Le 24 août, le premier ministre britannique Boris Johnson s’est rendu à Kiev :
Dans des commentaires faits aux côtés du président ukrainien Volodymyr Zelensky au palais Mariyinsky, Johnson a déclaré que l’Ukraine « peut et va gagner cette guerre. »
La visite de Johnson a été le signal de départ de la « contre-offensive » ukrainienne vers Kherson, annoncée depuis longtemps.
Début avril, Johnson avait appelé et visité Kiev pour mettre un terme à des négociations de paix bien développées entre la Russie et l’Ukraine :
« Les négociateurs russes et ukrainiens semblaient s’être provisoirement entendus sur les grandes lignes d’un règlement intérimaire négocié« , ont écrit Fiona Hill et Angela Stent. « La Russie se retirerait sur sa position du 23 février, lorsqu’elle contrôlait une partie de la région du Donbass et toute la Crimée, et en échange, l’Ukraine promettrait de ne pas chercher à adhérer à l’OTAN et de recevoir à la place des garanties de sécurité d’un certain nombre de pays. »
Cette info montre l’impact des efforts de l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson pour mettre fin aux négociations, comme l’a noté le journaliste Branko Marcetic sur Twitter. La décision de saborder l’accord a coïncidé avec la visite de Johnson à Kiev en avril, au cours de laquelle il aurait exhorté le président ukrainien Volodymyr Zelensky à rompre les pourparlers avec la Russie pour deux raisons essentielles : On ne peut pas négocier avec Poutine, et l’Occident n’est pas prêt à voir la guerre se terminer.
Au cours des derniers mois, la Grande-Bretagne a formé plusieurs milliers de soldats ukrainiens et leurs officiers. Avec les forces spéciales ukrainiennes, les services secrets britanniques MI-6 ont planifié une opération spéciale pour l’Ukraine afin de reprendre le contrôle de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, sur la rive sud de Kakhovka, le réservoir du Dniepr. Cette opération était conçue pour coïncider avec la visite des inspecteurs de l’AIEA, longtemps retardée par l’Ukraine, pour visiter la centrale de ZNPP.
L’offensive sur Kherson a débuté le 30 août, sur cinq axes. Elle était vouée à l’échec. Trois de ces tentatives pour gagner le terrain tenu par les troupes russes échouent. Un axe a été arrêté après avoir pris quelques petits villages sans valeur stratégique. La seule attaque « réussie » a eu lieu sur la rivière Ingulet, près d’Andriivka, en direction du barrage et du passage de la rivière qui ferme le réservoir de Kakhovka, sur le Dniepr.
Le plan était dingue dès le départ. Toute la région est une steppe ouverte et plate. Les troupes auraient dû créer un couloir de 50 kilomètres de long à travers des terres hostiles ouvertes. Les villes sur le chemin sont pour la plupart des mini-villages agricoles d’une ou deux rues avec des maisons à un étage qui offrent peu de protection. Les forces ukrainiennes n’avaient aucune capacité de défense ou d’attaque aériennes pour couvrir les troupes qui avancent. Ses capacités d’artillerie représentent un dixième de ce que l’armée russe peut fournir dans la région. Il était évident dès le début qu’il s’agissait d’une mission suicide.
Il semblerait que le commandement militaire ukrainien était contre cette mission. Mais les dirigeants politiques, le régime Zelenski, ont ordonné qu’elle ait lieu. Ce dernier subissait une pression politique de la part de ses partisans étrangers pour montrer au moins un certain succès.
L’attaque a été lancée le 30 août. Les militaires ukrainiens ont créé trois passages de rivière sur l’Ingulet près d’Andriivka. Cela sentait déjà mauvais. Pourquoi l’aviation ou l’artillerie russe n’avaient-elles pas immédiatement détruit ces passages ?
Il était évident qu’il s’agissait d’un piège.
