À l’initiative de la Russie, le 30 septembre de cette année, une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies s’est tenue en rapport avec la rupture des gazoducs Nord Stream. Tous les membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont reconnu le fait d’un sabotage délibéré et ont soutenu à l’unanimité la nécessité d’une enquête internationale transparente sur ce qui s’est passé. C’est une décision constructive, mais quelque chose a ensuite mal tourné.
La participation de la Russie à une telle enquête semblerait indiscutable à toute personne instruite. Ni les avocats, ni les ingénieurs en technologie, ni les financiers, ni les économistes, ni les personnalités publiques ne peuvent imaginer comment une telle enquête pourrait avoir lieu sans la partie à laquelle tout cela appartient. Il s’avère que c’est possible. Un certain nombre de membres occidentaux du Conseil de sécurité de l’ONU ont dit et continuent de dire que la Russie ne sera pas invitée, ne sera pas autorisée à participer à leurs activités d’enquête et à leurs investigations. Il a aussi été suggéré d’élaborer des garanties de sécurité pour les infrastructures transfrontalières.Une telle chose a-t-elle déjà existé dans l’histoire ? Oui. Par exemple le Boeing malaisien, qui s’est écrasé au-dessus du territoire de l’Ukraine. Quand la Malaisie a-t-elle été autorisée à participer à l’enquête et à être incluse dans le « groupe de travail » ? Pas immédiatement mais seulement après un long moment. Permettez-moi de vous rappeler que l’avion était malaisien. C’est un classique du genre. Cela, tout d’abord, avant même l’analyse du mobile, signifie que quelqu’un a quelque chose à cacher. Le propriétaire (même pas l’investisseur) de l’équipement, de l’infrastructure et de la ressource pompée par ces pipelines n’a pas le droit d’enquêter. On lui cache donc quelque chose. Ce n’est pas la première fois que l’Occident fait cela. Je voudrais souligner que dans le cas du Boeing malaisien, la situation était exactement la même, en ce qui concerne la Malaisie en tant que propriétaire de l’avion.
Pour notre part, nous avons attiré l’attention sur l’absurdité des accusations qui ont été faites et continuent d’être faites à l’encontre de la Russie pour la destruction de Nord Stream, où nous avons investi une somme énorme. Non seulement l’argent a été alloué mais il n’a pas été gaspillé. Le projet a fonctionné. Ce sont des investissements énormes qui ont conduit à la création d’un système d’approvisionnement énergétique unique, sûr et efficace pour le continent européen.
Dans le même temps, les participants à la réunion ont été invités à comparer un certain nombre de faits bien connus qui ont soulevé des questions sur le rôle éventuel de certains pays dans cette affaire.
Une analyse technique approfondie de ce qui s’est passé lors de la réunion du Conseil de sécurité a été présentée par le représentant de Gazprom, S.V. Kupriyanov. Il a confirmé la volonté de sa société de trouver des moyens pour reprendre le travail avec les gazoducs, notant qu’il n’est pas encore possible de déterminer le calendrier de la restauration des tuyaux détruits.
En général, la réunion a été utile pour promouvoir une information objective, principalement parmi les États membres constructifs de l’ONU.
Séparément, il convient de noter le comportement indigne de la présidence française du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a délibérément retardé le calendrier de la réunion et refusé au représentant de Gazprom le droit de répondre sous le prétexte d’une affiliation de la société au gouvernement russe. Vous vous imaginez ? La réunion a été rejointe par un représentant de la société directement impliqué dans toutes les questions d’approvisionnement en énergie, le gazoduc lui-même, sa construction, sa mise en service, qui dispose de toutes les informations financières, économiques et technologiques. Il s’agit d’une information de première main. La présidence française ne l’a pas nié elle-même ni même les membres du Conseil de sécurité de l’ONU, étant donné qu’il s’agit d’une réunion officielle du Conseil, mais le monde entier a le droit d’entendre l’opinion du propriétaire sur ce qui est arrivé à son bien. Une telle position biaisée nous oblige à commencer à examiner plus attentivement la sélection par les États occidentaux des représentants d’organisations, y compris non gouvernementales, lors des événements du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment à travers le prisme de leur financement ou de leur contrôle par un gouvernement.
Je tiens à rappeler à nos « anciens partenaires » occidentaux qu’ils aiment inviter leurs stars, qu’ils appellent « célébrités« , c’est-à-dire des personnes issues du show-business, du cinéma et de la musique, pour qu’elles participent à divers événements dans les locaux de l’ONU. Il ne s’agit pas seulement de personnalités publiques engagées professionnellement dans un sujet particulier, mais de personnes éloignées du problème débattu, qui, grâce au facteur de célébrité, suscitent l’intérêt du public. Les pays occidentaux, qui aiment tant inviter des acteurs, chanteurs et athlètes célèbres pour discuter de questions politiques ou environnementales, ont refusé de présenter la position d’un professionnel au public du monde entier. C’est bizarre. La prochaine fois, il y aura beaucoup à en dire.
