En Grande-Bretagne, le gouvernement et les médias cherchent à se rassurer. Grâce à la météo clémente de cet automne, il sera possible d'échapper à la crise énergétique tant redoutée. L'analyste britannique montre que le lien entre le temps qu'il fait et la consommation d'énergie est un peu plus complexe que la méthode Coué ne voudrait nous le faire croire.
Comme je l’ai déjà noté, les médias britanniques – et d’après ce que je peux voir, ceux d’Europe continentale également – semblent essayer de vendre l’idée que la crise énergétique est déjà terminée ou qu’elle n’est pas aussi grave qu’elle le semble. Ce qui est le plus frappant dans cette couverture, c’est que l’on ne cite jamais de données réelles pour étayer ses arguments, mais on fait vaguement allusion à une large gnōsis collective qui a réalisé que les craintes précédentes d’une grave crise énergétique sont désormais reléguées dans le passé.
Certaines données sont citées, mais elles sont vagues et souvent attribuées à des publications de tiers par des sociétés de conseil et/ou des groupes de pression ; et lorsque vous creusez dans les statistiques de tiers, elles sont à leur tour soit vagues soit inexactes.
Un autre cliché que j’ai remarqué est que nous allons avoir un hiver chaud et que cela devrait réduire la pression sur le réseau. Une fois encore, les données et les arguments cités ont tendance à être vagues ou inexistants. Alors, remédions à cela – pour le cas du Royaume-Uni, du moins.
Il n’y a pas de relations statistique forte entre la température extérieure et la demande d’électricité
Je vais utiliser des données prises à partir de 2010. Les températures mondiales augmentent – même si c’est à un rythme très progressif – et nous avons donc besoin d’un échantillon dans lequel il n’y a pas eu trop de tendance séculaire à la hausse. La période postérieure à 2010 correspond à ce critère. Nous allons également nous concentrer sur l’électricité, et non sur le gaz. En effet, le plan d’urgence du gouvernement vise à réduire la consommation d’électricité, et non celle de gaz, dans un scénario de crise. (L’électricité peut être allumée et éteinte, mais si vous éteignez le gaz, vous devez repressuriser le tuyau avant de le réactiver).
Le nuage de points suivant montre la relation entre la demande d’électricité au cours du quatrième trimestre de l’année et la température moyenne de septembre-octobre de la même année.
Quelques éléments ressortent.
La relation entre les variables (R2) est faible. Très faible, en fait. Elle n’est en fait pas statistiquement significative. Cela signifie que, même si les températures étaient très élevées, cela ne constituerait pas un guide fiable pour la demande d’électricité.
Le point surligné en rouge correspond à l’année 2021 et, comme nous pouvons le constater, cette année-là, les températures ont été élevées en septembre et octobre et la demande d’électricité a été faible au quatrième trimestre ; il convient de le noter car les importations de gaz, etc. pour cette année sont souvent comparées à celles de l’année dernière.
Le point surligné en orange est une prévision de la demande d’électricité au quatrième trimestre en 2022, sur la base des températures actuelles ; notez que la température implique qu’une quantité assez moyenne d’électricité sera probablement nécessaire.
Voici les mêmes données dans un graphique de séries chronologiques. Notre prévision ne constitue pas l’observation finale de la demande d’électricité au quatrième trimestre.
Le quatrième trimestre 2022 va être marqué par une demande plus forte d’électricité, quelle que soit la température
Deux autres points ressortent ici.
La période septembre-octobre 2022 est certainement supérieure à la moyenne – donc lorsque les médias disent cela, ils ne mentent pas – mais ce n’est pas dramatique, et ce n’est certainement pas sans précédent ces 12 dernières années ; des températures similaires ou supérieures ont été observées en 2021, 2014 et 2011.
Notre prévision de la demande d’électricité pour le quatrième trimestre 2022 – pour ce qu’elle vaut, car rappelons que la signification statistique est faible – est plus élevée qu’en 2021 et 2020 ; une fois encore, il convient d’y prêter attention lorsque l’on compare les importations de gaz etc. de cette année à ces deux années.
Dans l’ensemble, ces deux derniers mois d’automne ont donc été marqués par des températures supérieures à la moyenne. Mais pas de façon dramatique. Cependant, il n’y a pas de relation ferme entre la température et la demande d’électricité. Et même si nous prenons la relation extrêmement faible qui existe, il semble que le Royaume-Uni aura besoin de plus d’électricité disponible cette année qu’en 2021 et 2022.
La météo ne nous sauvera pas.
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