Les chefs d'État des pays du G7 ciblent à nouveau la Russie : dimanche 26 juin, au premier jour du sommet, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada et le Japon ont annoncé l'interdiction des importations d'or russe, mesure qui ne concerne toutefois que les nouvelles extractions. La France n’a pas encore pris officiellement position pour elle-même mais elle annonce soutenir la décision, qui devrait par ailleurs faire prochainement l’objet d’une discussion entre les 27 États de l'Union Européenne. Après l’exclusion partielle de la Russie de Swift, le gel de ses réserves de changes en dollar et en euro et l’embargo sur deux tiers de son pétrole, cette énième sanction contre l'or russe vise bien sûr à isoler davantage Poutine sur la scène financière internationale.
Moscou est en effet le 2ème producteur mondial d’or derrière la Chine, et l’or est le 2ème produit exporté par la Russie après l’énergie. Ses exportations annuelles de métal jaune, environ 15 Mds €, sont dirigées à 90 % vers les pays du G7, dont une grande partie vers le Royaume-Uni, la City étant l’une des principales places financières et d’échanges de matières premières au monde.
Ces derniers mois, certains fondeurs, notamment suisses, avaient déjà fait le choix de ne plus fabriquer de lingots à partir d’or russe, conduisant la banque centrale de Russie, toujours prompte à s’adapter, à reprendre dès mars ses achats d’or sur le marché intérieur, qui plus est à prix fixe (5.000 roubles le gramme). Elle en détiendrait désormais 2 .000 tonnes, soit environ 120 Mds $. Le Kremlin vient également de supprimer sa TVA de 18% sur l’achat d’or pour encourager les particuliers à s’en procurer. Cet embargo sur l’or russe pourrait naturellement faire grimper les prix du métal précieux, considéré par ailleurs comme une valeur refuge face à l’inflation. Nous vous disons tout sur la place que l’or physique doit occuper dans votre patrimoine sécessionniste dans le dossier 2 à paraître demain dans la boutique du Courrier.
Le chiffre de la semaine
Vers une baisse de 21% de l’immobilier ?
Tirée par des taux d’emprunt historiquement bas (1,4% en moyenne sur 20 ans en France) et par une reprise post-pandémique plutôt soutenue de la demande de logements, la hausse des prix immobiliers va prochainement s’inverser, sous l’effet du resserrement monétaire acté par la BCE, qui pourrait dégonfler à court ou moyen terme le marché de l’immobilier résidentiel européen d’environ 15%.
N’attendez pas des médias de grand chemin qu’ils relaient ces baisses de prix avant de longs mois, car les indicateurs, notamment ceux basés sur les actes notariés, ont, par construction, une inertie de 2 à 3 mois. Les indices de prix basés sur les annonces immobilières ne sont, de leur côté, que peu représentatifs. Le relèvement du taux directeur de la BCE ce mois-ci (+0,25 pt de %) va, par ricochet, tendre le taux de crédit nominal proposé aux ménages par les banques commerciales, si bien qu’on estime que leur capacité moyenne d’emprunt va fondre d’au moins 20%.
Au final, tous nos voyants virent au rouge et laissent entrevoir une inéluctable baisse de l’immobilier à court ou moyen terme : l’économie de bulle dans laquelle ce marché est entré sur la période 2020-2021 dans les pays développés (+30% aux USA) ; la hausse de 30% sur le 1er semestre 2022 des taux de crédit immobilier en France qui pourraient atteindre 3% (soit un doublement) d’ici décembre ; la forte inflation en zone euro qui comprime le pouvoir d’achat des ménages et déprime la demande et leur capacité à s’endetter ; sans compter la frénésie réglementaire (nouveaux diagnostics de performance énergétique qui rendent invendables des biens désormais non conformes) ; ou encore le plafonnement des loyers (nouveau Pinel+ 2023) qui abaisse mécaniquement le rendement de l’immobilier locatif. Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : la pierre, bien qu’elle soit la future cible de la politique fiscale d’un Gouvernement financièrement aux abois (Le Maire l’a dit), reste un bon placement de long terme.