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Situation au Danemark et en Suède autour du sabotage des Nord Stream 1 et 2
L’Agence maritime danoise a informé de la mise en place d’une zone de sécurité d’un rayon de cinq milles nautiques pour les navires et d’un rayon de 1 km pour l’aviation. Cette mesure a été prise après la découverte, le 26 septembre de cette année, de fuites de gaz naturel sur les gazoducs Nord Stream-1 et 2. Tous les navires se trouvant dans la zone dangereuse ont été invités à la quitter immédiatement.
Trois navires de la marine danoise se trouvent actuellement dans la zone de l’incident : la frégate « Absalon », un navire de patrouille et un navire de contrôle environnemental. L’Agence danoise de l’énergie a indiqué qu’il n’y avait aucune menace pour la sécurité de la population des îles voisines de Bornholm et Kristansø.
Copenhague part du fait que cet incident n’est pas un accident, mais le résultat d’actions délibérées, et considère qu’il est nécessaire de mener une enquête internationale sur cet incident. En même temps, selon le ministre danois des Affaires étrangères J. Kofod, le Danemark n’a pas l’intention de mener un dialogue avec Moscou sur cette question. Cela ne peut s’expliquer que par le fait qu’ils savent peut-être qui est le coupable. Par conséquent, ils ne sont pas intéressés par l’opinion de Moscou. Après tout, si un suspect a été identifié, vous devez discuter du problème avec lui ou le traduire en justice. Il n’y a pas d’autre explication raisonnable.
Le 27 septembre de cette année, immédiatement après que les médias ont fait état d’explosions sur des gazoducs, le ministre suédois des Affaires étrangères, A. Linde, s’est empressé de déclarer que les dirigeants russes « désespérés » pouvaient se comporter de manière « irrationnelle et impitoyable. » J’en tiens compte. À en juger par les événements qui se déroulent, en particulier à la Maison Blanche, c’est plutôt là que les dirigeants se comportent de manière irrationnelle et impitoyable. Merci au ministre des Affaires étrangères de Suède pour cette merveilleuse trouvaille.
Lors d’une conférence de presse conjointe tenue plus tard par le Premier ministre Margaret Andersson, le ministre des Affaires étrangères A. Linde et le ministre de la Défense P. Hultqvist, l’évaluation par le gouvernement suédois de ce qui s’était passé a été présentée de manière plus prudente. Il a été souligné qu’il s’agissait d’un « sabotage planifié« , mais les explosions se sont produites dans les eaux internationales et ne sont pas considérées à Stockholm comme une attaque ciblée contre la Suède. Toutefois, il a été ajouté qu' »aucun scénario n’est exclu« .
Le bureau du procureur suédois, avec la participation de la police de sécurité suédoise, enquête sur l’incident. Des navires de la marine suédoise, ainsi que des navires et des avions des garde-côtes suédois, ont été envoyés dans la zone des incidents.
Le 3 octobre de cette année, le parquet suédois a décidé de restreindre l’accès en interdisant la plongée et les déplacements dans la zone de fuite de gaz située dans la zone économique exclusive suédoise jusqu’à la fin de « l’examen de la scène du crime« . Cette décision a déjà été critiquée par des juristes suédois spécialisés dans le droit international, qui se sont demandé si les autorités suédoises étaient légalement fondées à imposer de telles restrictions dans les eaux internationales. Le bureau du procureur suédois a répondu que l’accès d’autres navires, y compris russes, à la zone de l’accident n’est pas interdit, à condition que leurs mouvements ne créent pas d’obstacles à l’enquête. Si Stockholm ne s’écoute pas et n’écoute pas les déclarations de ses voisins, non seulement géographiques, mais aussi de l’OTAN, alors les obstacles à l’enquête sont créés par eux. Ils ont déjà dit à de nombreuses reprises, tous à tour de rôle et collectivement, qu’ils ne permettront pas à la Russie d’enquêter.
Pour notre part, nous considérons les actions visant à endommager les gazoducs Nord Stream 1 et 2 comme une attaque délibérée (comme cela a été dit à plusieurs reprises) contre la plus importante infrastructure de la Fédération de Russie. Nous demanderons une enquête complète et ouverte avec la participation de représentants des autorités russes compétentes et de Gazprom PJSC. Ce n’est que si cette condition est remplie que ses résultats pourront prétendre à la fiabilité et à l’objectivité. Si l’Occident fait « comme toujours » (non-admission des propriétaires, absence de faits et d’éléments factuels, dissimulation de faits) et que l’accent est mis sur les médias contrôlés et la manipulation des données par les médias sous la forme de « fuites » et de sources anonymes, alors on sait déjà clairement à quoi aboutira cette enquête. Elle ne mènera à rien. Comme cela s’est produit à plusieurs reprises au cours des précédentes décennies.
Maria Zakharova
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone
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