01 août 2022

Inde : nouvelles restrictions sur les VPN

Le gouvernement indien vient d’imposer de nouvelles restrictions sur la navigation en ligne : il s’attaque aux services de VPN, utilisés par les internautes pour naviguer de manière anonyme sur la Toile. New Delhi affirme que ces connexions cachées peuvent freiner la lutte contre la cybercriminalité. Et il a brisé la confidentialité de ces services de VPN. Dans un pays qui réprime de plus en plus l’expression en ligne, cette mesure en effraie beaucoup.

De notre correspondant à New Delhi,

Les Virtual Private Networks, ou VPN, sont des logiciels qui permettent de se connecter à internet à travers un serveur externe - beaucoup les utilisent pour accéder au réseau d’un autre pays, et contourner ainsi une censure nationale, et d’autres pour naviguer de manière anonyme et éviter que les géants des réseaux ne récoltent leurs données personnelles. Comme WhatsApp, ces sociétés de VPN garantissent l’anonymat total des communications.

Ce service est autorisé dans presque toutes les démocraties du monde, mais le gouvernement indien vient de remettre en cause ce système : il oblige maintenant les VPN à récolter les données personnelles de leurs utilisateurs et à les stocker pendant 5 ans, pour les mettre à disposition des autorités en cas de besoin.

« Si un incident ou un crime est rapporté, les fournisseurs d’accès ont l’obligation d’indiquer qui a utilisé ce serveur », déclare Rajeev Chandrasekhar, le ministre délégué aux Nouvelles technologies. « Donc, oui, si votre modèle d’affaires est de fournir un accès anonyme à internet, cela ne marchera pas. Et je pense que le monde réalise aujourd’hui les dommages engendrés par l’anonymat à travers les VPN. »

L’anonymat dans la ligne de mire du gouvernement indien

Mais les VPN gênent le gouvernement pour d’autres raisons : ils permettent aux journalistes d’enquêter de manière anonyme. Devesh Kumar est analyste de données et journaliste pour le site The Wire, et c’est lui qui a révélé que le parti au pouvoir du BJP avait créé le logiciel Tek Fog, qui manipulait les tendances des réseaux sociaux et orchestrait des campagnes de haine en ligne.

Pendant les deux ans d’enquête sur ce sujet, j’utilisais tout le temps un VPN, pour m’assurer que le gouvernement n’espionnait pas mon activité. Si ce système n’existe plus, les autorités pourront savoir ce que nous faisons et soit ils cacheront les preuves avant qu’on les révèle, soit ils nous harcèleront.

Ces derniers mois, les autorités indiennes ont arrêté, entre autres, une jeune militante environnementale pour sédition ou un journaliste réputé, à cause de leurs activités en ligne. Et le réseau social Twitter vient de porter plainte contre l’État indien, affirmant qu’il lui demandait de retirer du contenu de manière abusive.

Dans ce contexte, certains craignent donc que la fin de l’anonymat par VPN n’expose encore plus les critiques du gouvernement. Jusqu’à présent, seuls 10 pays interdisent ou restreignent fortement l’utilisation de VPN, ce sont entre autres la Chine, la Russie, la Biélorussie ou la Corée du Nord.

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