Conforté par la résignation effarante des Français, Macron continue avec autant de détermination qu’il le peut sa mission : détruire le pays. Avec Luc Rémont nommé par ses soins à la tête d’EDF le 29 septembre, nous avons aujourd’hui largement de quoi nous préoccuper du sort de l’un de nos derniers fleurons. Le groupe était encore il y a peu le premier énergéticien au monde.
À 53 ans, Luc Rémont a déjà sali ses mains et ne compte sans doute pas s’arrêter en si beau chemin. Proche d’Alexis Kohler (le bras droit de Macron mis aujourd’hui en examen pour prise illégale d’intérêts), il succède donc à Jean-Bernard Lévy, après que ce dernier a sans ménagement déclaré : « Pourquoi on n’a pas assez d’équipes formées ? Parce qu’on nous a dit : “Votre parc nucléaire va décliner, préparez-vous à fermer des centrales.” » Et d’ajouter : « On nous a dit, et ce sont d’ailleurs les textes encore en vigueur au moment où l’on se parle : “Préparez-vous à fermer les douze suivantes.” Évidemment, on n’a pas embauché des gens pour en construire douze, on a embauché des gens pour en fermer douze. »
Luc Rémont fera assurément moins de tapage que son prédécesseur. Coûtera-t-il plus cher ? Il gagnait plus d’un million par an chez Schneider, va-t-il se contenter, comme son prédécesseur à EDF, de « seulement » 450 000 €/an ? Missionné pour « sauver EDF et le nucléaire français », on peut cependant douter qu’il ait les moyens d’une telle ambition. Sa femme Sophie l’a pourtant mis au parfum, lorsqu’elle a collaboré, en tant que directrice de l’expertise de la banque publique d’investissement Bpifrance, au rapport Le démantèlement des installations nucléaires, paru en 1998, aux Presses des mines. Un titre éloquent…
Sans la moindre compétence dans l’industrie, l’ingénieur polytechnicien de formation a surtout traîné ses mocassins à glands dans les cabinets ministériels et les bureaux feutrés des banques d’affaires. Après un passage à la direction générale de l’armement au début des années 90, puis du Trésor, où il s’est mis au service de l’ensemble des ministres de l’Économie et des Finances du second mandat de Jacques Chirac en tant que chargé des relations avec les banques de développement telles que la BERD et la Banque mondiale. Sous la direction de Thierry Breton, il organise sous la fusion GDF – Suez. S’ensuit une impressionnante carrière de dépeceur d’entreprises publiques : privatisations d’Aéroport De Paris et d’Areva, cotation en bourse d’EDF en 2005. Introduit dans le privé en 2007, il est à la direction de la filiale française de la banque d’investissement Merrill Lynch lorsque celle-ci conseille Alstom dans la vente de sa branche Énergie à General Electric. L’opération est avalisée par le ministre de l’Économie, un certain Emmanuel Macron, qui assure à l’époque aux Français que « les intérêts de l’État, la pérennité de la filière nucléaire et la sécurisation de l’approvisionnement énergétique de la France étaient pleinement pris en compte ». Une enquête a été ouverte pour corruption d’agent public étranger et recel visant le groupe Alstom. Huit ans et 1 200 emplois supprimés à Belfort plus tard, le groupe public s’apprête aujourd’hui à racheter cette branche, qui produit les turbines équipant les centrales nucléaires françaises, dont l’EPR.
Le caractère erratique de la nouvelle politique promue par l’exécutif laisse pantois : voici plus de trente ans que l’État français se soumet totalement à l’Allemagne, à l’Union européenne et aux États-Unis. Après avoir ainsi littéralement spolié l’électricien français en l’ayant contraint à privatiser ses activités rentables ; après lui avoir imposé une concurrence européenne déloyale et cassé les tarifs réglementés ; après avoir tout fait pour dézinguer le nucléaire français ; le gouvernement entend aujourd’hui du banquier d’affaires qu’il renationalise, négocie les tarifs de l’électricité avec une Commission européenne hostile et fasse construire de nouveaux EPR.
En d’autres termes, pour prétendument sauver l’entreprise en la renationalisant, Macron nomme un spécialiste… des privatisations.
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