03 août 2022

Pénurie de sages-femmes et délestage: le cri d'alerte des maternités

Pénurie de sage femme et délestage, le cri d'alerte des maternités
"122 sur 461 maternités signalent être en difficulté majeure pour accueillir les femmes qui vont accoucher cet été"

Tensions hospitalières, crise de la médecine libérale, manque de personnel soignant… Le système de santé est à bout de souffle ! Face à une pénurie de sages-femmes sans précédent, les maternités lancent un cri d’alerte aux pouvoirs publics quant à leur situation alarmante.

Si elles sont parfois contraintes de refuser des femmes sur le point d’accoucher, c'est le décès d’un bébé suite à un délestage qui a chamboulé les soignants d’une maternité de Seine-Saint-Denis.

Pénurie de sages-femmes et fermeture de maternités

De nombreuses sages-femmes désertent leur profession par manque de reconnaissance de leur travail, d’épuisement général et de salaires encore trop bas. Cette situation oblige certaines maternités à fermer leurs portes. Pendant ce temps-là, le rythme des naissances, lui, ne faiblit pas.

En raison d’une pénurie de personnel soignant, des scénarios d’urgence sont établis par des sages-femmes déjà épuisées. "Cet été, on va être en grande difficulté en termes d'effectif. Il est possible que vous arriviez en travail et qu’on vous dise qu’on n'a plus de place pour vous et qu’on soit obligés de vous transférer dans un autre hôpital", annonce Ophélie Percheval, sage-femme à la maternité du centre hospitalier de Saint-Denis à l’une de ses patientes enceinte de sept mois.

Comme le rapporte TF1, "122 sur 461 maternités signalent être en difficulté majeure pour accueillir les femmes qui vont accoucher cet été, faute d'effectifs", d'après un médecin travaillant avec le SAMU de Seine-Saint-Denis. De son côté, l'association "Santé en danger" informe que les maternités "déclarent des fermetures partielles (arrêt d'activités ou fermeture de service)". Ces fermetures partielles concernent la "fermeture de consultations de suivi de grossesse, d’échographie, de gynécologie dans les établissements et arrêt des cours de préparation à la naissance et à la parentalité". Les femmes sur le point d’accoucher doivent alors se rendre vers d’autres maternités voisines, qui les acceptent ou les refusent en fonction des places disponibles.

Les maternités sont parfois contraintes de délester des parturientes, d’abandonner le suivi de grossesse ou encore d’obliger les femmes à sortir plus tôt de l’hôpital, après l’accouchement.

Des délestages de plus en plus fréquents

Les hôpitaux avaient déjà alerté sur le manque de lits dans les maternités l'été dernier, mais les répercussions actuelles sont alarmantes. "À l’heure où je vous parle, nous avons cinq patientes qui ont des maladies qui exigent qu’on déclenche l’accouchement, mais nous n’avons aucune place en salle de naissance", expliquait le professeur Stéphane Bounan, le 16 juin dans Le Monde. Pour l’hôpital de Saint-Denis, le délestage est fréquent, "environ deux fois par semaine". C’est-à-dire que si la maternité est saturée, des femmes sur le point d’accoucher sont envoyées vers une autre maternité disposant encore de places.

Certains délestages peuvent virer au drame. Un article de Médiapart témoigne d'un évènement tragique, survenu suite au délestage d'une femme enceinte. Cette mère, qui devait accoucher au centre hospitalier de Saint-Denis, a été envoyée vers l’hôpital Robert-Debré, qui a refusé de la prendre en charge. C’est lorsqu’une troisième maternité a finalement accepté de recevoir la mère que l’enfant est décédé, en réanimation, à l’hôpital Jean-Verdier à Bondy.

Cet évènement a suscité une vive émotion chez les soignants des divers hôpitaux impliqués. Ils s'interrogent : quelle est la réaction des organismes de santé ? 

Des décisions paradoxales

D’autres témoignages ont été recueillis par Médiapart, dénonçant un manque de solidarité de la part des hôpitaux, particulièrement de l’AP-HP, qui se plaint du "grand nombre de demandes de délestage, notamment d’hôpitaux de Seine-Saint-Denis". En effet, si l’hôpital de Seine-Saint-Denis reçoit un nombre important de parturientes, il demande au SAMU et aux pompiers de conduire les femmes vers d’autres établissements en capacité d’accueil.

Alors que les sages-femmes tirent la sonnette d’alarme, l’Agence régionale de santé (ARS) prend des décisions paradoxales. Il y a trois ans, l’ARS de Bourgogne a décidé de mener une restructuration au sein de la maternité de Nevers (Nièvre) car elle estimait qu’il y avait trop de sages-femmes. Mais, cette restructuration a poussé à la fermeture de la seule maternité du département, le 11 avril. Pour Guillaume Rameau, l’un des maïeuticiens de Nevers, "c’est la goutte de trop" ; nombreuses sont les sages-femmes ayant déposé des arrêts maladie, à bout psychologiquement suite à des conditions de travail de plus en plus difficiles.

En somme, les sages-femmes quittent les hôpitaux pour un changement de profession par manque d’attractivité, d’effectifs insuffisants et de conditions de travail dégradées. Elles sont plusieurs à se tourner désormais vers une profession libérale. Mais, en attendant, quid des répercussions sur les mamans et leurs bébés ?

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