La déclaration de la semaine
« Nous appelons les Français à réduire immédiatement leur consommation de carburant, pétrole, électricité et gaz. » Les dirigeants de TotalEnergies, EDF et Engie
Il est peu courant qu’une firme appelle à moins consommer ses produits. Mais à force de dissuader toute exploration d’énergies fossiles sacrifiées sur l’autel de la « transition » verte et de s’infliger des trains de sanctions énergétiques dont elle croyait accabler la Russie, l’Union Européenne finit par manquer d’énergie. Face au risque de pénurie et de flambée des prix qui menacent « la cohésion sociale » (sic) l’hiver prochain, les dirigeants des trois grands groupes français TotalEnergies, EDF et Engie appellent ensemble, les Français à réduire « immédiatement » leur consommation de toutes les formes d’énergies. Et à marcher tout nus dans la neige ?
Alors que toute l’Europe tente de faire le plein de gaz pour l’hiver prochain, avec un objectif français de remplissage à 100% d’ici l’automne, l’énergie fait déjà défaut. Aux difficultés d’approvisionnement en gaz lié à la guerre en Ukraine, s’ajoutent des tensions sur les capacités hydroélectriques du fait de la sécheresse. De plus, la production d’électricité nucléaire est fortement réduite en France à cause d’un défaut de série qui a provoqué l’arrêt de douze de nos réacteurs pour une durée indéterminée.
Mais d’autres pays sont encore plus mal logés : si l’Allemagne n’a pas encore commencé à ressentir les effets de la privation de gaz, de minéraux et de nourriture, ce n’est qu’une question de temps puisque 60% de son industrie manufacturière (et 70% en Italie) pourrait être contrainte de fermer boutique, avec les conséquences sociales imaginables.
L’actif de la semaine
Les produits d’épargne réglementés
François Villeroy de Galhau (gouverneur de la Banque de France) l’a confirmé : le taux du Livret A, et avec lui des autres livrets d’épargne réglementée, va augmenter le 1er août prochain. L’Insee vient de publier sa prévision d’inflation pour le mois de juin (une des variables prises en compte dans la formule de calcul de la rémunération des produits d’épargne) : +5,9% sur un an. Si ce chiffre se confirme (et on ne voit pas bien comment il en serait autrement), le Livret A et le LDDS rapporteront 2% net dès le mois d’août, soit un doublement du taux actuel. Le taux du Livret d’épargne populaire (LEP), réservé aux ménages non imposables et plafonné à 7 700 € par personne, devrait quant à lui passer à 4,5%, contre 2,2% actuellement.
Avec une prévision annuelle d’inflation d’au moins 6,5% en France, on peut s’attendre à une nouvelle hausse de la rémunération de l’épargne réglementée en février 2023, voire dès novembre 2022, comme la réglementation le permet en cas de « circonstances exceptionnelles ». Jusqu’où pourraient alors monter les taux des livrets si les prévisions de l’Insee se vérifient ? Nos estimations convergent vers 6 à 6,5% pour le LEP, dont la formule de calcul est conçue pour s’aligner sur l’inflation semestrielle, tandis que le taux du Livret A se rapprocherait de 3%. Ceci ne serait qu’un juste retour des choses pour l’épargnant, qui ne conjure toutefois ni le risque d’effondrement des banques européennes qui hébergent ces livrets (nous en parlions ici), ni l’euthanasie du rentier qui continue avec des taux d’intérêt réels qui, en dépit de ces hausses, resteraient largement négatifs (nous vous expliquons pourquoi dans un article de notre mensuel sur abonnement Finance & Tic). Un peu à l’image du point d’indice des fonctionnaires qui a gagné 3,5% hier, à comparer aux 35% d’inflation subie par les Français depuis 2010, date à laquelle il avait été gelé… Mais écoutons nos ministres : ça va bien se passer !
Retrouvez dans la boutique le dossier 1 consacré aux classes d’actifs pour traverser la stagflation.
Dossier 2 sur l’or investissement à paraître demain 3 juillet.
Sources : Banque de France, Empruntis
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