Il semble sur que nous atteindrons le 31 décembre 2022. Mais atteindrons-nous le 31 décembre 2023 ?
Cette question n’est pas une hyperbole. Je dirais même que c’est la grande question pour au moins tout l’hémisphère nord.
Je préviens que la Russie se prépare à une guerre totale depuis au moins 2014. C’est exactement ce que Poutine a dit dans son récent discours devant le conseil du ministère russe de la Défense. Si vous n’avez pas vu cette vidéo, vous devriez vraiment la regarder, elle vous donnera un aperçu direct de la façon dont le Kremlin pense et de ce à quoi il se prépare. Voici à nouveau cette vidéo :
Je suppose que vous avez maintenant regardé cette vidéo et que je n’ai pas besoin de vous prouver que la Russie se prépare à une guerre massive, y compris nucléaire.
Le ministre des affaires étrangères, Lavrov, a déclaré publiquement que « des responsables anonymes du Pentagone ont en fait menacé de mener une « frappe de décapitation » sur le Kremlin… Ce dont nous parlons, c’est de la menace de l’élimination physique du chef de l’État russe, (…) Si de telles idées sont effectivement nourries par quelqu’un, cette personne devrait réfléchir très attentivement aux conséquences possibles de tels plans. »
Nous sommes donc dans la situation suivante :
Pour la Russie, cette guerre est clairement, indéniablement et officiellement une guerre existentielle. Ignorer cette réalité serait le comble de la folie. Lorsque la puissance nucléaire la plus forte de la planète déclare, à plusieurs reprises, qu’il s’agit d’une guerre existentielle, tout le monde devrait vraiment la prendre au sérieux et ne pas s’enfoncer dans le déni.
Pour les néoconservateurs américains, il s’agit également d’une guerre existentielle : si la Russie gagne, l’OTAN perd et, par conséquent, les États-Unis perdent aussi. Ce qui signifie que tous ces fils de pute qui, pendant des mois, ont raconté à l’opinion publique des sornettes en disant que la Russie allait perdre la guerre seront tenus pour responsables de l’inévitable désastre.
Tout dépendra donc de la volonté des Américains, en particulier de ceux qui sont au pouvoir, de mourir ou non par solidarité avec les « barjos du sous-sol ». Pour l’instant, on dirait bien qu’ils le sont. Ne comptez pas sur l’UE, elle a depuis longtemps renoncé à toute action. Parler avec eux n’a tout simplement aucun sens.
Ce qui pourrait expliquer les récents propos de Medvedev : « Hélas, il n’y a personne en Occident avec qui nous pourrions traiter de quoi que ce soit, pour quelque raison que ce soit (…) c’est le dernier avertissement à toutes les nations : il ne peut y avoir d’affaires avec le monde anglo-saxon parce que c’est un voleur, un escroc, un manipulateur qui peut faire n’importe quoi« .
La Russie peut faire beaucoup de choses, mais elle ne peut pas libérer les États-Unis de l’emprise des néoconservateurs. C’est une chose que seuls les Américains peuvent faire.
Et là, nous entrons dans un cercle vicieux :
Le système politique américain a très peu de chances d’être efficacement remis en question de l’intérieur, les grands capitaux dirigent tout, y compris le système de propagande le plus avancé de l’histoire (alias les « médias libres ») et la population est maintenue dans l’ignorance et le lavage de cerveau. Et oui, bien sûr, une défaite majeure dans une guerre contre la Russie ébranlerait ce système si fort qu’il serait impossible de dissimuler l’ampleur du désastre (pensez à « Kaboul sous stéroïdes« ). Et c’est précisément la raison pour laquelle les Néoconservateurs ne peuvent pas permettre que cela se produise, car cette défaite déclencherait un effet domino qui impliquerait rapidement la vérité sur le 11 septembre et, après cela, tous les mythes et mensonges sur lesquels la société américaine s’est fondée pendant des décennies (JFK quelqu’un ?).
Il y a, bien sûr, beaucoup d’Américains qui comprennent parfaitement cela. Mais combien d’entre eux sont en position de pouvoir réel pour influencer les décisions et les résultats des États-Unis ? La véritable question est de savoir s’il existe encore suffisamment de forces patriotiques au Pentagone ou dans les agences de presse pour renvoyer les néoconservateurs dans le sous-sol d’où ils sont sortis après l’attaque sous faux drapeau du 11 septembre.
À l’heure actuelle, il semble bien que tous les postes de pouvoir aux États-Unis soient occupés par des néolibs, des néocons, des RINO [Republicans In Name Only, NdT] et d’autres créatures hideuses, mais il est également indéniable que des personnes comme Tucker Carlson et Tulsi Gabbard touchent un grand nombre de personnes qui, eux, « comprennent« . Cela doit inclure de VRAIS libéraux et de VRAIS conservateurs dont la loyauté ne va pas à une bande de voyous internationaux mais à leur propre pays et à leur propre peuple.
Je suis également certain que de nombreux commandants militaires américains écoutent ce que le colonel Macgregor a à dire.
Cela suffira-t-il à briser le mur de mensonges et de propagande ?
Je l’espère, mais je ne suis pas très optimiste.
Tout d’abord, Andrei Martyanov a tout à fait raison lorsqu’il dénonce constamment l’incompétence et l’ignorance flagrantes de la classe dirigeante américaine. Et je partage tout à fait sa frustration. Nous voyons tous deux où tout cela va nous mener et tout ce que nous pouvons faire, c’est avertir, avertir et avertir encore. Je sais qu’il est difficile de croire à l’idée qu’une superpuissance nucléaire comme les États-Unis est dirigée par une bande de voyous incompétents et ignorants, mais c’est la réalité et il ne suffit pas de la nier pour qu’elle disparaisse.
