05 novembre 2022

Qui est Jordan Bardella, le nouveau patron du Rassemblement national

Après une année d’intérim, le jeune homme de 27 ans prend, cette fois, la présidence pleine et entière du RN. Il vient d’être élu confortablement par les adhérents du parti. Mais sera-t-il un véritable numéro un, ou un numéro un-bis au côté d’une Marine Le Pen qui ne pourra jamais s’empêcher de surveiller de près un RN qu’elle a contribué à faire grandir ?

Lui se serait volontiers rêvé en Bonaparte, l’un de ses héros, le général corse autoproclamé empereur des Français. Ses ennemis le taxent plutôt d’arriviste, façon Eugène de Rastignac, le personnage le plus emblématique et le plus ambitieux d’Honoré de Balzac, à l’irrépressible désir de gravir les marches de l’échelle sociale…

À 27 ans, Jordan Bardella, est désormais le nouveau président du Rassemblement national. Il a obtenu 85 % des voix contre 15 % pour Louis Alliot, avec une participation de 71 % au sein du parti. ​Une très large majorité des adhérents l’a donc soutenu en ce samedi 5 novembre, jour du 18e congrès du parti. Un résultat prévisible. Depuis déjà plusieurs semaines, Louis Aliot, le challenger et maire de Perpignan (Pyrénées-Orientales), savait que sa candidature était vouée à l’échec.

Une ascension fulgurante

Ce plébiscite militant vient ainsi renforcer l’ascension fulgurante du natif d’une cité HLM de Drancy, aux racines italiennes, membre du FN/RN depuis dix ans seulement. En moins d’une décennie, le jeune homme est passé de secrétaire du parti en Seine-Saint-Denis (2014) à conseiller régional (2015) ; de porte-parole du FN (2017) à directeur du Front national de la jeunesse (2018) ; de chef de file aux Européennes (2019) à président du RN par intérim (2021), puis désormais patron plein et entier.

Du haut de son mètre 90, l’ex-étudiant en géographie à la Sorbonne, jamais passé par les bancs de Sciences Po ou de l’Ena, peut donc se targuer d’un parcours politique sans faille jusqu’à présent… à l’ombre et à l’abri de celle qui l’a repéré voilà six ans. « Marine Le Pen a récupéré un diamant brut en 2016. Elle l’a façonné au fil des années. Maintenant, il brille par lui-même, » analyse Renaud Labaye, le secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée, cité par le JDD,

Ce n’est donc pas uniquement la jeunesse de leur chef que les adhérents du Rassemblement national ont souhaité mettre en avant. Ils ont surtout voulu saluer l’implication et les réussites électorales de Jordan Bardella. À commencer par le bon score du parti au scrutin présidentiel d’avril, puis sa très forte poussée aux législatives du mois de juin avec 89 députés à l’Assemblée. Sans oublier la percée du RN à Bruxelles voilà trois ans. 

Numéro un ou un-bis ?

Après un demi-siècle de direction lepéniste, de père en fille, le Rassemblement national ouvre donc un nouveau chapitre de son histoire. Sans prendre trop de risques toutefois… L’eurodéputé Jordan Bardella, qualifié de « chouchou » par les envieux, reste et restera un fidèle soldat de Marine Le Pen et de sa ligne radicale, lui cédant probablement la priorité pour une quatrième candidature d’affilée à la prochaine échéance nationale de 2027.

Ne sera-t-il, alors, qu’un numéro un-bis au côté de la présidente du groupe RN à l’Assemblée, qui ne pourra jamais s’empêcher de surveiller de près un parti qu’elle a contribué à faire grandir ? Ou parviendra-t-il à s’émanciper, à devenir un véritable numéro un, capable de s’affranchir de la figure tutélaire de la députée du Pas-de-Calais ? Les deux probablement.

À Jordan Bardella, la gestion du quotidien, des fédérations, des problèmes financiers… À Marine Le Pen, la maîtrise de la ligne politique… Une ligne d’ailleurs chahutée depuis quelques heures, après la sanction infligée par l’Assemblée nationale au député RN de Gironde Grégoire de Fournas, coupable d’avoir tenu des propos jugés racistes par certains, jeudi dans l’hémicycle, durant une intervention du parlementaire LFI Carlos Martens Bilongo sur la situation des migrants en Méditerranée.

Quel avenir politique ?

Le nouveau président du parti va devoir forcément gérer cette tempête, risquant de souffler encore plusieurs jours. Et puis, il lui reviendra de fixer le cap du RN pour les prochaines années, en prévision des Européennes 2024 et des municipales 2026, les deux grandes échéances électorales futures. En « stratège bonapartiste », il y pense déjà activement, dit-on.

Réfléchit-il aussi à son avenir politique ? Compte-t-il rester à Bruxelles et Strasbourg ? Ou osera-t-il enfin briguer un premier mandat national ? Le jeune homme reste évasif sur le sujet. Mais « le fin calculateur » ambitieux qu’il est a sûrement déjà la réponse…

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