Les forêts continuent de brûler en France, vendredi 12 août. En 1949, l’« incendie du siècle » ravageait la Gironde et faisait 82 morts. La Croix le racontait en une.
Le 25 août 1949, la une de La Croix raconte un monde disparu. Le plan Marshall se met en place en Europe, la Yougoslavie communiste déchaîne la colère du Kremlin en refusant de se soumettre à l’Union soviétique et les Pays-Bas cherchent à conserver l’Indonésie. Une actualité française de l’époque fait toutefois douloureusement écho à l’été 2022 : l’« incendie du siècle » est en train de meurtrir la Gironde. Des dizaines de milliers d’hectares brûlent et 82 personnes sont tuées.
Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le massif forestier français est en piteux état. Les pare-feu, ces chemins désherbés divisant la forêt pour couper la route aux incendies, ne sont pas entretenus. La région sort de trois étés caniculaires et le 18 août, veille de l’incendie de la forêt des Landes, surnommé l’incendie du siècle, qui durera une semaine, 100 000 hectares sont déjà partis en fumée.
« Une terre carbonisée assombrie par le deuil »
En six jours, le feu ravage 50 000 hectares supplémentaires, contre 60 000 depuis janvier 2022. « Sur toute la région, la fumée rôde, s’élevant des milliers de souches et de racines qui achèvent de se consumer », écrit à l’époque le journaliste de La Croix. Le Times renchérit, note-t-il, en écrivant que la paisible Gironde a été « brusquement transformée par un terrible désastre en une terre carbonisée assombrie par le deuil ».
Le 25 août, le feu est maîtrisé dans la forêt de Gascogne, « mais il s’en faut qu’il soit partout éteint ». Comme en 2022, les voisins de la France se mobilisent, quoique dans une moindre proportion. Trente pompiers volontaires britanniques arrivent en France pour combattre le feu. L’Allemagne, la Grèce, la Pologne, la Roumanie et l’Autriche en envoient aujourd’hui 361.
Lutte inégale
La principale différence avec l’incendie de 1949 est le bilan humain. Il y a 73 ans, le feu avait fait 82 victimes. Roger Giraudeau, maire d’une commune ravagée par le feu, Saucats, tombe notamment dans cette « lutte inégale », selon la formule de La Croix. La mairie de Cestas, qui accueillait les corps des défunts, est transformée en « chapelle ardente ».
Des bénévoles ainsi que des fonctionnaires des Eaux et Forêts trouvent la mort dans le brasier, de même que 25 soldats du 33e régiment d’artillerie mobilisés pour l’éteindre.
En 2022, une lourde perte écologique
La détresse des locaux, qui ont pour beaucoup tout perdu dans l’incendie, entraîne un élan de solidarité nationale. Le président de la République française, Vincent Auriol, fait don d’un million de francs au Comité national de secours aux sinistrés du Sud-Ouest. Une journée de deuil nationale est décrétée le 24 août.
Malgré ce bilan impressionnant, l’incendie du siècle fait pâle figure face au feu de forêt de 1871, le plus meurtrier de l’histoire, qui avait fait entre 800 et 1 500 morts dans le Wisconsin, aux États-Unis.
Si l’été 2022 a été nettement moins mortel, il constitue une lourde perte écologique, touchant même des zones habituellement épargnées comme le Finistère. Le réchauffement climatique fait aussi craindre aux scientifiques une extension saisonnière, avec l’apparition de feux hivernaux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.