Deuxièmement, du moins jusqu’à présent, le grand public américain n’a pas (encore) ressenti tous les effets de l’effondrement du système financier et économique contrôlé par les États-Unis. Les « crétins » qui brandissent le drapeau peuvent donc encore espérer qu’une guerre contre la Russie ressemblera à l’opération « Tempête du désert« .
Ce ne sera pas le cas.
La vraie question ici est de savoir si la seule façon de réveiller les « crétins » qui ont subi un lavage de cerveau est une explosion nucléaire au-dessus de leurs têtes ou non ?
« Go USA » est un état mental qui a été injecté dans l’esprit de millions d’Américains depuis plusieurs décennies et il faudra soit beaucoup de temps, soit des événements vraiment dramatiques, pour ramener ces gens à la réalité.
Troisièmement, les élites dirigeantes américaines sont clairement dans un profond déni. Tous ces discours stupides sur les missiles Patriot ou les F-16 américains qui changeraient le cours de la guerre sont infantiles et naïfs. Franchement, tout cela serait plutôt comique si les conséquences potentielles n’étaient pas aussi dangereuses. Que se passera-t-il lorsque l’unique batterie de missiles Patriot sera détruite et les F-16 abattus ?
A quelle vitesse l’Occident sera-t-il à court de Wunderwaffen ?
Sur une « échelle d’escalade » conceptuelle, quelle sera la prochaine étape après les Patriot et les F-16 ?
Des armes nucléaires tactiques ?
Il est extrêmement dangereux de considérer la notion plutôt idiote selon laquelle une arme nucléaire « tactique » est en quelque sorte fondamentalement différente d’une arme nucléaire « stratégique« , indépendamment de la manière dont elle est utilisée et de l’endroit où elle l’est.
Je pense que le fait que la classe dirigeante américaine envisage sérieusement à la fois une utilisation « limitée » d’armes nucléaires « tactiques » et des « frappes décapantes » est un très bon indicateur du fait que les États-Unis sont à court de Wunderwaffen et que les Néocons sont désespérés.
Et à ceux qui seraient tentés de m’accuser d’hyperbole ou de délire paranoïaque, je dirai ce qui suit :
Cette guerre n’est PAS, je dis bien PAS, une guerre contre l’Ukraine (ou la Pologne ou les trois États baltes). Au minimum, il s’agit d’une guerre pour l’avenir de l’Europe. Fondamentalement, c’est une guerre qui concerne la réorganisation complète de l’ordre international de notre planète. Je dirais même que l’issue de cette guerre aura un impact plus important que la première ou la deuxième guerre mondiale. Les Russes le comprennent clairement (revoir la vidéo ci-dessus si vous en doutez).
Et les néoconservateurs aussi, même s’ils n’en parlent pas.
La situation actuelle est bien plus dangereuse que la crise des missiles cubains ou l’impasse à Berlin. Au moins, à l’époque, les deux parties admettaient ouvertement que la situation était vraiment dangereuse. Cette fois-ci, cependant, les élites dirigeantes de l’Occident utilisent leur formidable capacité de PSYOP/propagande pour dissimuler la véritable portée de ce qui se passe réellement. Si chaque citoyen des États-Unis (et de l’UE) comprenait qu’il y a une cible nucléaire et conventionnel peint sur sa tête, les choses pourraient être différentes. Hélas, ce n’est manifestement pas le cas, d’où l’inexistence d’un quelconque mouvement pacifiste et le quasi-consensus sur le versement de dizaines de MILLIARDS de dollars dans le trou noir ukrainien.
En ce moment, les fous s’amusent avec toutes sortes d’idées stupides, y compris l’expulsion de la Russie du Conseil de sécurité de l’ONU (cela n’arrivera pas, puisque la Russie et la Chine ont toutes deux un droit de veto) ou même la création d’une « conférence de paix » sur l’Ukraine sans la participation de la Russie (dans un remake des « amis de la Syrie » et des « amis du Venezuela« ). Eh bien, bonne chance avec cela ! Apparemment, l’échec de Guaido et de Tikhanovskaia ne suffisent pas à décourager les Néocons et ils répètent maintenant exactement les mêmes bêtises avec « Ze ».
Alors, atteindrons-nous le 31 décembre 2023 ?
Peut-être, mais ce n’est pas du tout sûr. Il est clair que le Kremlin ne fait pas cette hypothèse, d’où son renforcement vraiment intense de toutes les capacités de dissuasion stratégique de la Russie (tant nucléaires que conventionnelles).
Si Dieu le veut, le vieil adage « si vis pacem, para bellum » sauvera la mise, car la Russie est très clairement préparée à tout conflit, y compris nucléaire. La Chine y arrivera aussi bientôt, mais il est probable que 2023 verra une sorte de fin pour la guerre d’Ukraine : soit une victoire russe en Ukraine, soit une guerre continentale à grande échelle que la Russie gagnera également (bien qu’à un coût beaucoup plus élevé !). Ainsi, lorsque les Chinois seront vraiment prêts (il leur faudra probablement encore 2 à 5 ans), le monde sera très différent.
Pour toutes ces raisons, je pense que 2023 pourrait bien être l’une des années les plus importantes de l’histoire de l’humanité. La question de savoir combien d’entre nous y survivront reste ouverte.
Andrei
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.