Dans un article publié par CNN, co-écrit par la célèbre sténographe du « renseignement », Natasha Bertrand, l’armée américaine a pris ses distances par rapport à cette catastrophe :
Lors de la préparation de la contre-offensive ukrainienne actuelle, les États-Unis ont exhorté Kiev à limiter les objectifs et la surface de l’opération afin d’éviter de s’étendre et de s’enliser sur de multiples fronts, ont déclaré à CNN plusieurs responsables américains et occidentaux ainsi que des sources ukrainiennes.
Ces discussions ont impliqué de s’engager dans des « jeux de guerre » avec Kiev, ont indiqué les sources – des exercices analytiques destinés à aider les forces ukrainiennes à comprendre les niveaux de force qu’elles devraient rassembler pour réussir dans différents scénarios.
Les Ukrainiens envisageaient initialement une contre-offensive plus large, mais ont limité leur mission au sud, dans la région de Kherson, ces dernières semaines, selon les responsables américains et ukrainiens. …
Les responsables disent qu’ils pensent qu’il y a maintenant une plus grande parité entre les armées ukrainienne et russe. Mais les responsables occidentaux ont hésité à qualifier l’opération ukrainienne – qui semble avoir débuté lundi dans la province méridionale de Kherson – de véritable « contre-offensive« .
La question de savoir dans quelle mesure l’Ukraine parviendra à regagner les territoires perdus reste ouverte, indiquent à CNN des sources au fait des derniers renseignements.
Pendant trois jours, l’armée ukrainienne a envoyé bataillon après bataillon dans la bataille. Il s’agissait de bonnes troupes professionnelles formées par la Grande-Bretagne. Elles étaient équipées de chars polonais T-72 modernisés et de véhicules de combat d’infanterie néerlandais surarmés (YPR-765 IFV). Mais si ces forces ont pu ouvrir une avancée plus profonde, elle allait bientôt devenir leur tombe.
Comme je l’ai écrit le 1er septembre.
L’offensive ukrainienne de Kherson se poursuit malgré des pertes extrêmement lourdes. La carte de Rybar montre l’un des axes où l’armée ukrainienne tente toujours d’avancer après avoir été évincée de Bruskyns’ke.
La zone est une steppe ouverte et plate où les troupes ne peuvent se cacher. Le côté russe est de loin supérieur en artillerie et en suprématie aérienne. Celui qui a ordonné aux Ukrainiens de mener cette campagne suicidaire dans ces circonstances est coupable de meurtre et devrait passer le reste de sa vie en prison.
Le 1er septembre, le jour même de l’arrivée de la délégation de l’AIEA, la partie ukrainienne a lancé une attaque audacieuse pour s’emparer de la centrale ZNPP. Mais la partie russe avait été prévenue. Les deux vagues de forces spéciales ukrainiennes, également formées par la Grande-Bretagne, ont été tuées lors de la traversée du réservoir ou se sont heurtées à des embuscades dès leur débarquement. Ils ont fini par y laisser leur peau. L’inspection de l’AIEA s’est déroulée comme prévu.
Jeffrey Kaye @jeff_kaye – 21:18 UTC – 2 sept. 2022
Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré jeudi :
« Nous sommes heureux que la Fédération de Russie ait tout fait pour assurer la sécurité de nos inspecteurs » !
Je m’attends à ce que la presse grand public n’en parle pas.
Au troisième jour de l’offensive, les ponts sur la rivière Ingulet étaient toujours intacts. La tactique russe était évidente. Elle avait déjà été utilisée sur le front de Karkiv :
Will Schryver @imetatronink – 22:28 UTC – 2 sept. 2022
La vérité de l' »offensive » de Kherson est écrite sur les cartes pour que tout le monde puisse la voir : Les FAU attaquent ; Ru les frappe durement, puis se replie ; les FAU avancent ; Ru les frappe à nouveau, mais se replie davantage ; les FAU ajoutent des forces dans la bataille ; Ru les flanque en force et leur coupe tout retrait ; le piège se referme ; la chasse au dindon est ouverte.
