26 novembre 2022

Le grand déclassement des Français est en marche

Alexandre Bompard a créé la surprise lors de l'annonce de son plan 2026 avec le lancement de l'enseigne Atacadão… en France. Le PDG de Carrefour ouvrira en effet à l'automne 2023 aux Franciliens ce Cash & carry à la française, qu'il exploite avec succès au Brésil. Pour se faire une idée, Atacadão, c'est à la fois un grossiste et un supermarché. Dans les allées du magasin, qui ressemble davantage à un entrepôt (un peu comme l’enseigne Métro en France, qui est justement un grossiste), on trouve des particuliers comme des professionnels. Les petites quantités sont bannies et tous les produits sont proposés dans des conditionnements plus volumineux qu'en supermarché. C’est à même le sol que palettes et cartons s'entassent dans les rayons du magasin-entrepôt. À la caisse, les chariots vomissent leurs ras bord, car le prix des produits diminue avec la quantité…

Mais ce qu’il faut surtout comprendre entre les lignes, c’est que le groupe Carrefour montre qu’il a saisi une évolution inquiétante de la société française à laquelle, en bonne firme qui ne veut pas sortir du CAC40, il s’adapte ; à savoir la disparition de la classe moyenne par segmentation en deux camps que tout oppose : les défavorisés d’un côté, dont l’enseigne acte ainsi la baisse durable du niveau de vie (l’inflation qu’ils ressentent est déjà à deux chiffres, j’en parle ici) et les autres.

Le chiffre de la semaine

311 M€

Le tribunal arbitral de Stockholm a ordonné à la société énergétique publique finlandaise Gasum de payer au russe Gazprom Export une dette de plus de 311 M$ et a reconnu la légitimité du décret du président russe concernant le paiement du gaz en roubles. Concrètement, la juridiction condamne l’énergéticien finlandais à rembourser au géant russe la dette qu’il a accumulée à son endroit pour « des fournitures de gaz en relation avec le non-respect d’une obligation de ‘‘take or pay’’, ainsi que des intérêts de retard ».

C’est du Feydeau, car un jour plus tôt, Gasum avait affirmé qu’un tribunal arbitral (le même ? on peine à le croire) avait jugé qu’il n’était pas tenu de payer en roubles le fournisseur de gaz russe, dans le cadre d’un contrat à terme d’approvisionnement en gaz naturel. Rappelons que la Finlande importe la majeure partie de son gaz de Russie et que le gaz naturel représente environ 8% de sa consommation d’énergie. En réponse à cette affaire et afin de réduire les risques de dépendance aux exportations russes, le gouvernement finlandais vient d’annoncer que le pays avait signé un contrat de location de 10 ans d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) auprès de la société américaine Excelerate Energy. Voilà qui ne va pas arranger la parité eurodollar…

La déclaration de la semaine

« La nouvelle aide carburants ciblera les gros rouleurs et les gros bosseurs. » G Attal

Alors que la remise gouvernementale de 30 centimes par litre de carburant a été abaissée à 10 centimes mi-novembre (ce qui réduit considérablement les files d’attente, vous avez remarqué ?), avant de prendre fin au 31 décembre (bonne année !), l’inénarrable Attal a d’ores et déjà annoncé qu’elle se verrait remplacée par un nouveau dispositif plus ciblé. Cette nouvelle indemnité, nommée « indemnité carburant travailleurs » (que les autres, serfs et manants, restent donc attachés à la glèbe !), bénéficiera « aux ménages se situant dans les cinq premiers déciles de revenus, soit la moitié des ménages ». Ceux-là même qu’Attal, qui n’a sûrement jamais roulé, ni bossé (pour de vrai), affuble des étiquettes de « gros rouleurs et gros bosseurs ». On croirait sa réplique sortie des « Visiteurs »… les gueux, tout ça. 

Plus précisément (ou pas, Gaby’s speaking, ne l’oubliez pas), le gouvernement opterait pour une aide de 100 à 200 € (mazette !). Elle devrait concerner salariés, apprentis, agents publics et indépendants et être versée uniquement aux plus modestes, avec une possibilité de bonus pour les gros rouleurs, de 50 à 100 €. Coût total de cette opération : environ 1,5 Md €. Soit ce que Macron s’est engagé à envoyer à Kiev chaque mois. Il roule beaucoup Zelenski ?

L’actif de la semaine 

Vers un retour en grâce du PEL ?

Peu intéressant ces dernières années, le plan d’épargne logement (PEL) a longtemps été mis de côté. Cependant, ce placement est en passe de prendre sa revanche grâce à la remontée des taux. Le marché immobilier est en effet confronté depuis le début de l’année à une remontée rapide des taux d’emprunt, dans le sillage des taux directeurs de la Banque centrale européenne : de 1,10% en moyenne fin décembre dernier à 1,68% en septembre. Etant donné que cette remontée des taux n’est pas partie pour s’arrêter (déjà 2,05% en octobre), cette hausse va tôt ou tard rendre attractif le taux de crédit adossé aux PEL signés depuis août 2016 et qui permet d’emprunter à 2,20%.

Pour rappel, le PEL à deux fonctions : il sert à se constituer une épargne (destinée à l’achat d’un bien immobilier ou à la réalisation de travaux), puis à financer ce projet. Il affiche donc deux taux : un premier définissant la rémunération de l’épargne qui y est déposée (1% brut depuis le 1er août 2016, là on est sur du -5,2% en rendement réel, on a vu mieux…) et un second bloquant un taux d’emprunt, qui lui est supérieur de 1,2 pt de % (depuis le 1er février 2015), pour les 15 années à venir. Depuis 10 ans, le PEL n’avait plus beaucoup d’intérêt côté crédit, puisqu’avec la TMM (on vous dit tout ici) les taux du marché immobilier étaient proches de zéro. Pour rappel, la Cour des comptes estimait en septembre que le PEL était « détourné de l’objectif historique d’accession à la propriété pour devenir un produit d’épargne de long terme ». La voilà rassurée.

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