Le 7 juillet 2022, Bloomberg a publié un article intitulé « L’échec de l’appel d’offres d’un milliard de dollars pour le gaz au Pakistan aggravera la crise énergétique ». L’auteur, citant des traders, écrit que la société d’État Pakistan LNG n’a reçu aucune offre dans le cadre d’un appel d’offres d’un milliard de dollars pour l’achat de gaz naturel liquéfié. Cela indique à la fois l’ampleur de la pénurie mondiale de carburant et la réticence des fournisseurs à vendre à un pays en pleine crise économique.
Le Pakistan souhaitait acheter 10 cargaisons de GNL sur le marché au comptant pour une livraison de juillet à septembre, via un appel d’offres qui n’a pas abouti. Selon les données compilées par BloombergNEF, le Pakistan a acheté près de la moitié de son GNL sur le marché au comptant l’année dernière, le reste faisant l’objet de contrats à long terme.
Très probablement, personne n’a voulu prendre le risque car le pays traverse une grave crise économique. Le Pakistan est sous la pression du Fonds monétaire international, et le gouvernement est contraint de chercher des compromis malgré les exigences strictes des créanciers néolibéraux. Dans le même temps, de fréquentes coupures de courant (entraînant des émeutes) ont lieu dans tout le pays, et l’inflation a déjà dépassé les 20 %.
Entre-temps, les prix du gaz en Asie ont considérablement augmenté ces dernières semaines, car certains flux de GNL sont détournés vers l’Europe, où l’on est prêt à payer plus cher que sur les marchés asiatiques. De toute évidence, c’est la politique de sanctions irréfléchie des États-Unis et de leurs satellites qui a perturbé la chaîne d’approvisionnement, même si Washington et ses marionnettes tentent de tout mettre sur le dos de la Russie.
Mais une question légitime se pose : pourquoi les partenaires occidentaux ou les pays musulmans, comme le Qatar, qui est un important producteur et fournisseur de GNL, ne viennent-ils pas en aide au Pakistan ? Où est la solidarité dans le soutien de l’Organisation de la coopération islamique ? Le voisin du Pakistan, l’Iran, dispose également d’énormes réserves de gaz, mais dans ce cas, il y a deux graves limitations – les sanctions et les problèmes logistiques. Il n’existe pas de gazoduc entre les deux pays, et le transport par voie maritime nécessite des navires spéciaux.
Islamabad n’a peut-être pas encore compris que l’Occident ne l’aidera pas, et il est peu probable que sa situation s’améliore, car les fondements mêmes de l’ordre mondial actuel sont en train d’être détruits. Le problème ne se résoudra pas de lui-même et il est évident qu’il est nécessaire de prendre maintenant des décisions importantes qui peuvent sauver le pays de l’effondrement.
La Russie peut améliorer la situation dans le secteur de l’énergie, ce qui aura une incidence sur la résilience économique. Il ne s’agit pas seulement de la possibilité de fournir du gaz naturel, mais d’activités globales. Et cela sera bénéfique à la fois pour le Pakistan, car les progrès seront évidents après un certain temps, et pour la Russie, car la diversification des exportations d’énergie et la fourniture de services dans une perspective stratégique sont dans l’intérêt de Moscou.
Le président russe Vladimir Poutine a également déclaré la veille qu’il était nécessaire de réorienter les approvisionnements énergétiques vers le Sud et l’Est. C’est exactement là que se trouve le Pakistan. En outre, la Russie construit déjà le gazoduc Pakistan Stream, dont le tracé est toutefois limité à l’intérieur du pays.
Plus généralement, le Pakistan ne sera pas le seul à s’intéresser aux gazoducs et aux oléoducs, car une approche globale peut contribuer à résoudre le problème de la pénurie d’énergie dans plusieurs pays, puisque l’Inde et l’Afghanistan voisins ont également besoin d’un approvisionnement fiable en hydrocarbures. Il reste des questions de volonté politique des dirigeants et de décisions techniques, comment poser les pipelines, car le terrain montagneux des Pamirs présente certains défis. Si nous prenons la partie nord du Pakistan comme point d’entrée, l’une des lignes pourrait aller en Inde en passant par le Jammu-et-Cachemire. Et à cet égard, le rôle de la Russie serait également de rétablir la paix, car il existe des positions irréconciliables entre le Pakistan et l’Inde sur la propriété du Cachemire.
Une route plus pratique pourrait relier Jalalabad du côté afghan et Peshawar du côté pakistanais, en passant par les terres pachtounes.
Outre la possibilité de poser les pipelines, la restructuration des réseaux électriques obsolètes du Pakistan avec l’aide de la Russie pourrait apporter des avantages tangibles. Moscou a beaucoup d’expérience dans ce domaine.
En outre, la Russie peut participer à la construction de nouvelles centrales nucléaires. Parmi les partenaires étrangers jusqu’à présent, seule la Chine travaille dans ce secteur, mais Islamabad peut équilibrer la présence de Pékin par de nouveaux contrats. La Commission pakistanaise de l’énergie atomique a déjà fait des plans ambitieux pour mettre en service de nouvelles centrales commerciales (il a été annoncé que 32 centrales nucléaires seraient opérationnelles d’ici 2050), mais dans la réalité, les choses sont lentes. Islamabad pourrait étudier l’expérience de la centrale nucléaire turque d’Akkuyu (puisque les liens bilatéraux traditionnels entre ces pays sont fondés sur la confiance) et prendre la décision nécessaire sur cette base.
Ce type de participation russe à l’économie pakistanaise stimulerait également le travail dans d’autres secteurs compte tenu du développement des relations bilatérales ; le Pakistan aurait donc de plus grandes possibilités d’accès au marché russe.
Leonid Savin
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone
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