Tard dans la journée d’hier, l’armée de l’air russe a fait sa première véritable démonstration de force dans cette affaire de « contre-offensive ». Elle a attaqué les forces ukrainiennes à l’avant de la percée, dans le petit village de Bezimene, avec quelque 24 bombes « muettes » de 500 kilos. Cela a mis fin à l’existence du village et de toutes les forces ukrainiennes qui s’y trouvaient.
L’armée de l’air russe a ensuite procédé à la destruction de tous les passages de rivière sur l’Ingulet.
Les forces ukrainiennes étaient prises au piège :
Elles n’ont qu’un seul choix. Abandonner, agiter le drapeau blanc ou mourir.
Voici la vue d’ensemble actuelle de Rybar sur la grande région de Kherson. Toutes les tentatives ukrainiennes dans cette « contre-offensive » n’ont pas réussi à faire de progrès significatifs.
Le nombre de victimes ukrainiennes est énorme. Les rapports d’Odessa, Nikolaev et Kryvy Rih font état de milliers de blessés. Beaucoup d’autres sont morts. Des centaines de chars et de véhicules de combat d’infanterie ukrainiens ont été détruits ou capturés par les troupes russes.
La 128e brigade d’assaut en montagne de la région ukrainienne de Transcarpatie a participé à l’attaque générale et a été détruite. (Pourquoi utiliser des spécialistes de l’assaut en montagne dans une steppe ouverte ?) Le gouverneur de la région aurait ordonné une journée de deuil.
La partie russe a maintenant lancé ses propres attaques pour gagner des zones et des villes que les Ukrainiens tenaient depuis un certain temps. Les Ukrainiens se démènent pour mobiliser les réserves locales à Nikolaev afin de contrer ces attaques.
Dans les médias « occidentaux », complices du régime de Zelenski, ni la défaite sanglante de la « contre-offensive » à Kherson ni la tentative de raid sur la centrale de ZNPP n’ont jamais eu lieu.
La seule mention que j’ai trouvée dans le New York Times est la suivante :
Dans une déclaration, le ministère [russe de la défense] a affirmé que les forces russes avaient intercepté deux groupes de commandos ukrainiens, jusqu’à 60 hommes ensemble, qui avaient traversé le fleuve Dniepr dans des bateaux pour saboter ou s’emparer de la centrale.
Au total, la « contre-attaque » sur Kherson a été un échec total qui, comme on pouvait s’y attendre, a fini par détruire les principales réserves militaires de l’Ukraine et une grande partie du stock de véhicules lourds qu’elle avait reçu de « l’Ouest ».
La ZNPP, qui était la principale cible de « relations publiques » de toute l’affaire, est toujours aux mains des Russes et désormais sécurisée par la présence d’une délégation permanente de l’AIEA.
bruno bertez @BrunoBertez – 7:27 UTC – 3 Sep 2022
« L’AIEA est là pour rester aussi longtemps que cela sera nécessaire. Nous ne partons pas. » a déclaré Grossi, [Le directeur de l’AIEA]. « Pour ceux qui pourraient avoir de mauvaises intentions contre la centrale, le fait de savoir que des inspecteurs internationaux sont là, témoignant et informant immédiatement de ce qui se passe, a un effet stabilisateur important. »
Des têtes à Kiev devraient et vont probablement rouler à cause de cela. Mais ce n’est pas suffisant. Ceux qui, à Londres, ont eu l’idée de cette folie devraient aussi être démis de leurs fonctions.
Entre-temps, le président américain Joe Biden a demandé 13,7 milliards de dollars supplémentaires pour l’Ukraine.
Il veut combattre la Russie jusqu’au dernier Ukrainien. Un combat que la Russie ne souhaite pas mais qu’elle est assurée de gagner.
Biden peut-il être tenu pour responsable de cela ?
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.
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