26 août 2022

Pôle Emploi cherche 9 624 professeurs des écoles pour la rentrée !

« Il y aura bien un professeur devant chaque classe dans toutes les écoles de France ​le 1er septembre », a déclaré Pap Ndiaye, ministre de l’Éducation nationale, le mardi 23 août en déplacement à Créteil.

À quelques jours de la rentrée, il manque des milliers d’enseignants. Allons-nous manquer d’enseignants à la rentrée ? « Nous sommes confiants », assure Pap Ndiaye, sur l’air de Tout va très bien, Madame la Marquise. 

Pourtant, selon L’Express, le ministre de l’Éducation nationale, qui a passé ses troupes en revue, va devoir leur remonter le moral ou ce qu’il en reste.

Crise des vocations : pas assez de profs à la rentrée

Il manque des profs dans les collèges et lycées (4.000 postes). En physique-chimie, à peine 66,7 % des postes ont été pourvus, contre 80 à 100 % lors des trois rentrées précédentes. En mathématiques, 68,5 % des postes sont pourvus contre 84 à 92 % il y a un, deux ou trois ans, et en lettres modernes, 83,5 % des postes (loin des 98 à 100 % des trois années précédentes). Le 2 août, la présidente de la commission des Affaires culturelles, Isabelle Rauch, avait fait un triste bilan : « Cette année encore, le nombre de candidats admissibles aux concours de professeur des écoles et au certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES) est en baisse. Dans certaines disciplines, le nombre de candidats est même parfois inférieur au nombre de postes à pourvoir. Les démissions d’enseignants augmentent également. Ces signes ne trompent pas : nous sommes face à une véritable crise des vocations. »

Moins de candidats aux concours et le niveau baisse

En France, le nombre de candidats aux concours d’enseignement a baissé de 30 % en 15 ans : (50 000 candidats en 2008, 30 000 en 2020). De plus leur niveau a baissé. Sur 146 500 candidats en 2022, 19 838 ont été admis sur 23 571 postes. Dans le primaire, seulement 8 265 candidats ont été admis pour 9 951 postes.
Pour chaque désistement de candidat admis au Capes ou à l’agrégation, un admissible sur liste d’attente sera repêché. Une situation qui entraîne une baisse d’exigence. En 2006, au Capes de mathématiques, la barre d’admission était à 9,5/20 pour 4 000 candidats. En 2021, elle est descendue à 8/20 pour 2 075 candidats.

Chômeurs ! Pôle Emploi recrute

Pôle Emploi propose 9.624 postes de professeurs des écoles. Pas plus l’académie de Lyon que celle de Paris n’indiquent combien de postes de non-titulaires sont offerts dans le secondaire, mais toutes les candidatures sont les bienvenues. Dans la Drôme et l’Ardèche, selon FranceBleu, le rectorat propose 70 postes dans les collèges et lycées. Erreur ! ce sont en réalité 773 postes qui restent à pourvoir. La liste des suppléances est consultable là. Le ministre invite à relativiser : « Le nombre de contractuels dans l’ensemble du pays demeure relativement raisonnable : 1 % environ dans le premier degré et 8 % dans le second degré ». Allons, ce n’est pas si grave.

Bac +5 cherche petit salaire : l’Éducation nationale a ce qu’il vous faut !

Les recrutements de contractuels se font à partir du niveau bac + 2 (les titulaires, eux, doivent avoir bac+5). Les salaires brut vont de 1 504,21 € à 1 719,77 € — et même 1818,18 € brut, mais il faut avoir bac + 5. Alors qu’entre 2005 et 2019, les salaires des enseignants ont augmenté de 11 % dans les pays de l’OCDE, un rapport sénatorial de 2021 montre que ceux des enseignants français ont baissé de 15 % à 25 % au cours des vingt dernières années. Le constat de l’OCDE est identique : au sein des pays développés, les enseignants français figurent parmi les moins bien payés. Macron a promis qu’il n’y aura pas de salaire à moins de 2.000 € net par mois pour les titulaires (bac+5). Les négociations sur la revalorisation financière auront lieu à l’automne, tout comme celles sur de nouvelles missions sur la base du volontariat à partir de la rentrée 2023. On sent qu’il va falloir travailler plus pour gagner plus.
Que se passe-t-il hors Éducation nationale ? En France, en 2022, le salaire médian est de 27.600 euros pour les femmes à l’embauche et 33.000 euros pour les hommes. Rien d’étonnant à ce que l’Éducation nationale peine à recruter (particulièrement en maths, pourtant une des priorités du ministère). Le 24 août, le président a prédit « la fin de l’abondance et de l’insouciance ». Peut-être parlait-il du budget de fonctionnement de l’Élysée, mais certainement pas des salaires des enseignants.

Les candidats au casse-pipe se font rares

La dévalorisation des enseignants n’est pas seulement financière. Pap Ndiaye reconnaît les difficultés de recrutement dans le premier degré dans les académies franciliennes, surtout celles de Créteil et Versailles. À Créteil à peine plus de 900 candidats ont été recrutés sur 1.665 postes, et moins de 900 à Versailles, pour 1.600 postes. M. Stéphane Peu (GDR-NUPES) a fait remarquer au ministre : « On constate, en particulier en Seine-Saint-Denis, que dès le début du mois d’octobre certains enseignants quittent leur poste. Certains d’entre eux, recrutés sur Le Bon Coin, ne sont même pas francophones et ne peuvent donc pas faire classe. » Les enseignants ne sont plus respectés pour des raisons dont on ne parle pas — les élèves, par exemple, qui ne sont plus les mêmes.

Macron programme l’échec de ses mesures

Avec le fonds d’innovation pédagogique (500 millions), Emmanuel Macron fait confiance aux enseignants et leur accorde le droit à l’erreur. Une belle démonstration d’embrouille ou comment faire croire qu’on a la solution tout en prévoyant son échec.

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