29 juillet 2022

L’Ukraine et la fin de l’histoire

Introduction : 1492-2022

Le conflit actuel en Ukraine ne concerne manifestement pas vraiment l’Ukraine – cet ensemble artificiel de territoires n’est qu’un champ de bataille tragique entre l’Occident et le Reste. Le conflit concerne la violence organisée et l’extraordinaire arrogance de l’Occident, des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Union européenne et de l’OTAN, contre le reste du monde, en particulier la Russie, soutenue par la Chine, l’Inde et tous les autres peuples. Par conséquent, la victoire russe à venir dans l’opération spéciale en Ukraine signifie essentiellement la fin de la domination de l’Occident sur la planète, qui dure depuis 500 ans. C’est pourquoi le petit monde occidental, qui représente environ 15 % de la planète, est si virulent dans son opposition au peuple russe.

La victoire russe ébranlera les restes de la foi illusoire dans la supériorité mythique de l’Occident et surtout dans les États-Unis, dont la peur a longtemps découragé la résistance du « Reste » à l’Occident. Ni l’Iran, ni même la Chine n’ont pris le risque de défier les États-Unis – la Russie l’a fait. L’Ukraine est le Titanic « insubmersible » des États-Unis et la Russie l’iceberg qui coule l’orgueil démesuré des États-Unis. Lorsque le monde verra la victoire russe, quatre continents au moins, l’Europe et la Chine asiatique, l’Inde, l’Iran, l’Arabie saoudite, ainsi que l’Amérique latine et l’Afrique, voteront pour se libérer de l’empire américain. C’est la fin de la domination occidentale, « la fin de l’histoire » des occidentaux ethnocentriques comme Francis Fukuyama. Pour la Russie et l’Europe elles-mêmes, nous prévoyons cinq conséquences principales. Il s’agit de :

1. Le retrait américain de l’Europe

La victoire russe entraînera une réduction importante, voire un retrait, des forces américaines qui occupent l’Europe occidentale depuis 1945 (le Royaume-Uni depuis 1942) et l’Europe centrale et orientale depuis 1991. Aux États-Unis, les sentiments isolationnistes sont déjà forts après les humiliantes déroutes américaines en Irak et en Afghanistan et les violentes divisions internes des États-Unis ne feront que se renforcer. Les États-Unis se replieront sur leur île divisée. L’unité transatlantique s’effondrera. L’Europe occidentale pourra alors enfin sortir de son isolement à l’extrémité de la péninsule occidentale du continent eurasien et rejoindre le courant principal d’une Eurasie libérée, dirigée par la Fédération de Russie.

2. La fin de l’UE

L’UE était un concept américain à tous égards, destiné à devenir un USE, un États-Unis d’Europe. Il existe déjà un grand nombre de tensions en son sein. Le Brexit, résultat du patriotisme anglais, c’est-à-dire anti-britannique et anti-establishment, a eu lieu. Les autres tensions exigeront des solutions après la victoire russe. Après cette victoire, la marge de manœuvre pour toute nouvelle expansion de l’UE et la colonisation économique de l’Europe centrale et orientale, y compris dans les Balkans occidentaux, prendra fin. La fin de la nouvelle colonisation après la perte de l’Ukraine, riche en ressources naturelles, minera les restes d’une UE déjà divisée. L’Ukraine était un État tampon et un centre de ressources pour l’UE coloniale. Sa libération signifie une proximité directe de l’UE avec la Russie et la restauration de l’influence russe. Avec la victoire russe, l’Europe occidentale devra conclure des accords stratégiques avec Moscou sur la sécurité européenne, cette fois sans l’ingérence des États-Unis.

3. Le renouveau de la Russie impériale

Les milliards dépensés pour soudoyer des élites fantoches pro-occidentales et traîtresses dans les anciennes républiques soviétiques comme les États baltes, la Biélorussie, la Moldavie, la Géorgie, le Kazakhstan et les quatre autres « stans » d’Asie centrale auront été gaspillés. Le mythe de la supériorité occidentale sur lequel ces élites ont été créées cédera la place à la réalité. Cela mettra fin à leurs possibilités de gagner des dollars et de faire carrière grâce à la russophobie en louant des territoires nationaux pour y installer des bases américaines, des installations de torture de la CIA ou des biolaboratoires de guerre bactériologique pour créer des maladies ciblant les races. La Géorgie a été la première à le comprendre au début de 2022, en refusant de s’associer aux sanctions anti-russes. En Moldavie, l’échéance approche, alors que les troupes russes se préparent à libérer Odessa et à percer un corridor terrestre pour unir la Transnistrie à la Russie.

4. Les valeurs russes pour remodeler l’Europe centrale et orientale

Le renforcement des identités d’Europe centrale et orientale dans des États-nations comme la Hongrie, la Slovaquie et la Pologne conduira à leur rapprochement avec la Russie. La victoire de la Russie se traduira par une augmentation de la sympathie à son égard dans un certain nombre d’États-nations d’Europe centrale et orientale, non seulement en Serbie, au Monténégro, en Macédoine du Nord et en Hongrie, en Slovaquie et en Pologne, mais aussi dans les États baltes, en Autriche, dans les Pays tchèques, en Roumanie, en Bulgarie, en Grèce et dans la partie méditerranéenne de Chypre. Une fois que leurs élites vénales, anti-patriotiques et nommées par les États-Unis seront tombées, les valeurs russes reviendront dans ces pays comme une force influente.

5. Les valeurs russes vont remodeler l’Europe occidentale

L’UE, fondée dès l’effondrement de l’URSS, était dès le départ une construction artificielle, bâtie sur le rejet du patriotisme en faveur d’une identité européenne supranationale inexistante. Le patriotisme est une menace existentielle pour Bruxelles. C’est en partie pour cette raison qu’à l’époque du Marché commun, De Gaulle, qui voulait une confédération de patries, a été renversé par un changement de régime américain, en 1968. Puis en 2016, les patriotes ont voté pour le Brexit contre l’élite de l’establishment et le président démocrate Obama. L’UE a toujours eu pour objectif le rejet des identités nationales en faveur de valeurs post-chrétiennes, voire anti-chrétiennes, anti-nationales et anti-familiales, l’immigration massive d’esclaves rémunérés, l’imposition de l’agenda LGBT, la restriction des libertés pour les opinions anti-UE, etc. Ce ne sont pas des valeurs russes.

Conclusion : Dénazification mondiale

Tout comme en 1814 les troupes russes ont libéré Paris et en 1945 Berlin, dans les années 2020, Bruxelles sera libérée, ou plutôt s’effondrera, sous la pression des valeurs russes. Nous parlons de la désintégration de l’Union européenne créée par les États-Unis, mais aussi des bases américaines en Europe de l’Est et dans l’ancienne Union soviétique orientale. Nous verrons l’émergence de centres nationaux, de l’Écosse à Chypre, de la Catalogne à la Mongolie, de la Slovaquie à l’Asie centrale. La bulle d’orgueil de l’Occident, des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, est en train d’éclater avec la libération et la dénazification de l’Ukraine par la Russie. Afin de préserver son identité de nation impériale, de protéger l’intégrité de la foi orthodoxe et de garantir la paix de l’ensemble du monde multipolaire, la Russie étendra ce processus de dénazification à tous.

Batiushka

Recteur orthodoxe russe d’une très grande paroisse en Europe, il a servi dans de nombreux pays d’Europe occidentale et j’ai vécu en Russie et en Ukraine. Il a également travaillé comme conférencier en histoire et en politique russes et européennes.

Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone

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