Avec la multiplication du prix du mégawattheure par 20, les stations de ski subissent elles aussi la hausse des prix de l'électricité. A tel point que de nombreux professionnels remettent en question leur ouverture à la saison prochaine.
Encore un coup dur pour les professionnels de la montagne. Après deux années de crise sanitaire, c'est désormais la hausse des prix de l'électricité qui menace leur activité. A quelques mois du lancement de la saison, plusieurs d'entre eux s'interrogent : seront-ils en capacité d'ouvrir les stations de ski ?
En France, environ 70% des stations d'hiver renégocient leur contrat triennal avec les fournisseurs d'énergie cet automne. Parmi elles, la station de Villard-de-Lans, dans le massif Vercors. "Nous sommes dans l'incapacité de signer un nouveau contrat avec EDF au vu des propositions qui nous sont faites", annonce d'emblée Sébastien Giraud, le directeur général de la régie des remontées mécaniques de la station iséroise.
De fait, le prix du mégawattheure a quasiment été multiplié par 20. De l'ordre de 55 euros l'année dernière, le mégawattheure affiche désormais entre 800 et 1.000 euros. "La facture d'électricité représente 5% de notre chiffre d'affaires en moyenne. Avec la hausse des prix, elle en représenterait entre 20 à 25%."
"En l'état actuel des choses, nous ne serons pas en capacité d'ouvrir la station car on ne pourra pas payer notre facture d'électricité", reprend Sébastien Giraud. Une éventualité particulièrement glaçante à Villard-de-Lans, où 80% de l'économie locale dépend du ski alpin en hiver. "Ça mettrait en péril toute l'activité de la station car il y a aussi les restaurants, les écoles de ski... C'est entre 1 000 et 1 500 personnes qui seraient au chômage."
C'est un véritable cri d'alarme que nous lançons
Frédéric Géromin - Président de la section Isère des Domaines skiables de France
Dans le massif de Belledonne, la station de Chamrousse dispose d'un peu de répit. "Notre contrat prendra fin en décembre 2023. On a un peu moins la pression mais on est solidaires de la profession, la situation est catastrophique pour tout le monde", déclare Frédéric Géromin, directeur général de la régie des remontées mécaniques et président de la section Isère aux Domaines skiables de France.
En Isère, quatre stations sont concernées par le renouvellement de leur contrat d'énergie : Villard-de-Lans, l'Alpes d'Huez, les Deux Alpes et le Collet d'Allevard. "Si aucune solution n'est trouvée, la question de l'ouverture de ces stations se pose évidemment, confirme-t-il. C'est une situation économique à laquelle on ne pourra pas faire face".
Et par "solution", Frédéric Géromin n'entend pas la hausse du prix des forfaits. Il balaie cette option d'un revers de main : "Les Français subissent eux aussi l'inflation, leur porte-monnaie n'est pas extensible". Pour lui comme pour Sébastien Giraud, l'Etat devrait mettre en place un bouclier tarifaire, le même que celui accordé aux ménages.
"Ce qui est certain, c'est que cette problématique va accélérer notre remise en question concernant la sobriété énergétique, même si les Domaines skiables de France se sont déjà engagés en 2021 à réduire de 10 à 20% leur consommation d'électricité", affirme le président de la section iséroise. Sébastien Giraud abonde : "Nous sommes prêts à participer à l'effort cette saison en ralentissant les appareils, en décalant les horaires d'ouverture ou en supprimant le ski nocturne".
Désormais, les professionnels de la montagne, dont les Domaines skiables de France et l'Association nationale des maires des stations de montagne, placent leur espoir dans la réunion ministérielle qui se tiendra ce mardi 6 septembre.
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