissance du PIB », explique Deev. Ce n’est donc pas un hasard si, cette année, l’économie américaine, contrairement à la tendance mondiale à la récession, a recommencé à croître : le PIB au troisième trimestre 2022 a augmenté de 2,9 %, ce qui est plus que prévu. Cela signifie que d’ici la fin de l’année, l’économie américaine recevra 2.300 milliards de dollars de revenus supplémentaires (25.300 milliards contre 23.000 milliards de dollars en 2021). Selon Deev, cela s’explique, entre autres, par les prix élevés de l’énergie et par une augmentation des exportations vers l’Europe.
Ivan Samoylenko, associé directeur de l’agence B&C, note que dans le même temps, l’économie européenne plonge dans la récession alors que l’UE surpaye des milliards d’euros pour les ressources énergétiques achetées : « Les pertes totales de l’Union européenne dues aux prix élevés du pétrole, du gaz et du charbon (qui ont également augmenté de 40 % cette année) sont estimées à au moins 1,5 billion d’euros. Mais à la fin de l’année en cours, la Banque centrale européenne (BCE) pourrait revoir significativement ces montants à la hausse ».
Entre les « alliés », il y a un « déphasage » du au pétrole et au gaz
Samoylenko en donne une illustration chiffrée : « Le gaz russe a été vendu à l’Europe cette année à un prix moyen d’environ 500 dollars par millier de mètres cubes. Alors que les prix du GNL variaient de 1,2 à 3.000 dollars par millier de mètres cubes. La différence est tangible, et même de simples calculs montrent à quel point la charge a augmenté, à la fois pour les entreprises et pour les pays européens dans leur ensemble ».
Et ce « déphasage ou désynchronisation » si l’on veut, ne fera qu’augmenter. « En raison des sanctions imposées par les États-Unis, il n’y aura plus de matières premières en provenance de Russie – ni de pétrole, ni de gaz, ni de charbon – et l’UE paiera de plus en plus cher son énergie. Mais le secteur du business américain, les sociétés minières, bénéficieront des conditions les plus favorables pour occuper le marché européen et percevoir des super bénéfices », conclut l’expert de MK.
Pour Alexander Dzhioev, analyste chez Alfa Capital Management Company, parce que l’Europe a volontairement refusé de s’approvisionner en ressources énergétiques russes, elle doit donc trouver désormais des fournisseurs alternatifs. « Le marché de l’énergie est assez tendu et il n’y a pas beaucoup de capacité disponible, vous devez donc payer des prix plus élevés pour l’approvisionnement de volumes en baisse », souligne-t-il.
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