03 juillet 2022

L’Irlande doit-elle abattre des vaches pour tenir ses objectifs climatiques

L’écologisme contre l’agriculture et la ville contre la campagne : alors que la COP26 se tient en ce moment à Glasgow, voilà le piège vers lequel le débat se dirige en Irlande, d’après un article publié par le Guardian, qui avance notamment que, selon une étude, le pays “devrait abattre 1,3 million de têtes de bétail pour atteindre ses objectifs climatiques”.

En Irlande, “35 % des émissions nationales de gaz à effet de serre” sont dues à l’agriculture, soit le plus haut pourcentage européen, précise le quotidien britannique. En effet, le pays est faiblement industrialisé et, par ailleurs, son secteur agricole repose très largement sur l’élevage bovin, particulièrement polluant, notamment en raison de l’émission massive de méthane par les ruminants.

Le méthane, deuxième contributeur à l’effet de serre après le dioxyde de carbone (CO2), vient justement de faire l’objet du premier accord majeur international signé à la COP26 : les États-Unis, l’Union européenne (dont fait partie l’Irlande) et plus de 100 pays se sont engagés à baisser de 30 % les émissions de ce gaz très polluant.

Fossé entre villes et campagnes

Bien avant cette signature, le contexte lié à la spécificité nationale en matière de gaz à effet de serre explique que le débat sur la réduction des émissions soit depuis bien longtemps “un sujet extrêmement polémique en Irlande, qui creuse un fossé entre [la capitale] Dublin et les régions rurales”, explique le Guardian.

Cette polémique a encore pris de l’ampleur avec l’engagement irlandais dans l’accord international sur le méthane et avec le fait que le “gouvernement doit dévoiler ce jeudi 4 novembre ses projets, secteur par secteur, pour faire face à l’urgence climatique”. Le pays s’attend à l’annonce d’un objectif de 21 à 30 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour le secteur agricole.

Or, ajoute le Guardian, selon l’étude réalisée par le cabinet de conseil KPMG à l’initiative de l’Irish Farmers Journal, “une baisse de 30 % des émissions impliquerait une réduction de 20 % du nombre de têtes de bétail” dans le pays, plus précisément “de 22 % des vaches à viande et de 18 % des vaches laitières”. Donc l’abattage de 1,3 million de vaches sur 6,5 millions, selon le nombre total d’animaux répertoriés dans les statistiques officielles.

Toujours selon l’étude, cet objectif entraînerait “4 milliards d’euros de pertes” pour l’économie et “la disparition de 56 000 emplois” dans le secteur bovin.

Le rapport a été qualifié d’“alarmiste” par le Premier ministre irlandais, Micheál Martin. Un petit mot qui n’a fait qu’amplifier les craintes des éleveurs, inquiets de ce qu’ils perçoivent comme une minimisation des conséquences potentielles de la politique climatique du gouvernement pour leur secteur. D’autant qu’ils se sentent depuis longtemps “injustement ciblés”, selon le Guardian, par la société irlandaise, notamment urbaine, pour leur contribution à l’effet de serre. En Irlande, le “débat enflammé” causé par le changement climatique n’est pas près de s’éteindre.

Source

Écologisme = nazisme

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.