20 décembre 2022

Elisa, 27 ans quitte Paris. 1 900 €/mois, crédit étudiant, loyer hors de prix elle ne s’en sort plus

Hier, je vous parlais de l’édito plein de colère froide de Patrick Cohen dans C à vous au sujet du chaos qui régnait dans l’ensemble des transports parisiens transformant le quotidien des habitants franciliens en un enfer.

Alors quand les choses deviennent tout simplement insupportables et bien les gens finissent par en avoir marre d’en avoir assez et ils votent alors avec leurs pieds, prenant armes et bagages et partant vivre ailleurs, loin des délires des ultras-Parisiens.

C’est le cas d’Elisa une ingénieure parisienne de 27 ans, qui a quitté la capitale et qui a déménagé dans le nord de la France il y a un an. « Je pense que le premier facteur, c’était l’aspect financier, confie-t-elle. Je ne m’y retrouvais plus du tout. Je devais rembourser mon prêt étudiant et comme je n’étais pas assez bien payée (1.900€ nets) pour vivre à Paris, je dépensais 50 % de mon salaire pour mon loyer. Dès le 10 du mois j’étais dans le rouge. »

« Ma vie, c’était métro, boulot, dodo. Les transports parisiens, le monde, le stress… Je n’en pouvais plus. J’avais l’impression que ma vie commençait le vendredi soir et finissait le dimanche soir. »

En réalité, financièrement, Paris vous oblige à partir, c’est plus Paris qui vous quitte que l’inverse. La triste vérité, c’est qu’effectivement quand on est célibataire et que l’on gagne moins de 3.000 euros par mois à Paris, on est pauvre, en raison du coût prohibitif de la vie. Le moindre loyer est à 1.000 euros, vous êtes imposable et payez des impôts sur le revenus, si vous avez 500 euros par mois de crédit étudiant à rembourser, et que vous gagnez 2.000 euros, il ne vous reste même pas 500 euros pour terminer le mois.

Cela implique plusieurs choses auxquelles il convient de réfléchir.

Tout d’abord le retour sur investissement des études payantes et onéreuses est très loin d’être une évidence désormais.

Ensuite, à Paris les salaires ne sont plus si élevés que cela, et surtout, avec un SMIC à 1.500 euros avec les dernières revalorisations, n’importe quel boulot en province permet un reste à vivre supérieur quand les loyers sont faibles (ce qui est le cas par exemple dans mon petit coin de Normandie où l’on peut se loger pour 300 à 400 euros par mois)

Enfin, la qualité de vie à Paris se dégrade à une telle vitesse que l’attractivité de la ville s’effondre. Insécurité, coût de la vie, transports vivant un naufrage, et finalement impossibilité de profiter des spectacles, des sorties à moins d’être très riche et de faire partie de la start-up Nation du jeune phare du Palais et de gagner 200 000 euros à l’année.

Résultat, comme le dit le Figaro dans cet article qui nous parlait d’Elisa…

Quitter Paris pour aller vivre en province ? Rien de plus classique en 2022. 

« Ce phénomène d’exode des parisiens n’est pas nouveau. Toutefois, la géographie de l’emploi post Covid-19 montre une évolution historique, selon le baromètre Arthur Loyd de l’attractivité, résilience des métropoles françaises et de la transition des territoires, qui pourrait expliquer un renforcement de l’attractivité des petites villes.

Selon cette enquête, «pour la première fois, les territoires à taille humaine, hors de l’influence des grandes métropoles, observent une hausse d’emplois supérieure à la moyenne française.» Des départements situés en zone rurale, éloignées des pôles urbains. S’agit-il d’un effet “exode urbain” post-Covid que la démographie ne démontre pas encore, s’interroge les auteurs du baromètre ? Ou les prémisses d’une démétropolisation ? Ou encore les bénéfices des politiques publiques de redynamisation des territoires ?

La transition écologique dope l’emploi dans les territoires
Alors que la création nette d’emplois sur 10 ans représentait 15 % dans ces territoires sans grandes villes, elle a aujourd’hui atteint 42 %, c’est-à-dire près d’un emploi sur deux en France. Cette situation est inédite : «l’Ile-de-France ne tire plus la croissance de l’emploi en France. La Région capitale, représentant auparavant 35 % des créations d’emplois, n’en génère plus que 17 %.»

Et oui, si la grande ville était l’enfant de l’industrialisation qui nécessitait de regrouper beaucoup de bras dans le même lieu, la situation actuelle provoque le mouvement inverse. Les grandes villes sont devenues invivables et s’effondrent sur elles-mêmes. Les « vrais » Parisiens ne sont pas majoritaires, et nombreux sont ceux qui viennent d’ailleurs, d’une campagne, d’une province.

Il y a encore, en beaucoup de nous, des restes vivaces de campagnards. La France et les Français sont génétiquement des ruraux.

Charles SANNAT

Source Le Figaro.fr ici

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