On a plusieurs fois indiqué le manque de fiabilité des chiffres fournis par la Direction de la recherche, des études, des évaluations et des statistiques (DREES) pour “mesurer” l’efficacité vaccinale et soutenir par exemple l’idée que “les vaccins anti-Covid protègent contre les formes graves“. (Voir par exemple ici, ici, ou là.)
On avait également noté qu’une revue spécialisée dans le “conseil en stratégie” faisait état d’un contrat chargeant le cabinet McKinsey de conseiller la DREES sur l’utilisation des données dans la gestion de la crise sanitaire. Ce qui, pour un esprit critique à l’égard des cabinets de conseil et des conflits d’intérêts découlant de leurs liens avec d’autres clients ayant de lourds intérêts financiers dans la gestion de la crise, n’était pas rassurant quant à la fiabilité des chiffres produits.
On aurait pu souhaiter quelques modifications dans la façon dont la DREES met régulièrement à disposition du public des chiffres concernant les hospitalisations, les entrées en soins critiques et les décès pour chaque statut vaccinal :
- c’est peut-être irréaliste, parce que cela poserait des questions de confidentialité pour les patients concernés, mais on aurait pu rêver que soit rendu transparent le processus d’appariement des trois fichiers SI-VIC, SI-DEP et VAC-SI, qui permet à la DREES de savoir pour tel patient hospitalisé (d’après SI-VIC) si et quand il a été testé positif (selon SI-DEP) et quel est son statut vaccinal (selon VAC-SI.)
- bien plus réaliste, on aurait pu exiger que lorsque le statut vaccinal réel d’un patient est introuvable, au lieu de lui inventer un statut hybride combinant des fractions de plusieurs statuts vaccinaux extrapolés, la DREES le range dans une catégorie “statut inconnu”. Cela aurait permis de savoir ce que l’on sait vraiment à propos de l’efficacité vaccinale.
Mais ce 28 octobre 2022, c’est une toute autre modification qui est intervenue à l’occasion de la dernière livraison des chiffres. Une donnée, pourtant importante, a été purement supprimée : l’effectif de chaque catégorie n’est plus fourni. Ainsi, les chiffres fournis par la DREES continuent de nous renseigner sur le nombre de personnes ayant reçu une 3ème dose depuis moins de trois mois qui sont entrées en soins critiques le 1er octobre (par exemple), mais ils ne disent plus combien il y a en France de personnes ayant reçu une 3ème dose depuis moins de trois mois.
La colonne “effectif“, qui indiquait pour chaque date le nombre de personnes en France appartenant à une même catégorie (même statut vaccinal, même tranche d’âge) a été remplacée par une autre colonne : “pourcent_parmi_vaccinés“. Voici à quoi ressemblait le tableau proposé sur le site de la DREES jusqu’à la livraison des chiffres intervenue le 7 octobre 2022 :
Et voici la nouvelle présentation, telle qu’on la découvre le 28 octobre 2022 :
Cette nouvelle colonne semble indiquer, à une date donnée, et pour une classe d’âge donnée, la part de chaque statut vaccinal parmi la population vaccinée. Mais les non-vaccinés sont exclus de cette nouvelle donnée. Ainsi, en France parmi les personnes de 60 à 79 ans ayant reçu au moins une dose avant le 10/10/2022, on sait que ce jour-là 60,12% d’entre elles avaient reçu un rappel (3ème dose) depuis 6 mois ou plus, que 15,12% avaient reçu un deuxième rappel (4ème dose) entre 3 et 6 mois avant le 10/10, que 13,21% avaient reçu une 4ème dose depuis moins de 3 mois etc. Mais on ne sait plus combien de personnes sont concernées dans chaque cas. Et on n’a aucune indication sur les non vaccinés : pour les lignes correspondant à des catégories non-vaccinées, la colonne reste vide.
Pourquoi une telle modification, entraînant une déperdition d’information sans rien ajouter, est-elle intervenue ? C’est assez difficile à comprendre.
Dans l’ancienne présentation, il était en effet facile de calculer le “pourcentage de chaque statut parmi les vaccinés” si on le souhaitait. Les données que propose la nouvelle colonne pouvaient aisément être déduites des données anciennement fournies. Mais désormais, il est rigoureusement impossible de reconstituer l’effectif de chaque catégorie à partir de ce qui est communiqué, que ce soit parmi les différents statuts ayant reçu au moins une une dose ou pour les non-vaccinés.
Une chose est certaine : la nouvelle présentation des chiffres interdit désormais toute comparaison, aussi peu fiable soit-elle, entre le sort des vaccinés et des non-vaccinés face au Covid-19.
Est-ce vraiment judicieux d’avoir appauvri les données fournies ? Selon une hypothèse soutenue par certains chercheurs, au fil des injections successives d’un produit identique provoquant l’apparition répétée dans l’organisme du même modèle de la protéine Spike (correspondant à l’ancienne souche de Wuhan utilisée pour les vaccins à ARNm), les phénomènes d’imprinting (ou “péché originel antigénique“) et ADE (ou “facilitation de l’infection par les anticorps“) se conjugueraient pour entraver de plus en plus la capacité du système immunitaire des personnes vaccinées à faire face aux variants actuellement en circulation. Pour corroborer ou infirmer de telles hypothèses, il serait donc de plus de plus en plus vital de voir si une évolution est observable dans la comparaison entre le taux d’infection par le Covid des non-vaccinés et des vaccinés, entre leurs taux respectifs d’hospitalisation, de décès, etc.
La nouvelle présentation de la DRESS, au lieu d’améliorer la possibilité d’effectuer ces comparaisons en corrigeant les imperfections des fichiers, rend totalement impossible de le faire en France.
Il faudra se contenter de chiffres provenant d’autres pays… si on en trouve encore : plusieurs états (Islande, Ecosse, Ontario…) ont en effet cessé, les uns après les autres, de publier des chiffres de mortalité répartis par statut vaccinal.
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